Le Congrès US serait favorable à la vente d’armes à Ryad contre des accords avec Israël
Selon un démocrate, toute réserve sur de telles ventes, due au bilan des Saoudiens en matière de droits de l'homme, serait noyée par les partisans des Accords d'Abraham
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
WASHINGTON – Un membre démocrate du Congrès américain a déclaré lundi que lui-même et d’autres membres de son parti s’opposeraient probablement à toute vente d’armes par les États-Unis à l’Arabie saoudite, même en échange d’une normalisation des relations entre Ryad et Israël, mais a reconnu que cela ne suffirait probablement pas à bloquer un accord.
S’exprimant sous couvert d’anonymat afin d’aborder avec franchise ce sujet sensible, le législateur a déclaré au Times of Israel que, malgré les réserves actuelles des démocrates et de certains républicains concernant le bilan de l’Arabie saoudite en matière de droits humains et sa politique énergétique, les sceptiques seraient bien moins nombreux que les partisans de la normalisation entre Riyad et Jérusalem dans les deux partis.
Les Accords d’Abraham sont un des rares sujets à recevoir un soutien bipartisan au Capitole, avec des caucus créés l’année dernière au sein des deux chambres du Congrès afin de faire progresser l’intégration d’Israël dans la région.
Sept législateurs du groupe de travail du Sénat sur les accords d’Abraham se sont rendus la semaine dernière aux Émirats arabes unis, à Bahreïn, au Maroc et en Israël, où ils ont rencontré des dirigeants pour discuter de la manière dont les États-Unis pourraient contribuer à faire progresser les accords de normalisation que les trois pays arabes ont signés avec Israël en 2020.
L’un de ces sénateurs, la démocrate Kirsten Gillibrand, a déclaré au Times of Israel que les États-Unis devraient inciter les pays signataires des accords d’Abraham à investir dans des projets humanitaires pour les Palestiniens « en échange de F-35 et d’autres technologies dont ils ont désespérément besoin pour pouvoir mettre en place un [système] régional de défense antimissile contre l’Iran. »
L’administration Trump a accepté de vendre aux Émirats arabes unis 50 avions de chasse F-35 dans un accord séparé qui, de l’avis général, a été crucial pour faire avancer l’accord de normalisation avec Israël.
Cette vente a été critiquée par l’administration Biden, qui craint que de telles ventes ne compromettent l’avantage militaire de Jérusalem sur les autres pays de la région. Elle n’a pas annulé la vente dans son ensemble, mais les négociations n’ont pas encore abouti.
Gillibrand, qui siège aux commissions des services armés et du renseignement du Sénat, a indiqué que la vente d’armes aussi pointues à l’Arabie saoudite serait également possible.
Elle a toutefois précisé que les conditions devraient être négociées et que les États-Unis devraient veiller à ce que leur technologie militaire ne soit pas partagée avec la Chine, qui cherche à renforcer son influence dans la région.