Le Dr Saldmann propose un décryptage étonnant des Dix Commandements
"Comme le disait Pasteur, le germe n’est rien, le terrain est tout", insiste le cardiologue dans cette période de confinement quasi-mondial
Et si le confinement nous donnait une raison supplémentaire de prendre notre santé en main ? Entretien (téléphonique) avec le Dr Saldmann qui a récemment publié une mine de conseils utiles On n’est jamais mieux soigné que par soi-même (Plon).
Vivre mieux et plus longtemps, c’est tentant. Après le récent succès de Vital, Frédéric Saldmann propose une nouvelle ordonnance de recommandations : savoir ce qui fait du bien ou du mal, connaître les gestes sains, les méthodes pour maîtriser son poids, gérer son sommeil et conserver une hygiène parfaite. Avec, en prime, un décryptage étonnant des Dix Commandements dans lequel le praticien décèle, avec une souplesse parfois acrobatique, des enseignements de santé modernes.
Times of Israël : Au regard du titre de votre livre nous enjoignant d’être notre propre médecin, il convient de préciser que cela vaut, de façon générale, en l’absence de symptômes graves et qu’en cette période, le confinement est, jusqu’à nouvel ordre, la prescription prioritaire…
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Frédéric Saldmann : Je suis bien évidemment parfaitement en phase avec les pouvoirs publics.

Le confinement n’est-il pas l’occasion de réviser certaines de nos habitudes ?
Depuis longtemps, j’insiste sur l’hygiène dont nombre de règles sont à réapprendre. On recommande aujourd’hui de se laver les mains et de ne pas se serrer la main mais il y en a beaucoup d’autres dont je répète depuis des années qu’il faut les remettre au goût du jour. Tout ce que j’entends apporte de l’eau à mon moulin. Comme le disait Pasteur, le germe n’est rien, le terrain est tout. Cela signifie que ce qui compte, c’est l’état immunitaire du sujet. On constate, avec la grippe comme avec le coronavirus, que les sujets les plus vulnérables sont les plus âgés. On a également remarqué que les sujets diabétiques, en obésité et/ou hypertendus étaient plus vulnérables que les autres. Plus on avance en âge, plus l’immunité diminue. Or il n’existe pas de médicaments pour augmenter son immunité. Ceux qui, chaque année, paient le plus lourd tribut à la grippe sont les personnes âgées. Il y a eu, l’année dernière, autour de quatorze mille morts en France, rien que pour la grippe. Ce que je propose ne s’applique pas de façon ponctuelle par rapport au coronavirus. Je l’ai écrit bien avant cette pandémie : il s’agit de tout faire pour avoir un système immunitaire performant. Comment ? D’abord en pratiquant de l’exercice physique quotidiennement. Trente minutes d’exercice physique par jour sans s’arrêter entraînent une baisse de 40 % de cancers, d’Alzheimer et des maladies cardio-vasculaires. Attention : les vingt premières minutes, on brûle du sucre ; c’est en continuant qu’on brûle les mauvaises graisses et qu’on libère les 1 004 molécules protectrices comme l’irisine. Et surtout, en dehors du fait que l’on a un meilleur moral, l’immunité monte. On aura alors un meilleur système de défense. De la même façon qu’on se lave les dents tous les jours, il est important de faire tous les jours de l’exercice.
Même en ce moment, alors que nous sommes enfermés ?
Certes, en cette période, c’est plus difficile mais rien n’empêche de faire des abdos ou le tour de son pâté de maisons. En marchant vite car ce qui rend l’exercice efficace n’est pas de compter ses pas mais de marcher rapidement en transpirant un peu.
Ce qui nous renvoie au chapitre « Est-il utile de faire 10 000 pas par jour ? », seuil à partir duquel nos smartphones nous félicitent…
C’est surtout la vitesse de la marche qui, comme je l’explique dans le livre, compte beaucoup. Je le répète : le premier bouclier, celui auquel on doit une immunité plus performante, consiste avant tout à faire de l’exercice tous les jours. Je peux vous assurer que pour ma part, je fais quotidiennement en me levant une heure de vélo d’appartement.
