Israël en guerre - Jour 625

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L’avertissement d’une ONG d’un risque « critique » de famine à Gaza est erroné – COGAT

D'après Israël, qui rappelle que le Hamas pille l'aide pour la revendre plus chère, ce rapport repose sur des "données biaisées" ; selon le COGAT, il ne tient pas compte des 339 000 tonnes de denrées entrées à Gaza

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Des Palestiniens se battant pour obtenir de la nourriture distribuée dans une cuisine communautaire, à Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 5 mai 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)
Des Palestiniens se battant pour obtenir de la nourriture distribuée dans une cuisine communautaire, à Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 5 mai 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Une organisation d’analyse de la sécurité alimentaire a estimé lundi que la grande majorité de la population de Gaza risquait de souffrir de famine au cours des cinq prochains mois en raison du blocage imposé par Israël depuis le 2 mars, qui empêche l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’enclave car le Hamas la pille et refuse de rendre les otages qu’il détient depuis le pogrom qu’il a mené en Israël le 7 octobre 2023.

Dans son rapport intitulé « Special Snapshot » (Rapport spécial), l’ONG Integrated Food Security Phase Classification (IPC) a déclaré que « la bande de Gaza est toujours confrontée à un risque critique de famine » et que « l’ensemble de la population est confronté à une insécurité alimentaire aiguë, avec un demi-million de personnes [une personne sur cinq] menacées de famine ».

L’IPC a indiqué que son analyse avait été menée à distance à partir de données provenant de « plusieurs sources » et que le « niveau de preuve » de ces données avait été jugé « moyen ».

Israël a répondu que « selon la propre analyse de l’IPC », il n’y a actuellement aucune famine à Gaza, et a souligné que les précédentes prévisions de l’IPC concernant une famine imminente « ne se sont jamais concrétisées ».

En mars 2024, l’IPC avait prédit qu’une famine éclaterait à Gaza d’ici juillet de la même année, mais cela ne s’est pas produit. Au contraire, la sécurité alimentaire s’était améliorée au cours de cette période, amenant l’organisation à reconnaître en juin qu’il n’y avait effectivement pas eu de famine.

Citant le rapport de l’IPC, Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, a déclaré que « les familles à Gaza meurent de faim » et qu’il était « impératif » de rétablir l’acheminement de l’aide.

Mohammed Hanieh, un enfant palestinien de 13 ans qui, selon sa famille, souffre de malnutrition, dans la maison où il vit avec ses parents dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 avril 2025. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

Cependant, un calcul du PAM concernant la quantité d’aide actuellement en attente à la frontière de Gaza et sa durée de subsistance pour la population gazaouie semble indiquer que les denrées alimentaires entrées à Gaza entre le 19 janvier et le 2 mars devraient suffire pour répondre aux besoins de la population jusqu’à la mi-juillet.

Le rapport spécial de l’IPC, basé sur les données disponibles jusqu’au 6 mai, indique que ses prévisions marquent une « détérioration significative » par rapport à ce qu’il décrivait comme « une situation déjà désastreuse » pour la période du 1ᵉʳ avril au 10 mai.

L’organisation prévoyait que l’ensemble de l’enclave entrerait dans la phase 4 dite « d’urgence » entre mai et septembre, avec quelque 470 000 personnes touchées par la famine, classées dans la phase 5 dite « catastrophique ».

Selon ce document, la malnutrition aiguë à Gaza a été évaluée entre le 1ᵉʳ avril et le 10 mai à des niveaux correspondant aux phases 2 et 3 de son système de classification (sur 5), mais qu’elle devrait atteindre la phase 4, correspondant à des « niveaux critiques », dans le nord de Gaza et dans le gouvernorat de Rafah entre mai et septembre.

D’après les estimations, il ne resterait toutefois que très peu de civils actuellement dans le gouvernorat de Rafah.

Le rapport spécial prévoit également qu’entre avril 2025 et mars 2026, environ 70 500 cas de malnutrition aiguë toucheront des enfants âgés de 6 à 59 mois, dont 20 % seront des cas de malnutrition aiguë sévère.

Selon l’IPC, les vingt-cinq boulangeries soutenues par le PAM à Gaza ont fermé leurs portes début avril en raison d’un manque d’approvisionnement, et les stocks alimentaires de la plupart des 177 cuisines distribuant des repas chauds « seraient épuisés ».

