Le fils d’Abbas faisait partie de la délégation sur la normalisation avec Israël
Selon un expert, la présence gratuite, lors des pourparlers avec l'Arabie saoudite, de Yasser Abbas, qu'aucun compre-rendu officiel ne mentionne, a "choqué" des responsables US
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La semaine dernière, le chef de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a envoyé son fils Yasser à Ryad dans le cadre de la délégation gouvernementale chargée d’examiner le projet d’accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, ont déclaré jeudi au Times of Israël deux sources proches du dossier.
Yasser Abbas faisait partie de la délégation – aux côtés du ministre des Affaires civiles de l’AP Hussein al-Sheikh, du chef des renseignements généraux de l’AP Majed Faraj et du conseiller diplomatique du président de l’AP Majdi al-Khalidi – alors qu’il n’occupe actuellement aucune fonction officielle au sein du gouvernement.
Le fils Abbas a participé aux réunions de la délégation palestinienne avec de hauts responsables saoudiens, dont le ministre des Affaires étrangères Faisal bin Farhan, ainsi qu’à une réunion avec une délégation américaine dirigée par Brett McGurk, le spécialiste des questions du Moyen-Orient à la Maison Blanche, et la Secrétaire d’État adjointe aux Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf.
Ramallah, Ryad et Washington ont préféré ne pas publier de compte-rendu ou de photos de ces réunions qui se sont tenues la semaine passée, ce qui a permis à Abbas de passer inaperçu.
Ghaith al-Omari, chercheur principal à l’Institut de Washington pour la paix au Moyen-Orient, estime que la présence de Yasser Abbas au sein de cette délégation est « choquante », étant donné que le fils du président « n’occupe aucune fonction officielle et ne prend pas part à la vie politique palestinienne ».
« Cela renforce le sentiment de la population palestinienne que l’AP est mal gérée, que les décisions prises relèvent du caprice et que le népotisme est monnaie courante. Rien ne justifie sa présence lors de ces réunions : cela ne fait que renforcer l’image corrompue que les Palestiniens ont déjà de l’AP », a déclaré Omari, citant un récent sondage selon lequel 81 % des Palestiniens considèrent l’AP comme corrompue.
Le cabinet de Mahmoud Abbas n’a pas souhaité s’exprimer sur la question.
Âgé de 62 ans, Yasser Abbas est un homme d’affaires qui vit une grande partie de l’année en dehors de la Cisjordanie.
Ces dernières années, il a participé à des réunions officielles aux côtés de son père et a été régulièrement été envoyé à l’étranger avec le titre d’envoyé spécial du président.
En 2009, un article de l’agence de presse Reuters a révélé que la Falcon Electro Mechanical Contracting Company de Yasser Abbas avait signé un contrat de 1,89 million de dollars avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID) pour la construction d’une installation de traitement des eaux usées destinée à la ville d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.
Le contrat a été signé cinq mois après que Mahmoud Abbas est devenu chef de l’AP. L’avocat de Yasser Abbas avait déclaré à Reuters que les offres avaient été soumises avant la prise de fonctions de son père.
Lors des réunions tenues avec la délégation de l’AP, la semaine dernière à Ryad, les dirigeants saoudiens ont assuré qu’ils « n’abandonneront pas » la cause palestinienne en s’engageant dans des négociations avec les États-Unis sur un possible accord de normalisation avec Israël, ont déclaré mercredi au Times of Israel un responsable américain et un responsable arabe.