Si l’un de vos livres, paru en 2007, avait pour titre une recommandation devenue très actuelle (On s’en lave les mains, Flammarion), était-il indispensable d’indiquer dans ce dernier opus, à l’intention des enfants et de certains adultes, que manger ses crottes de nez ne renforce pas les défenses immunitaires ? Se curer les narines semble relever, à vous lire, d’un sport mondial…
Oui et il est important de recommander de se laver les mains avant de se mettre les doigts dans le nez, à défaut de quoi les virus et les microbes qui se trouvent sur les doigts pénètrent directement dans le nez et peuvent provoquer des infections dans différentes parties du corps.

Votre proposition, annoncée dans le titre, est tentante et très surprenante : il serait donc possible à quiconque d’acquérir, à l’aide d’un livre bien pensé, l’enseignement prodigué au terme de longues études médicales…
Je traite de médecine préventive, considérée à l’unanimité comme l’une des plus performantes.
Dans le livre, par exemple, je parle beaucoup du jeûne séquentiel : celui que moi-même je pratique et qui consiste à rester quatorze – idéalement seize – heures sans manger mais en buvant de l’eau, du thé ou des tisanes. Reportez-vous au chapitre concerné et vous verrez combien c’est formidable !
Vous confiez être souvent interpellé lors de dîners en ville. Qui, en effet, n’a pas succombé à la tentation de questionner, entre la poire et le fromage, un voisin de table médecin, au sujet d’un bobo parfois peu gastronomique ? Faites-vous vraiment toujours bonne figure, comme vous l’écrivez ?
Eh oui, quand on est médecin, on l’est 24 heures sur 24 surtout si on aime son métier. Personnellement, cela ne me gêne pas du tout que les gens me posent des questions.
Le premier thème abordé dans le livre est « maigrir ». Il est assorti d’une injonction quasiment biblique nous invitant à « veiller sur notre corps comme sur un temple que l’on ne doit en rien profaner »…
Absolument. Si, comme je l’explique, réussir à rester mince toute l’année constitue pour certains un objectif important lié à l’esthétique, c’est avant tout essentiel pour une bonne santé. Et cela vaut pour tout le monde.
Deux équipes de chercheurs – dont l’une est israélienne – ont démontré comment perdre du poids en mangeant… un aliment qui fait grossir tous les jours. Pouvez-vous nous dire au nom de quelle logique il est possible de maigrir de la sorte ?
Quand vous êtes en régime trop restrictif, vous faites chuter la leptine qui est l’hormone de la satiété et votre métabolisme se ralentit trop. Ces études ont au contraire démontré que la leptine monte en présence d’un aliment plaisir. Il y a donc meilleure satiété et le métabolisme brûle plus vite.
Ce chapitre très étonnant se poursuit avec la solution consistant à prendre le dessert en début de repas. Pour quelle raison ?
C’est mieux parce qu’on active dès lors la sécrétion de la glucokinase qui est normalement produite en fin de repas et qui aide le foie à faire face aux afflux de sucre afin de le stocker sous forme de glycogène. J’explique dans ce passage le procédé qui fait, en quelque sorte, comme si le repas était terminé avant qu’il ne commence. C’est un effet coupe-faim.
Vous nous gratifiez de quelques recettes dont celle d’un gâteau coupe-faim au chocolat que vous avez eu la bonne idée de choisir parve (ndlr : produit neutre ne contenant ni produit lacté ni produit carné). Après dégustation – conscience professionnelle oblige -, force est de constater qu’il est délicieux…
C’est une recette facile, rapide et hypocalorique dont la sensation de moelleux est obtenue grâce à la compote de pommes qui remplace avantageusement le beurre ou l’huile. Et l’effet coupe-faim est garanti.
L’alcool est, comme prévu, déclaré ennemi numéro un. N’est-il pas un ennemi encore plus difficile à vaincre en période de confinement ?
Je dirais qu’il faut boire avec modération. Certains prennent un verre pour déstresser, notamment en période de confinement. Le stress baisse le système immunitaire donc s’ils arrivent à se détendre un petit peu, mieux vaut ne pas faire peser d’interdits trop forts dans des périodes comme celle que nous vivons. Avec modération…
Et puisque nous avons, ces jours-ci, du temps à consacrer au rangement, il est intéressant d’évoquer le passage évoquant la cuisine en pagaille dont on apprend qu’elle conduit à prendre des kilos. En quoi le désordre de cette pièce ferait-il grossir ?
