Le gaspillage alimentaire annuel coûte plusieurs milliers de shekels à chaque foyer – rapport
Une enquête de Leket Israel révèle que près de la moitié des aliments perdus en 2023 étaient comestibles et auraient pu répondre pleinement aux besoins nutritionnels du pays
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Selon le dernier rapport annuel sur le gaspillage alimentaire publié lundi, les pertes et le gaspillage alimentaires ont ajouté en moyenne 10 200 shekels au budget de chaque ménage en 2023, alors que les familles ont du mal à faire face à l’augmentation des coûts liée à la guerre contre le Hamas à Gaza.
Chen Herzog, économiste en chef chez BDO Consulting, qui a rédigé le rapport, a déclaré que le gaspillage alimentaire, d’une valeur de 24,3 milliards de shekels, équivalait à près d’un cinquième de l’augmentation du budget de la défense d’Israël.
« Le coût du gaspillage alimentaire finit par retomber sur le public et s’ajoute au fardeau économique croissant causé par la guerre », a-t-il déclaré.
Le rapport indique que près de la moitié des aliments perdus et gaspillés (1,2 million de tonnes, soit 8,6 milliards de shekels) étaient comestibles et auraient pu, s’ils avaient été redistribués, répondre pleinement aux besoins nutritionnels de la population, en particulier des communautés vulnérables, tout en contribuant à réduire les disparités sociales croissantes dans le pays.
Selon le rapport, commandé par l’organisation de récupération alimentaire Leket Israel (la Banque alimentaire nationale), en partenariat avec les ministères de la Protection de l’environnement et de la Santé, la nourriture perdue et gaspillée en 2023 était supérieure de 3 % à celle de 2022 et représentait environ 38 % de la production alimentaire totale du pays et 1,3 % de son produit national brut.
La guerre qui a débuté le 7 octobre 2023 avec l’invasion des communautés frontalières de Gaza par le Hamas, au cours de laquelle plus de 1 200 personnes ont été tuées et 251 enlevées dans la bande de Gaza, a bouleversé l’agriculture israélienne.
Environ 32 % des terres agricoles du pays sont situées dans les zones de conflit du nord et du sud. Au cours des premiers mois de la guerre, 228 000 tonnes de produits agricoles ont été perdues lorsque les champs ont été déclarés zones militaires fermées et que des milliers de travailleurs agricoles étrangers sont rentrés chez eux.

Selon le rapport, le nombre d’Israéliens en situation d’insécurité alimentaire (définie comme l’incapacité d’accéder à une alimentation suffisante) est passé de 1,4 million en 2022 à 1,5 million en 2023.
Moshe Bar Siman Tov, le directeur-général du ministère de la Santé, a déclaré que l’augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire ajoutait environ 370 millions de shekels au budget de la santé.
Le rapport, basé sur les chiffres du Bureau central des statistiques, a également souligné que deux millions de tonnes de déchets alimentaires et d’emballages ont été jetés, ce qui a coûté 1,6 milliard de shekels en ressources naturelles perdues, 1,6 milliard de shekels en émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, et 9 millions de shekels en gestion des déchets.
La firme BDO a calculé que chaque dollar investi dans la récupération alimentaire pouvait permettre d’économiser 3,6 dollars en nourriture, 4,2 dollars pour l’économie nationale (en incluant les coûts environnementaux, de transport et de distribution), et 10,3 dollars si l’on ajoute les avantages pour la santé de fournir des aliments nutritifs aux personnes vulnérables.
Le PDG de Leket, Gidi Kroch, a déclaré que la guerre avait mis en évidence la nécessité d’intégrer la récupération alimentaire dans le renforcement de la résilience nationale.
Le ministère de l’Agriculture mène une initiative interministérielle visant à créer un plan national de sécurité alimentaire sur 25 ans.