Le Crif déplore une « inversion accusatoire » visant les Juifs
"C'est une perversion à laquelle notre histoire nous a largement habitués", a déploré Yonathan Arfi, en soulignant qu'Israël, attaqué, se retrouve "en position d'accusé"
Le président du Crif Yonathan Arfi s’est inquiété d’une « terrifiante inversion accusatoire » visant les Juifs après l’attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre, dimanche en ouverture d’une convention annuelle empreinte d’inquiétude face à la résurgence des actes antisémites.
« C’est une perversion à laquelle notre histoire nous a largement habitués », a déploré le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), en soulignant qu’Israël, « victime de l’attaque la plus violente de son histoire » se retrouve « en position d’accusé ».
Mais Israël est une démocratie » et « comme les États-Unis en 2001, comme la France en 2015, elle se défend comme une démocratie », a-t-il ajouté.
Comme les autres intervenants, il a déploré la hausse des actes antisémites (1 518 depuis le 7 octobre) qui représentent « l’équivalent de trois fois ceux recensés en 2022 ».
Tout en remerciant le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour son « action au cours des six dernières semaines » contre ces actes antisémites, il a à mots voilés critiqué l’absence du chef de l’État de la marche du 12 novembre, qui « était aussi une marche pour l’unité de notre pays ».
« Nos policiers vous protègent et continueront à le faire tant qu’il y aura un Juif menacé », a répondu Gérald Darmanin, qui a prononcé le discours de clôture de la journée.
Estimant que « les actes antisémites ne sont pas commis seulement contre les Juifs mais contre l’idée même qu’on se fait de la France, de la démocratie », il a souligné « l’histoire particulière dans notre pays » de l’antisémitisme, depuis le « mensonge d’État de l’affaire Dreyfus » jusqu’aux « enfants suppliciés de la cour d’école de Toulouse » en 2012.
« Comme ministre de l’Intérieur et comme Français non-juif, je sais que c’est mon devoir de dénoncer l’antisémitisme car la cause des Juifs est la cause de la France », a-t-il assuré.
Le ministre de l’Intérieur, qui s’exprimait après la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, a aussi souligné « qu’aucune religion n’est incompatible avec la République » et que « les musulmans ne sont pas des ennemis qui ourdissent des complots ».
« Il ne suffit pas de parler sur France Inter pour avoir le talent de Pierre Desproges », a-t-il également lancé, en allusion à une chronique controversée de l’humoriste Guillaume Meurice.
Dans la matinée le président israélien Isaac Herzog, qui s’exprimait par vidéo, avait jugé « particulièrement perturbants » les actes antisémites commis en France, où vit la plus grosse communauté juive d’Europe avec un demi-million de personnes environ.
Cette 13e convention nationale du Crif, intitulée « après le 7 octobre, comment défendre les démocraties », se tenait sous haute protection policière.
En ouverture de la journée, l’ancien président d’Israël Reuven Rivlin a allumé une bougie en mémoire des victimes du 7 octobre, avant la diffusion des portraits des otages du Hamas.
Plusieurs élus étaient présents et diverses tables rondes organisées, telles que « L’islamisme est-il un totalitarisme ? », « 2027, le pire est-il certain ? » ou encore « Face aux tragédies, les artistes peuvent-ils se taire ? »