Le duc William honore les victimes de la Shoah au début de sa visite à Jérusalem
Arborant une kippa, il a déposé une gerbe et ravivé la flamme dans le Hall du souvenir, où un choeur d'enfants a entonné l'émouvant "Eli, Eli", chant inspiré d'un poème de 1942

Le prince William, second dans l’ordre de succession à la couronne britannique, a honoré mardi la mémoire des victimes de la Shoah, en entamant la première visite officielle d’un membre de la famille royale en Israël et dans les Territoires palestiniens.
Arrivé de Jordanie lundi soir, le duc de Cambridge, 36 ans, a débuté sa visite sous le signe du souvenir et du recueillement en se rendant à Jérusalem au mémorial Yad Vashem dédié à la Shoah.
Passage quasiment obligé pour tout officiel venant en Israël, le mémorial dédié à l’extermination de six millions de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale « m’en a appris beaucoup plus que je ne croyais savoir sur les véritables horreurs » subies par les juifs, a-t-il dit peu après quand il a été reçu par le président israélien Reuven Rivlin.
Vêtu d’un costume sombre, il s’est assis quelques instants pour échanger avec deux survivants de l’Holocauste.

Arborant une kippa, il a déposé une gerbe et ravivé la flamme dans le vaste et sépulcral Hall du souvenir, où un choeur d’enfants a entonné l’émouvant « Eli, Eli », chant inspiré d’un poème de 1942.
Le prince a échangé quelques mots avec les choristes et laissé un mot dans le livre d’or. « Nous ne devons jamais oublier la Shoah », a-t-il écrit à l’encre bleue, « nous avons tous la responsabilité de nous souvenir et d’enseigner aux générations futures les horreurs du passé pour qu’elles ne se reproduisent jamais ».
Si la Shoah « interroge l’humanité elle-même », il a salué le courage de ceux qui ont aidé les juifs.
« Le fait que ma propre arrière grand-mère soit l’une de ces Justes parmi les nations est un honneur pour moi ».
Duke’s message in @yadvashem book: I’m honoured my own great grandmother is Righteous Among Nations. We must never forget’#RoyalVistIsrael pic.twitter.com/aYH2QkWTgE
— Justin Cohen (@CohenJust) June 26, 2018
En 1993, Yad Vashem avait honoré la mémoire de l’arrière-grand-mère du prince William, la princesse Alice, qui a sauvé des juifs en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le duc de Cambridge a ensuite quitté le mémorial pour un entretien avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu puis avec le président Reuven Rivlin.
Le prince William a dit à M. Rivlin vouloir, pendant son séjour, « absorber et comprendre les différentes questions, les différentes cultures, les différentes religions », et peut-être appréhender les moyens de « favoriser la paix dans la région ».
Il n’a pas échappé à la politique. Le président Rivlin, grand amateur de football, a taquiné le supporteur d’Aston Villa, et lui a demandé en pleine Coupe du monde si l’Angleterre accepterait de « prêter » le buteur Harry Kane à Israël (le meilleur depuis le début de la Coupe du Monde, dépassant même CR7).
Mais, a-t-il ajouté plus sérieusement, « je sais que vous allez rencontrer le président Abbas. Je voudrais que vous lui transmettiez un message de paix et que vous lui disiez qu’il est temps que nous trouvions ensemble le chemin de la confiance ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse Sara ont ensuite accueilli le Prince William, duc de Cambridge.
Au cours de la rencontre, le Premier ministre et sa femme, avec le Prince, ont rencontré les descendants de Haimaki et de Rachel Cohen, qui ont été sauvés durant la Shoah par la Princesse Alice, l’arrière-grand-mère du Prince William.

Haimaki Cohen était un Juif et un ancien membre du Parlement grec de Tricala dans le nord de la Grèce.
Le Premier ministre Netanyahu et son épouse ont remis au Duc de Cambridge une réplique du Certificat des Justes parmi les Nations remis à la Princesse Alice, qui a reçu le titre en 1993.
« Nous avons été très heureux d’accueillir le Prince William lors de la première visite royale officielle en Israël d’un membre de la famille royale britannique. Nous avons discuté de plusieurs choses notre service militaire, les hélicoptères, le football et la Coupe du Monde. Il y a eu un moment très émouvant dans la visite du prince William. Il est l’arrière-petit-fils de la princesse Alice. Il a rencontré des descendants de la famille qu’elle a sauvés en Grèce. Elle y était et a protégé une famille juive de la Gestapo. Ses descendants ont rencontré le prince. Je lui ai dit qu’il devait être très fier de son arrière-grand-mère pour avoir sauvé des Juifs sans défense. Et en tant que Premier ministre d’Israël, je suis très fier que les Juifs ne soient plus sans défense. Nous avons, grâce à Dieu, une armée pour nous défendre par nous-mêmes, » a écrit le Premier ministre dans un communiqué publié en fin d’après-midi mardi.
Il doit rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas mercredi, à Ramallah, en Cisjordanie, avant de rencontrer des jeunes Palestiniens et réfugiés.

La visite revêtira une dimension spirituelle jeudi à Jérusalem, le prince se rendant sur les lieux saints, mais aussi personnelle puisqu’il se recueillera sur la tombe de la princesse Alice, son arrière-grand-mère, juste parmi les Nations.
D’autres membres de la famille royale, comme les ducs de Gloucester ou de Kent, cousins de la reine, ont effectué des visites officielles en Israël par le passé.
Mais aucun n’était aussi éminent que le prince William dans l’ordre de succession au trône britannique et aucun ne s’était rendu dans les Territoires palestiniens à titre officiel.
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