Le Département US condamne l’incapacité d’Israël à prévenir les attaques juives
Le rapport sur le terrorisme 2021 a noté qu'un seul extrémiste du mouvement pro-implantation, coupable d'une attaque antipalestinienne, a été condamné sur 496 incidents enregistrés
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
WASHINGTON — Les États-Unis ont diffusé un rapport, lundi, qui accuse Israël d’avoir échoué à prévenir les attaques des partisans du mouvement pro-implantation en Cisjordanie.
La conclusion figurant dans le chapitre consacré à Israël, à la Cisjordanie et à la bande de Gaza dans le Rapport sur le Terrorisme par Pays qui a été émis par le Département d’État pour 2021 est la dernière expression de la frustration américaine face à l’échec d’Israël à réprimer les violences suite aux émeutes meurtrières qui ont eu lieu à Huwara, dimanche.
La diffusion du rapport avait été toutefois programmée bien avant ces échauffourées qui ont eu lieu à Huwara, et il couvre les pays du monde entier.
« Souvent, les personnels de sécurité israéliens ne préviennent pas les attaques des partisans du mouvement pro-implantation et ils ne placent que rarement en détention – et ils ne mettent que rarement en examen – leurs auteurs », établit le rapport.
Il cite des chiffres des Nations unies qui montrent un total de 496 incidents de violences anti-palestiniennes de la part de partisans du mouvement pro-implantation en 2021 et notamment 370 attaques qui ont entraîné des dégâts aux biens. 126 incidents de ce type ont par ailleurs fait des blessés – et trois morts.
Toutefois, un seul résident d’implantation a été condamné pour toute l’année 2020, condamné à une peine de 20 mois de prison pour avoir jeté une grenade artisanale dans une habitation palestinienne.
Le rapport américain souligne également que les groupes de défense des droits de l’Homme et les Palestiniens ont tiré la sonnette d’alarme en 2021, affirmant que les attaques « sont devenues plus larges et elles ont pris de l’ampleur », avec des groupes extrémistes plus nombreux qui y prennent part – ce qui indique par ailleurs que ces agressions « ont été probablement préparées ».
Le rapport note aussi que le gouvernement israélien précédent avait condamné ces attaques et présenté des réformes que la police devait mettre en œuvre pour mieux réprimer ce type d’incident. Il déplore toutefois que ces efforts semblent ne pas avoir porté leurs fruits.
Le rapport pour l’année 2022 ne sera pas diffusé avant la fin du mois de février prochain mais il y avait eu, l’année dernière, un bond de ces attaques encore plus important avec au moins 840 incidents de violences anti-palestiniennes enregistrées par l’armée.
Malgré les critiques figurant dans le rapport américain sur la prise en charge des violences des partisans du mouvement pro-implantation, le rapport désigne l’État juif comme « un partenaire engagé dans la lutte antiterroriste ».
Il souligne les menaces affrontées par Israël, avec le groupe terroriste du Hezbollah au Liban ; le Hamas et le Jihad islamique palestinien à Gaza ; le Front populaire de libération de la Palestine et les attentats commis par les loups solitaires.
Si l’année 2021 a marqué le nombre le plus bas de morts enregistrés dans des attentats terroristes en l’espace d’une décennie, Israël a toutefois connu des milliers d’attaques à la roquette et au mortier ainsi que des attentats à la voiture-bélier, à l’arme à feu et à l’arme blanche.
Plus de 4 400 roquettes ont été tirées depuis la Cisjordanie – la majorité pendant le conflit qui a opposé Israël au Hamas à Gaza au mois de mai de cette année-là.
Les roquettes du Hamas ont tué 13 civils israéliens. Le système de défense antiaérienne du Dôme de fer, financé par les Américains, a abattu la majorité des projectiles. Les frappes de représailles israéliennes et les roquettes errantes du Hamas ont fait 256 morts du côté palestinien dont 128 étaient des civils, selon des chiffres des Nations unies qui ont été publiés dans le rapport.
Il y a eu, en Cisjordanie, 39 attentats terroristes qui ont fait deux morts chez les Israéliens, selon les chiffres du ministère de la Sécurité nationale qui sont cités dans le rapport.
Le département d’État souligne aussi les salaires versés par l’Autorité palestinienne aux terroristes et aux familles d’attaquants morts alors qu’ils commettaient un attentat.
Le rapport fait état de l’explication de ces salaires telle qu’elle est apportée par l’Autorité palestinienne – qui évoque une aide sociale versée à des familles qui ont perdu la personne qui leur permettait de vivre financièrement au quotidien – et le positionnement israélien dénonçant « une incitation et une récompense du terrorisme, au vu notamment des versements mensuels plus importants qui sont distribués en fonction de la longueur de la durée de la peine – une peine longue correspondant à un crime plus grave ».
Quelques heures après la publication du rapport, le représentant spécial américain aux Affaires palestiniennes, Hady Amr, s’est rendu à Huwara, où un Palestinien de 37 ans a été tué, où quatre personnes ont été grièvement blessées et ou des dizaines de voitures et de bâtiments ont été incendiés, dimanche soir, lors du déchaînement de violences des partisans extrémistes du groupe pro-implantation.
Amr « a exprimé ses condoléances les plus profondes et il a condamné les vastes et inacceptables violences des partisans du mouvement pro-implantation » et « il est très inquiet de la récente escalade des violences en Cisjordanie », a fait savoir son bureau après la visite.
« Nous voulons que tous les responsables de cette attaque atroce assument leurs responsabilité, que tous les auteurs soient traduits en justice et que toutes les victimes qui ont perdu leurs biens ou qui ont été touchées, d’une manière ou d’une autre, soient indemnisées », a fait savoir le bureau américain des Affaires palestiniennes, reprenant les propos tenus par le porte-parole du Département d’État, Ned Price, qui avait condamné à la fois l’attentat à l’arme à feu et les violences conséquentes des résidents d’implantation.