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Le frère de Mohamed Merah s’engage pour la déradicalisation

Abdelghani, le « mouton noir » de sa famille, aide les jeunes à ne pas suivre le parcours de ses frères

Abdelghani Merah sur le plateau de BFM TV, en novembre 2012. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Abdelghani Merah sur le plateau de BFM TV, en novembre 2012. (Crédit : capture d'écran YouTube)

La voix est douce, l’intonation mesurée, la silhouette frêle se fait discrète : Abdelghani Merah est loin de ressembler à la violente exubérance de ses frères.

Dans une interview à l’AFP, relayée par Le Point, il revient sur l’histoire de sa famille, ses parents qui ont dispersé le « terreau fertile » pour la radicalisation embrassée par ses frères et sa sœur, et sa descente aux enfers après la tuerie de Toulouse.

Ainsi, l’antisémitisme est ancré dans la famille : « ma mère disait toujours que les Arabes sont nés pour détester les Juifs. Et mon père estimait que les Palestiniens ont raison de se faire exploser et (que) les Israéliens ont ce qu’ils méritent », explique-t-il. Et quand Mohamed Merah tue quatre Juifs dans l’école Ozar HaTorah, le geste est idolâtré et n’est surtout pas considéré comme un crime : « il n’avait pas tué des enfants mais des Juifs ».

Ironie du sort, Abdelghani tombera lui-même amoureux d’une femme d’origine juive dans sa jeunesse, lui valant une première exclusion de sa famille : son frère Abdelkader, aujourd’hui en attente de jugement pour complicité dans la tuerie de Toulouse, le poignardera gravement pour cela.

La deuxième rupture, c’est l’enregistrement effectué par Abdelghani de sa sœur Souad, à l’insu de cette dernière, pour lui faire dire qu’elle est « fière » des attentats commis par son frère. Souad, qui est suspectée de s’être rendue en Syrie.

Mon frère, ce terroriste, facteur d’isolement et de renaissance

Puis, en novembre 2012, quand paraît le livre Mon frère, ce terroriste, qu’il a écrit avec Mohamed Sifaoui, la famille explose : « pour eux, j’avais fait la pire des choses, la balance, le harki comme ils disent. J’ai perdu tous mes amis du jour au lendemain ». Il avait déjà « balancé » ce frère Abdelkader en 2003, quand « il se faisait appeler Ben Laden dans le quartier », et avait aidé la police à négocier, sans succès, avec Mohamed : le livre est la goutte d’eau qui fait déborder le vase radicalisé.

Commence alors une longue période d’errance : se sentant menacé, Abdelghani quitte Toulouse avec sa famille et se réfugie à Aix-en-Provence, mais les souvenirs sont là. « J’ai cru être soulagé après le livre, mais, en fait, j’étais déprimé. Ma famille en voulait plus à moi qu’à Mohamed. J’avais beaucoup de peine pour eux, ils ne se rendaient pas compte de ce qu’ils faisaient de l’idolâtrer comme ça ».

Il se sépare de sa compagne, ne parvient pas à retrouver du travail : difficile d’être accepté par la société quand on s’appelle Merah.

C’est finalement grâce au même livre qui l’avait plongé dans les difficultés, qu’il va pouvoir remonter la pente : Mohamed Sifaoui, qui l’avait aidé à le rédiger, l’invite à un colloque à Paris sur la déradicalisation.

Une révélation pour Abdelghani, quand il rencontre des membres de l’association Entr’autres : « Je peux apporter quelque chose, casser le mythe de Mohamed. Dire aux jeunes que mon frère était faible » et « qu’il s’est fait voler son cerveau ».

Cité par Le Point, Patrick Amoyel, membre fondateur de l’association et professeur de psychopathologie, insiste sur l’importance du rôle d’Abdelghani : « [il] apporte la vérité sur le personnage de son frère ; il casse l’héroïsation. Il montre que l’extrêmisation politico-religieuse se fait à partir du milieu familial comme dans les familles nazies ».

Le frère veut aussi rassurer et réconforter les mères des djihadistes en puissance, leur rappeler que leur rôle est essentiel : « si Mohamed avait eu de leur amour, il ne serait jamais devenu Mohamed Merah ».

Et elles sont les mieux placées pour surveiller la famille, et empêcher une contamination de la radicalisation : « s’il y a un salafiste dans la famille, il faut le couper des autres ». Une théorie vérifiée lors des attaques terroristes à Paris ou à Bruxelles, où la fratrie a joué un rôle déterminant dans la course à la mort.

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