« Les dernières données montrent que de nombreux ménages ont recours à des stratégies d’adaptation extrêmes », peut-on lire dans le rapport. « Un tiers a déclaré ramasser des déchets pour les revendre afin de se nourrir, tandis qu’un quart a indiqué qu’il ne restait plus aucun déchet de valeur. »

Des camions transportant de l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza en provenance d’Egypte, dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, le 12 février 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

L’ONG a ajouté que, compte tenu de l’intention déclarée d’Israël de lancer une nouvelle campagne militaire de grande envergure contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza dans les semaines à venir et de « l’incapacité persistante » des agences humanitaires à acheminer les biens et services essentiels, « il existe un risque élevé que la famine [phase 5 de l’IPC] » survienne dans l’enclave entre mai et septembre.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé que ce rapport montre que « sans un accès immédiat à la nourriture et aux produits de première nécessité, la situation à Gaza continuera de se détériorer ».

« Nous n’avons pas besoin d’attendre qu’une famine soit déclarée à Gaza pour savoir que les gens y meurent déjà de faim, de maladie et de déshydratation, alors que la nourriture et les médicaments se trouvent à quelques minutes de là, de l’autre côté de la frontière », a déclaré Adhanom Ghebreyesus.

S’appuyant sur les données du ministère gazaoui de la Santé dirigé par le Hamas, il a affirmé que depuis le début du blocage de l’aide humanitaire, le 2 mars, quelque 57 enfants seraient « morts des suites de la malnutrition ».

Le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (COGAT), un organe du ministère israélien de la Défense, a vivement critiqué le rapport de l’IPC, affirmant que ses précédentes prévisions de famine ne s’étaient pas concrétisées et qu’il avait « systématiquement » présenté des scénarii bien pires que la réalité sur le terrain.

« L’expression ‘menacés par la famine’ est trompeuse, car elle fait référence à des scénarii futurs projetés par l’IPC qui ne se sont jamais concrétisés depuis le début de la guerre et qui reposent sur des hypothèses qui se sont révélées inexactes et alarmistes à maintes reprises », a souligné le COGAT.

Il reproche à l’IPC un « manque de transparence » quant à la source de ses données. Il affirme également que le rapport spécial de l’IPC ne tient pas compte « du volume considérable d’aide, notamment alimentaire, qui est entrée à Gaza pendant le cessez-le-feu ».

Selon le COGAT, plus de 25 000 camions transportant de l’aide humanitaire sont entrés à Gaza entre le 19 janvier et le 2 mars, acheminant quelque 448 000 tonnes d’aide, dont 339 000 tonnes d’aide alimentaire.

Un terroriste des forces de sécurité loyales au Hamas montant la garde sur un camion transportant de l’aide humanitaire en provenance du point de passage de Kerem Shalom, près de Rafah, la ville la plus au sud de la bande de Gaza, le 21 janvier 2025. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Le COGAT a affirmé que l’IPC s’appuie sur les données de l’ONU pour établir ses chiffres sur l’aide à Gaza, et que les agences onusiennes n’ont comptabilisé qu’un tiers de l’aide effective qui est entrée dans l’enclave pendant le cessez-le-feu.

En réponse à ce rapport, le PAM a déclaré lundi que « plus de 116 000 tonnes d’aide alimentaire, soit suffisamment pour nourrir un million de personnes pendant quatre mois, sont déjà acheminées vers les couloirs humanitaires ».

Selon ce calcul, les 339 000 tonnes acheminées à Gaza pendant le cessez-le-feu devraient toutefois suffire à la population de Gaza, qui compte 2,1 millions d’habitants, jusqu’à la mi-juillet.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que les prévisions de l’IPC étaient « fondées sur des données biaisées provenant du ‘ministère de la Santé’ du Hamas », connu pour « diffuser de la propagande », et a accusé le groupe terroriste palestinien d’avoir volé et stocké l’aide humanitaire qui était entrée sur le territoire.

« Toute conclusion tirée de données aussi biaisées sur le plan politique et aussi peu fiables sur le plan méthodologique ne reflète pas la réalité humanitaire », a réagi le ministère.

« Le Hamas exploite l’aide humanitaire et la stocke dans ses entrepôts afin de renforcer son contrôle et de reconstruire son appareil de guerre. »

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