Israël en guerre - Jour 649

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Le centre Habad de Chypre pris d’assaut par des milliers d’Israéliens soucieux de revenir chez eux

Sans préavis, les émissaires se sont mobilisés pour organiser l'approvisionnement en nourriture et en logements, pour organiser les déplacements, sauver des vies et permettre à des futurs mariés d'arriver à temps pour leur cérémonie

Le rabbin Zeev Raskin aide à organiser l'aide aux Israéliens bloqués à Chypre au Chabad de Chypre à Larnaca, en juin 2025 (Crédit : 'Habad de Chypre)
Le rabbin Zeev Raskin aide à organiser l'aide aux Israéliens bloqués à Chypre au Chabad de Chypre à Larnaca, en juin 2025 (Crédit : 'Habad de Chypre)

Quelques heures après le lancement de l’attaque préventive d’Israël menée par Israël à l’encontre de l’Iran, des milliers d’Israéliens se sont retrouvés bloqués à Chypre, les vols à destination et en provenance de l’État juif ayant été annulés. Plus d’une semaine plus tard, les centres Habad, à travers tout le pays, continuent de les aider à faire face au chaos.

« Au cours des premiers jours, les personnes bloquées ici avaient encore de l’espoir », s’exclame le rabbin Zeev Raskin, grand rabbin du pays et responsable du mouvement Habad à Chypre. « Maintenant, je vois les gens craquer. C’est difficile de voir des gens dans cette situation, de voir les gens verser tant de larmes avec leur famille ».

Plus de 12 000 Juifs ont transité via les six centres Habad du pays au cours des dix derniers jours, où ils ont reçu de la nourriture, de l’aide pour se loger et une assistance pour toutes sortes d’urgences, précise Raskin. Il estime à 15 000 le nombre de Juifs bloqués à Chypre dimanche matin.

Son équipe a aidé à organiser l’acheminement de médicaments vitaux. Elle a pris en charge l’évacuation d’une femme vers Israël après un accident de voiture ; elle a mis en place des plans de dernière minute pour accueillir 1 500 participants au programme Birthright, qui sont arrivés d’Israël à bord d’un paquebot de croisière de luxe, et elle a veillé à ce que six hommes puissent se rendre à temps à leur mariage en Israël.

Le rabbin Zeev Raskin aide à organiser l’aide aux Israéliens bloqués à Chypre au Chabad de Chypre à Larnaca, en juin 2025 (Crédit : ‘Habad de Chypre)

« C’est un défi mais nous croyons que tout cela vient de Dieu », dit Raskin. « Nous sommes convaincus que c’est ce qu’Il a prévu pour nous, et nous sommes reconnaissants de pouvoir faire autant de bien aux autres ».

Préparation du Shabbat

Peu après le début de l’attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, avant l’aube du vendredi 13 juin, des dizaines de vols à destination et en provenance d’Israël ont été déroutés vers Chypre, un pays insulaire situé à environ une heure de Tel Aviv.

« Nous avons soudainement vu arriver ici des foules d’Israéliens qui n’avaient nulle part où aller, qui ne savaient pas où ils pouvaient séjourner », dit Meir Levin, un membre relativement nouveau du Habad de Larnaca – il a en effet épousé la fille de Raskin, il y a trois semaines. « Le premier endroit où ils se sont rendus, c’est le centre ‘Habad ».

Le Habad, un mouvement hassidique qui est issu des enseignements de plusieurs générations de rabbins Loubavitch, est connu dans le monde entier pour venir en aide aux voyageurs juifs, tant sur le plan spirituel que matériel, dans plus de cent pays.

« Nous avons dû nous préparer en très peu de temps à accueillir des centaines de personnes », dit Levin. « Tous les hôtels étaient complets, et nous avons mobilisé une équipe de personnes pour trouver des immeubles, des maisons privées et des agents immobiliers. Beaucoup de gens sont arrivés sans argent et nous leur avons trouvé un logement sans leur poser de questions ».

Des juifs ultra-orthodoxes arrivent à l’aéroport international de Larnaka, en juin 2025 (‘Habad de Chypre)

Le mouvement Habad de Chypre a depuis lancé une campagne de financement participatif afin de couvrir les frais liés à cette opération.

Le 13 juin, selon Levin, près d’un millier de personnes se sont entassées dans les synagogues de Larnaca et elles ont pris leur dîner du vendredi soir ensemble.

« Il n’y avait pas de place pour bouger », raconte Levin. « L’atmosphère des prières était incroyable. Il y avait un tel sentiment d’unité, avec tous les types de Juifs présents. Des Juifs hassidiques dansaient avec les Juifs laïques, et le repas qui a suivi s’est prolongé jusque tard dans la nuit. Cela a été une expérience incroyable ».

Une équipe de cinq émissaires du mouvement Habad à Larnaca, ainsi que 25 employés issus de la population locale non juive, ont aidé aux préparatifs. Le mouvement disposait déjà de grandes quantités de nourriture casher, et d’autres livraisons sont arrivées au cours de la semaine, note Levin.

Yaakov Katz, Israélien d’origine américaine, ancien rédacteur en chef du Jerusalem Post et auteur de plusieurs livres, décrit une scène similaire à Paphos après que son vol de retour de Londres a été dérouté, jeudi dans la soirée.

« Après m’être enregistré à l’hôtel et après avoir essayé de comprendre ce qui se passait, quelqu’un m’a invité au centre pour le vendredi soir », dit Katz. « Il y avait des centaines de personnes de toutes confessions, et même si tout le monde était inquiet, il régnait un sentiment de ferveur religieuse, avec ce soulagement de ne pas être seul ».

