Le Fatah choisit un adjoint pour Abbas, mais ne désigne pas de successeur clair
La nomination de Mahmoud al-Aloul lui permet d’envisager de succéder à Abbas mais sans en être certain, même si Barghouthi a à nouveau été marginalisé
Mahmoud al-Aloul, ancien gouverneur de Naplouse, a été nommé mercredi soir vice-président du Fatah, le parti palestinien, par le comité central du mouvement. Il devient ainsi un possible candidat à la succession de Mahmoud Abbas à la présidence de l’Autorité palestinienne.
Aloul, 67 ans, est un confident proche d’Abbas, 82 ans. Il est considéré comme populaire au sein du parti, et a dirigé pendant longtemps la branche armée du Fatah avant de suivre la direction du groupe de Tunis à la Cisjordanie en 1995, suite aux Accords d’Oslo.
Il a été nommé ministre du Travail de l’Autorité palestinienne en 2006, et a été élu au comité central du Fatah en 2009. Il défend la résistance non violente contre Israël, notamment par le boycott et les manifestations, mais a déclaré en 2013 que le Fatah n’avait pas renoncé à « son droit à utiliser la violence ».
Aloul, également connu sous le nom d’Abu Jihad, est le premier vice-président du Fatah à être nommé depuis la fondation du parti dans les années 1960.
La nomination d’Aloul le positionne comme successeur d’Abbas, et porte un nouveau coup à Marwan Barghouthi, politicien palestinien très populaire qui purge une peine de prison en Israël pour assassinat, souvent vu comme le prochain dirigeant palestinien, après le Congrès du Fatah qui l’avait déjà évincé.
Cependant, comme le comité central du Fatah n’a pas nommé Aloul vice-président de l’Autorité palestinienne, sa succession n’est pas certaine, a précisé Reuters.
Un autre possible successeur à Abbas a émergé mercredi soir, Jibril Rajoub, président de la Fédération palestinienne de football, qui a été nommé secrétaire général du comité central du Fatah, qui compte 18 membres.
Pendant le septième Congrès du Fatah en décembre, Rajoub était parvenu à la deuxième position du comité central après être arrivé deuxième en termes de nombre de votes, derrière Barghouthi, jugé coupable d’avoir orchestré des attentats terroristes mortels en Israël pendant la seconde intifada.
Le secrétariat général et la vice-présidence du Fatah étaient autrefois détenus par une seule personne, mais il a été décidé de séparer le poste. Les commentateurs palestiniens estiment que Rajoub a pu négocier un accord avec Aloul à cet effet.
Les nominations doivent être réévaluées dans un an.
Un coup dur pour Marwan Barghouthi
Même si Barghouthi a remporté le plus de votes pendant le dernier Congrès du Fatah, la décision de ne le nommer à aucun poste mercredi soir est perçue comme une tentative visant à l’éloigner de tout mandat qui lui permettrait de succéder à Abbas.
Certains proches de Barghouthi avaient ces derniers jours exprimé leur inquiétude que le comité central du Fatah ne le nomme à aucun poste, selon des déclarations anonymes aux médias arabes.
Actuellement, l’avenir de Barghouthi au sein du Fatah est incertain. Selon ses proches, Barghouthi n’avait accepté de participer au dernier congrès que parce qu’Abbas lui avait promis un poste important.
Fadwa Barghouthi, l’épouse de Marwan, a fustigé le comité central du Fatah, écrivant mercredi soir sur Facebook qu’ils avaient « cédé aux menaces [du Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahu. »
Tawfik Tirawi a lui aussi perdu gros mercredi soir. Il était candidat aux postes les plus importants mais n’a été nommé que commissaire des organisations populaires, une mission mineure.
Saeb Erekat reste négociateur palestinien en chef.