L’Australie critique – de façon inhabituelle – l’extension des implantations
La ministre des Affaires étrangères appelle les deux parties à éviter les actions unilatérales
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Dans une rare critique de l’entreprise d’implantations israélienne, l’Australie a exprimé mercredi son « inquiétude » après l’annonce d’une extension prévue des implantations de Cisjordanie. Canberra a également appelé Israël à cesser les mesures unilatérales qui, selon elle, compromettent le processus de paix.
« Le gouvernement australien est inquiet de la récente et importante annonce sur les implantations de Cisjordanie », a déclaré Julie Bishop, ministre australienne des Affaires étrangères, à ABC News.
« Nous continuons à appeler les deux parties à éviter les actions unilatérales qui diminuent les perspectives d’une solution négociée à deux états. »
Mardi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Avigdor Liberman ont annoncé la construction de 2 500 logements dans différentes implantations de Cisjordanie, principalement, mais pas exclusivement, dans les grands blocs d’implantations.
La position australienne sur l’annonce de mardi est remarquable car Canberra est depuis longtemps un ami inconditionnel d’Israël, qui ne craint pas de défier le consensus international pour protéger l’Etat juif des critiques sur ses implantations.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a refusé de commenter la déclaration de Bishop.
Australian Government response to yesterday's significant settlement announcement. https://t.co/cBujsl7upR
— Ralph King ???????????????? (@AusAmbIsrael) January 25, 2017
Ce mois-ci, à l’instar du Royaume Uni, l’Australie n’avait envoyé qu’une délégation inexpérimentée à la conférence de paix de Paris, et s’était inquiétée de la déclaration commune publiée à la fin du sommet, déclenchant de sévères critiques de Ramallah.
« Nous sommes en fait assez mécontents de l’Australie », qui se tient du « mauvais côté du droit », avait déclaré Hanan Ashrawi, responsable de l’Organisation de libération de la Palestine. Il est « choquant que l’Australie, parmi tous les pays, décide d’être en dehors du consensus mondial. »
En décembre, l’Australie avait été le seul pays au monde, à part Israël, à dénoncer la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies. Bishop avait déclaré que l’Australie se serait probablement opposée au texte, et le Premier ministre Malcolm Turnbull avait ensuite attaqué un texte « partial » et « profondément troublant ».
Canberra s’était distingué du reste du monde pour la première fois début 2014, quand Julie Bishop avait refusé, pendant un entretien accordé au Times of Israël, de dire que les implantations israéliennes étaient illégales.
« Je ne veux pas préjuger des sujets fondamentaux des négociations de paix », avait alors déclaré Bishop.
Quand il lui avait été demandé si elle était ou non d’accord avec l’opinion quasi universelle sur les implantations israéliennes situées à l’est des lignes de 1967, considérées comme illégales au regard du droit international, elle avait répondu que « je voudrais voir quelle loi internationale les a déclaré illégales. »
Reconnaissant du soutien australien sans faille depuis des années, Netanyahu prévoit d’être le premier Premier ministre israélien en exercice à se rendre en Australie le mois prochain.