Logistique et défis

Au cours de la semaine dernière, le mouvement Habad a été appelé à intervenir dans de nombreuses situations d’urgence. Dans l’une d’elles, un homme juif a été tué dans un accident de voiture et sa femme a été grièvement blessée.

« J’ai contacté quelqu’un à l’aéroport et je lui ai dit : ‘Écoutez, peu m’importe que l’espace aérien soit fermé ou non, nous avons besoin d’une ambulance aérienne immédiatement’, et nous avons obtenu une autorisation spéciale pour la transporter à l’hôpital en Israël, » se souvient Raskin. « Une autre opération importante a été menée pour rapatrier le corps sans vie de son mari en Israël ».

Dans un autre cas, il y a dix jours, un homme tentait désespérément de se rendre à son propre mariage en Israël.

« C’était dans l’après-midi du lundi et j’ai réussi à réserver un vol pour Aqaba, en Jordanie, le lendemain matin en tout début de matinée », raconte Raskin. « Mais après avoir attendu 11 heures à l’aéroport, ils ont annoncé que le vol était annulé. Nous avons alors essayé de louer un hors-bord, mais cela n’a pas fonctionné non plus. Mardi matin, Sun D’Or International Airlines avait affrété son tout premier vol en direction d’Israël, mais seules certaines personnes pouvaient monter à bord. J’ai passé quelques coups de fil et nous avons réussi à lui obtenir un billet. Il est arrivé à temps pour sa houppa à 16 heures ».

L’un des plus grands défis logistiques, selon Levin, a été l’arrivée d’un paquebot de luxe qui transportait 1 500 participants au programme Birthright qui s’étaient retrouvés bloqués en Israël après la fin de leur programme éducatif.

« Avec environ trois heures de préavis, le président-directeur-général de Birthright a appelé le rabbin Raskin et il lui a dit : ‘Nous arrivons avec un bateau. Ces jeunes n’ont nulle part où aller’, » indique Levin. « Nous sommes passés en mode urgence et, en trois heures, toute l’opération était mise en place, avec de quoi manger, de quoi boire, de la musique et beaucoup d’énergie positive ».

Une telle opération n’aurait pas été possible sans la coopération des autorités locales, souligne Raskin.

« Ils ont fermé les rues pour cela et ils ont assuré une sécurité optimale », ajoute-t-il. « Nous éprouvons beaucoup de reconnaissance à l’égard de la police et des autres autorités, qui se sont montrées si coopératives et qui ont fait preuve d’une telle solidarité ».

Des participants au programme Taglit Birthright montent à bord d’un navire de croisière au port d’Ashdod avec pour destination Chypre, le 17 juin 2025. (Crédit : Erez Uzir/Birthright Israël)

Une mission de service

Raskin raconte que quand il est arrivé à Chypre avec sa famille, il y a 22 ans, dans le but de fonder le premier centre Habad du pays, jamais il n’aurait pu imaginer les événements survenus la semaine dernière. Mais venir en aide aux voyageurs juifs est tout l’ouvrage de sa vie.

« C’est la raison pour laquelle nous avons quitté Israël pour venir en chli’hout [en mission] en tant qu’émissaires », s’exclame Raskin. « Nous sommes ici pour aider. Quand je suis arrivé ici en 2003, il n’y avait pratiquement pas de communauté juive ».

Raskin a été officiellement nommé grand rabbin de Chypre en 2005 et il a depuis œuvré sans relâche pour renforcer la vie juive sur l’île, qui compte aujourd’hui 10 000 membres de la communauté. Selon son site internet, le mouvement Habad de Chypre comprend désormais six maisons, une synagogue, un jardin d’enfants, un mikvé (bain rituel), une agence de certification casher, un cimetière et des programmes d’été.

La situation géographique de Chypre, au large des côtes israéliennes, en a fait « la porte dérobée d’Israël » ces dernières années, explique Raskin. De nombreux Israéliens avaient prolongé leurs vacances là-bas après que la pandémie de coronavirus a placé Israël dans l’obligation de fermer ses voies aériennes au mois de mars 2020. Et après que le Hamas a déclenché la guerre qui l’oppose actuellement à Israël, le 7 octobre 2023, 5 000 Juifs ont débarqué à Chypre en une seule journée.

Le rabbin Zeev Raskin aide à organiser l’aide aux Israéliens bloqués à Chypre au Chabad de Chypre à Larnaca, en juin 2025 (Crédit : ‘Habad de Chypre)

« D’un côté, nous avions des étudiants américains qui essayaient de rentrer chez eux et de l’autre, nous avions des soldats israéliens qui revenaient de l’étranger pour se battre », se souvient Raskin. « Et tout le monde était assis devant le centre Habad, avec ses bagages, en attendant que nous leur donnions à manger. »

En cette matinée de dimanche, Raskin s’efforce d’aider davantage de visiteurs à reprendre le cours de leur vie.

« Ce matin, 50 vols devaient partir pour Israël – les gens ont donc quitté leurs chambres hier soir mais maintenant, les vols sont à nouveau annulés et ils n’ont nulle part où dormir », explique-t-il. Son équipe a préparé 1 000 sandwichs dans la matinée et six palettes de bouteilles d’eau sont en ce moment même entreposées devant son bureau, ajoute-t-il.

« Le directeur de l’aéroport m’a demandé : ‘Pourquoi tout le monde ne reste-t-il pas ici en vacances quelques jours de plus, au lieu de retourner en Israël, un pays où c’est la guerre, un pays sous les missiles ?’, » raconte Raskin.

« J’ai du mal à lui expliquer que c’est notre terre, que c’est cette terre pour laquelle nous avons prié pendant tant d’années », note-t-il.

« Nous voulons tous simplement rentrer chez nous. »

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