Le délinquant sexuel Alon Kastiel sort de prison grâce à une libération anticipée
Le tribunal a rejeté l'appel des procureurs de l’État contre la libération conditionnelle de Kastiel, 7 mois avant la fin de sa peine de quatre ans

Un délinquant sexuel récidiviste condamné est sorti de prison avant la fin de sa peine, après qu’un tribunal a rejeté lundi un appel des procureurs de l’État, suscitant la colère de l’une de ses victimes et la condamnation des groupes de défense des droits des femmes.
Les procureurs avaient déclaré au tribunal de Nazareth qu’ils n’avaient pas suffisamment tenu compte du risque que la libération anticipée d’Alon Kastiel, sept mois plus tôt, ferait courir à ses victimes.
Mais le tribunal a jugé que la commission de libération conditionnelle du service pénitentiaire israélien, qui a réduit la peine de Kastiel le mois dernier, avait agi dans le respect de la loi.
« Nous sommes conscients de la grande souffrance et de la douleur des victimes à ce jour et de la grande détresse dont elles souffrent, comme en témoignent leurs propos devant la commission des libérations conditionnelles », a noté le tribunal.
« Nous comprenons également le sentiment de frustration des victimes qui estiment que la peine infligée à l’intimé était trop légère à leurs yeux et que, par conséquent, dans ces circonstances, il doit la purger jusqu’au bout », a déclaré la cour.
La cour a déclaré que la commission de libération conditionnelle avait, comme l’exige la loi, demandé un avis d’évaluation des risques et qu’elle avait également entendu la position des victimes.

Selon le jugement, la commission de libération conditionnelle a examiné si Kastiel représentait toujours une menace et le poids des mesures de réhabilitation.
En juillet 2018, Kastiel a été condamné à quatre ans et neuf mois de prison en 2018 dans le cadre d’une négociation de peine. Il avait alors reconnu s’être rendu coupable de crimes sexuels sur quatre femmes.
Même si plus d’une dizaine de femmes avaient porté plainte, notamment pour viol, il avait été finalement condamné pour un chef d’inculpation de tentative de viol, pour actes indécents imposés par la force, pour attentat à la pudeur et pour harcèlement sexuel.
L’une des victimes de Kastiel, qui était présente à l’audience de lundi, a qualifié la décision du tribunal de « cruelle et décevante ».
Sari Golan a déclaré, après que le verdict a été rendu, que si Kastiel avait vraiment pris conscience de la gravité de ses actes, alors il terminerait sa peine par égard pour ses victimes.
« Il resterait en prison et finirait les misérables sept mois et demi qui lui restent, afin que nous puissions terminer notre réhabilitation médicale et mentale, en paix. Ne serait-ce que pour ça, nous ne lui pardonnerons pas », a-t-elle déclaré aux journalistes.
« Il aurait pu faire autrement mais il a choisi de continuer à nous maltraiter jusqu’à la fin », a-t-elle ajouté.

Golan a noté qu’elle a eu la possibilité de s’exprimer lors de l’audience et même de s’adresser à Kastiel lui-même.
« Les victimes ont un endroit pour s’exprimer au tribunal, elles ont une voix, un nom et un visage », a-t-elle déclaré, mais a déploré que beaucoup ne soient pas entendues.
« Il y a des dizaines de victimes ici qui n’ont pas été autorisées à s’exprimer, ni à assister aux réunions de la commission de libération conditionnelle », a déclaré Golan, appelant à une modification de la loi afin de ne pas autoriser la libération conditionnelle des délinquants sexuels.
Hagit Peer, présidente du groupe de défense des droits des femmes Naamat, a critiqué le tribunal pour avoir commis une « grave erreur » en libérant Kastiel, et a déclaré qu’il n’avait pas « corrigé la terrible injustice » de la décision de la commission de libération conditionnelle.
L’Association des centres d’aide aux victimes de viol en Israël a déclaré dans un communiqué que le tribunal avait commis une « erreur », mais que Kastiel allait maintenant être confronté au tribunal de l’opinion publique, « et le verdict du public serait sans appel ».
La commission de libération conditionnelle, en accordant sa libération, a noté que Kastiel avait terminé un traitement en prison et qu’une commission conjointe du ministère de la Santé et du Ministère du bien-être social avait évalué son « niveau de danger » était « faible ».
La Commission des libérations conditionnelles a également estimé que Kastiel serait mieux suivi en poursuivant un traitement, qu’il ne peut, désormais, plus recevoir en prison.
Selon la décision de la commission de libération conditionnelle, Kastiel sera libéré à la condition qu’il reste en dehors de Tel Aviv, la ville où il a commis ses crimes et où certaines de ses victimes vivent ou travaillent encore. Il ne doit pas non plus entrer à Givatayim ou Ramat Gan.
La commission a déclaré que sa décision de bannir Kastiel de Tel Aviv avait été prise par égard aux « craintes des victimes de le croiser dans les rues de la ville ».
La commission a contacté les quatre victimes, parmi lesquelles deux seulement ont souhaité comparaître. L’une d’elles a comparu devant la commission lors de la première audience de Kastiel et déclaré qu’elle ne souhaitait pas le refaire. L’autre victime n’a pu être jointe.
Au cours de l’audience, deux des victimes « ont exprimé leur totale opposition à sa libération anticipée, rappelant le mal qu’il leur avait fait, dont les effets seraient longs à s’estomper, allant bien au-delà de la peine infligée au prisonnier », a déclaré la commission.
Un troisième membre du conseil d’administration a exprimé son désaccord et s’est opposé à la libération de Kastiel au motif contraire à celui invoqué par ses pairs. Les procureurs de l’État se sont eux aussi déclarés opposés à la libération de Kastiel.
En plus de sa peine de prison initiale, Kastiel a également été condamné à dédommager chacune de ses victimes à hauteur de 15 000 à 50 000 shekels.