Le budget de l’État de New York affaiblit la surveillance des programmes de yeshivot
Le délai pour se conformer aux normes éducatives nationales est reporté à 2032-2033 ; l'État vérifiera le nombre d'élèves ayant passé des examens non standardisés, mais pas leurs résultats

JTA — Les représentants new-yorkais ont voté en faveur d’un assouplissement de la surveillance de l’enseignement dans les yeshivot dans le cadre de l’accord budgétaire conclu sous l’égide de la gouverneure Kathy Hochul fin avril et approuvé jeudi soir.
Cette décision représente une victoire éclatante pour les dirigeants hassidiques de l’État, qui se battent depuis plus de dix ans contre les efforts visant à garantir que les écoles hassidiques réservées aux garçons dispensent au moins un enseignement de base dans des matières laïques telles que les mathématiques, l’anglais et les sciences, comme l’exige une loi centenaire de l’État.
Le député orthodoxe Aron Wieder, qui représente une circonscription comprenant des enclaves hassidiques dans le comté de Rockland, a salué cette mesure législative, estimant qu’elle protège la « liberté d’enseignement » et met fin au traitement injuste dont font l’objet les écoles hassidiques. Son point de vue a été repris par un important compte de la dynastie de Satmar sur le réseau social X dans une déclaration saluant l’accord budgétaire.
Hochul se serait alliée aux parlementaires démocrates des districts à forte concentration hassidique pour faire adopter ces changements, en vue des élections de l’an prochain. La communauté hassidique ayant tendance à voter en bloc, elle est influente par rapport à sa taille et pourrait jouer un rôle crucial pour les Démocrates afin d’endiguer les gains récents des Républicains dans l’État.
En vertu de la nouvelle loi, le délai pour se conformer aux normes éducatives de l’État est reporté à l’année scolaire 2032-2033, soit dans plus de sept ans, et la démonstration de la conformité est grandement facilitée. Les yeshivot auront par exemple plus de pouvoir pour choisir leurs propres organismes d’accréditation, ce qui pourrait même permettre aux communautés hassidiques de créer leurs propres organismes adaptés à leurs écoles. Les établissements scolaires pourront également satisfaire aux exigences en faisant passer une sorte d’examen de fin d’année à leurs élèves, et l’État vérifiera le nombre d’élèves ayant passé cet examen, mais pas ses résultats.
Ces changements ont été adoptés malgré l’opposition de Betty Rosa, la responsable du ministère de l’Éducation de New York. Dans une interview accordée au New York Times, elle a mis en garde contre les répercussions de ces changements sur les jeunes hassidiques, déclarant : « Nous compromettrions véritablement l’avenir de ces jeunes. »

Il y a quelques mois seulement, Yaffed, un groupe militant pour l’éducation laïque dans les yeshivot, félicitait les autorités éducatives de l’État pour avoir lancé une campagne de répression contre les écoles qui ne respectaient pas l’obligation d’offrir un programme « substantiellement équivalent » à celui des écoles publiques. La nouvelle réglementation réduit à néant des années de progrès sur la question phare de Yaffed.
« La gouverneure et les parlementaires ont choisi d’ignorer l’avis des professionnels de l’éducation et les préoccupations des familles, mettant ainsi en péril l’avenir de dizaines de milliers d’enfants », a déclaré Adina Mermelstein Konikoff, directrice exécutive de Yaffed, dans un communiqué.