Une étude a montré que dans une cuisine en désordre où l’évier déborde de vaisselle sale, où les poubelles s’entassent et où la table est parsemée de miettes, les gens mangent beaucoup plus. La raison en est peut-être que l’endroit ressemble à un supermarché où tout est disponible, ou à un buffet à volonté…

Le sous-titre est « La santé sans tabou ». La promesse est largement tenue. Vous y abordez sans fausse pudeur les questions les plus intimes au sujet desquelles nous renvoyons, pour plus amples informations, à votre livre. Peut-on, en substance, résumer vos propos sous la forme du conseil prodigué comme un vœu très juif : jusqu’à 120 ans ?
Exactement.
Présenté comme le spécialiste de l’optimisation de notre capital santé, vous êtes l’auteur de succès d’édition avec plus de trois millions de lecteurs dans le monde. Ne demeure-t-il pas pour autant difficile, même pour un invité des médias aguerri, d’éviter tous les pièges susceptibles de se présenter, comme ce fut le cas à l’occasion de votre récent passage dans l’émission « De quoi j’me mêle » sur C8 à propos d’un énoncé qui a suscité une petite polémique : « les femmes doivent éviter de pleurer car cela altère la libido des hommes » ?
Polémique qui a été vite régulée après que l’équipe de l’émission s’est aperçue de la bourde qu’elle avait commise. Il faut savoir qu’il s’agit d’une émission faite de montages et que personne n’avait visiblement pris soin de lire ce que j’avais écrit. Si bien que dans le Huffington Post et dans l’émission où je suis ré-intervenu deux jours plus tard, il a été expliqué que ce que j’avais affirmé était exactement le contraire : à savoir que quand une femme pleure, elle fait chuter la libido de l’homme. C’est très important car cela signifie que le message n’est pas : « Viens chérie, je vais te consoler » mais qu’au contraire, les pleurs déclenchent l’explication. C’est très important quand on sait que les femmes font deux fois plus de dépressions que les hommes. La réponse n’est alors ni dans la séduction ni dans la sexualité mais dans la parole. Cela a été mal interprété et la chaîne de télé, tout comme le Huffington Post ont admis qu’ils s’étaient trompés.
On a bien compris que, même en période de confinement, le sport est possible et nécessaire. Conseillez-vous aussi la lecture, comme l’a fait le Président Macron ?
Oui, bien sûr, lisez et puis pensez aussi à un détail qui a son importance : confinement ne veut pas dire fenêtres fermées : ouvrez grand les fenêtres et aérez !

« Mon intime conviction », écrivez-vous, « est que notre puissance intérieure nous protège comme un vrai bouclier ». Comment entretenir la force du mental ?
La force du mental est essentielle. Nous sommes comme des montres automatiques : on se charge dans le mouvement, tant physique qu’intellectuel. Il faut donc se forcer. Par exemple, en ce moment, tout le monde peut apprendre une langue étrangère pour stimuler sa mémoire et son intellect. Il y a tout ce qu’il faut sur Internet.
Vous nous faites partager votre étonnement face aux enseignements de santé modernes que vous décelez dans les Dix Commandements. Le plus évident à démontrer est sans nul doute le repos shabbatique que vous présentez comme une cure de détox numérique. En quoi
« Tu ne tueras point », dont on perçoit aisément la dimension morale, a-t-il un bénéfice direct sur notre bien-être physique ?
Il s’agit, comme je le développe dans les derniers chapitres du livre, d’une autre façon de tuer : celle qui, de façon insidieuse, tue l’essentiel d’un sujet. Certains tuent le meilleur d’eux-mêmes ou le meilleur de ceux qui les entourent. Ne tuez pas l’enfant qui est en vous, ne sacrifiez pas vos rêves, gardez foi en vous.
Le chapitre consacré au 7e Commandement ne semble-t-il pas peiner à trouver des arguments en faveur d’une vie meilleure et plus
longue ?
J’ai simplement repris des éléments en essayant de les recadrer dans l’époque actuelle.
Permettez-nous, pour conclure, de partager votre rêve de tous nous retrouver, – vos lecteurs et vous-même – dans cinquante ans tels que nous sommes aujourd’hui, voire en ayant rajeuni…
C’est mon souhait le plus profond. C’est un pari que je nous propose de réussir, ensemble.
—-
Dr Frédéric Saldmann, On n’est jamais mieux soigné que par soi-même, Editions Plon, 360 pages, 19,90 €
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