Le « beignet des otages » n’est pas au goût de tous
"Ceux qui ont eu cette idée ont franchi une frontière [...] Il n'y a ni originalité, ni pertinence, juste du mauvais goût", estime Liat Ron, journaliste et influenceuse, sur Walla
Créé par un pâtissier de Tel-Aviv, un beignet surmonté d’un ruban jaune, symbole en Israël de la solidarité avec les otages du 7 octobre 2023, est au cœur d’une polémique qui enfle à l’approche de la fête juive de Hanoukka.
La tradition des beignets de Hanoukka (qui sera célébrée cette année du 25 décembre au 2 janvier), permet chaque année aux pâtissiers israéliens de faire assaut d’inventivité.
Le « soufganiyat hatoufim » (« beignet des otages ») de la « Boulangerie 96 » de Tel-Aviv a choqué, notamment Noam Dan, une proche d’Ofer Calderon, un otage franco-israélien.
Dans une tribune publiée par The Marker, supplément économique du quotidien Haaretz, elle y voit un signe de « la banalisation de la plus grande catastrophe de l’histoire de l’État d’Israël ».
La tradition des beignets de Hanoukka (la fête des Lumières) et d’autres mets frits dans l’huile remonte au moins au Moyen-Age et est lié à l’épisode du miracle de la lampe à huile restée allumée huit jours au lieu d’un seul lors de la restauration du Temple au IIe siècle avant notre ère.
Si le beignet de Hanoukka se décline sous les formes les plus diverses, le ruban jaune, accroché sur les habits ou porté en collier, se retrouve partout en Israël mais sa présence sur une douceur, symbole de bonheur gustatif n’est pas au goût de tous.
Sur le site de Boulangerie 96, on trouve le beignet « solidarité pour la libération des otages », au goût de chocolat blanc et orné d’un ruban jaune à croquer pour le prix de 16 shekels (4 euros).
Sur le groupe Facebook « Secret Tel Aviv », qui compte plus de 550 000 membres, un internaute a demandé cyniquement si « une étoile jaune pourrait aller avec le beignet ? »
« Horrible », « de mauvais gout », « les otages aimeraient pouvoir manger des beignets dans les tunnels » de Gaza : les commentaires fusent sous un message de la pâtisserie peinant à convaincre avec son argument que « même durant la fête, les clients n’oublient pas les otages ».
« Ceux qui ont eu cette idée ont franchi une frontière […] Il n’y a ni originalité, ni pertinence, juste du mauvais goût », estime Liat Ron, journaliste et influenceuse, sur le site d’information Walla.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 35 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Fin novembre 2023, le Hamas avait relâché 105 civils lors d’une trêve d’une semaine. Quatre otages avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.