Israël en guerre - Jour 496

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Le gouvernement de l’AP se réunit à Gaza – une première depuis 2014

Cette réunion est censée matérialiser le retour de l'Autorité palestinienne aux commandes du territoire aux mains du Hamas

Rami Hamdallah, au centre, Premier ministre de l'Autorité palestinienne, pendant une réunion gouvernementale de réconciliation à Gaza Ville, le 3 octobre 2017. (Crédit: Mohammed Abed/AFP)
Rami Hamdallah, au centre, Premier ministre de l'Autorité palestinienne, pendant une réunion gouvernementale de réconciliation à Gaza Ville, le 3 octobre 2017. (Crédit: Mohammed Abed/AFP)

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP) Rami Hamdallah a réuni son gouvernement dans la bande de Gaza mardi, une première depuis 2014, censée matérialiser le retour de l’Autorité palestinienne, internationalement reconnue, aux commandes du territoire aux mains du Hamas.

« Nous sommes ici pour tourner la page de la division et restituer au projet national son juste cap qui est la création d’un Etat » palestinien, a déclaré Hamdallah devant ses ministres réunis sous les portraits du leader historique Yasser Arafat et de l’actuel président de l’AP Mahmoud Abbas.

Malgré la circonspection nourrie par l’échec des précédentes tentatives de rapprochement, la tenue de ce conseil des ministres placé sous très haute protection armée est, après l’arrivée elle-même de Hamdallah à Gaza lundi, une avancée significative dans l’effort des groupes palestiniens pour surmonter une décennie de déchirements dévastateurs.

La visite de Hamdallah doit préparer le terrain à un transfert progressif de responsabilités – au moins civiles – du Hamas à l’AP, dont émane le gouvernement.

Le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l’Union européenne et comme infréquentable par certains pays arabes, a évincé l’AP de Gaza en 2007 au prix d’une quasi-guerre civile avec le Fatah, son grand rival qui domine cette entité intérimaire créée par les Accords d’Oslo et censée préfigurer un état palestinien indépendant.

Rami Hamdallah, Premier ministre de l'Autorité palestinienne, à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, le 2 octobre 2017. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)
Rami Hamdallah, Premier ministre de l’Autorité palestinienne, à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, le 2 octobre 2017. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)

En 2014 déjà…

Depuis, l’AP n’exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, territoire distant de Gaza de quelques dizaines de kilomètres.

Les dissensions palestiniennes sont considérées comme l’un des principaux obstacles à un règlement du conflit israélo-palestinien et l’une des causes des maux endurés par les deux millions de Gazaouis : guerres, blocus israélien et égyptien, pénuries d’eau et d’électricité, chômage…

Le gouvernement de l’AP avait siégé à Gaza pour la dernière fois fin 2014, au lendemain d’une nouvelle guerre destructrice, la troisième dans le territoire entre Israël, le Hamas et ses alliés depuis 2008.

Le gouvernement d’alors, dit de « consensus national » et constitué de technocrates approuvés par le Fatah et le Hamas, était le fruit d’une énième entreprise de réconciliation menée avant la guerre.

Des enfants palestiniens dans les ruines d'un immeuble détruit pendant la guerre de 2014, à Gaza Ville, le 13 avril 2017. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)
Des enfants palestiniens dans les ruines d’un immeuble détruit pendant la guerre de 2014, à Gaza Ville, le 13 avril 2017. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

Devant l’ampleur des dégâts, les responsables palestiniens avaient proclamé que les divisions étaient derrière eux. Malgré l’impératif de la reconstruction et l’insistance de la communauté internationale sur le nécessaire retour de l’AP à Gaza pour la mener à bien, les groupes palestiniens s’étaient à nouveau rapidement déchirés, Abbas accusant le Hamas de maintenir un gouvernement « parallèle » dans le territoire.

En septembre, le Hamas a fini par accepter le retour de l’AP sous la pression du grand voisin égyptien, des déconvenues diplomatiques de son allié qatari et d’un sévère tour de vis financier donné par Abbas, qui a notamment cessé de payer la facture de l’électricité fournie par Israël à Gaza.

‘Merci l’Egypte’

Ces mesures ont rendu encore plus pénible la vie quotidienne dans l’enclave. Les Gazaouis éprouvés attendent à présent que Abbas ou Hamdallah annonce leur levée.

Le scepticisme est largement répandu quant aux chances de succès de cette nouvelle tentative de raccommodement. L’une des questions essentielles est de savoir si le Hamas, commandant à une force armée estimée à environ 25 000 hommes, est prêt à céder le contrôle de la sécurité à l’AP.

Les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement terroriste du Hamas, pendant un service commémoratif pour un commandant tué lors d'une explosion accidentelle dans le sud de la bande de Gaza, le 10 juin 2017. (Crédit : Said Khatib/AFP)
Les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement terroriste du Hamas, pendant un service commémoratif pour un commandant tué lors d’une explosion accidentelle dans le sud de la bande de Gaza, le 10 juin 2017. (Crédit : Said Khatib/AFP)

Des questions aussi épineuses pourraient être renvoyées à plus tard, la priorité affirmée par le Premier ministre de l’AP étant de soulager les souffrances des Gazaouis. Les détails d’un transfert ultérieur de responsabilités doivent être discutés au Caire dans les prochains jours.

Certains observateurs notent cependant qu’isolé, redoutant une explosion sociale et peut-être plus pragmatique qu’avant, le Hamas n’a guère d’autre choix que la réconciliation.

L’envoyé spécial de l’ONU Nickolay Mladenov se disait lundi auprès de l’AFP « prudemment optimiste », en relevant la « volonté politique réelle » du Hamas et du Fatah, ainsi que l’implication forte, jusqu’alors, de l’Egypte, puissance régionale voisine et acteur historique à Gaza.

Spectacle rare, un immense poster du président de l’AP aux côtés du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a été placardé dans la bande de Gaza près du bâtiment où se tenait le conseil des ministres, avec ces mots : « Merci à l’Egypte, merci au président Sissi ». Un gigantesque drapeau égyptien a été hissé sur une autre bâtisse.

Le général Khaled Fawzi, chef des services de Renseignement égyptiens qui ont joué un rôle fondamental dans le rapprochement palestinien, est attendu mardi après-midi à Gaza, a indiqué à l’AFP un officiel appartenant à une délégation égyptienne entrant mardi dans le territoire.

Un garde de sécurité du Hamas devant un portrait du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, près des bureaux gouvernementaux de Gaza Ville, le 3 octobre 2017. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)
Un garde de sécurité du Hamas devant un portrait du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, près des bureaux gouvernementaux de Gaza Ville, le 3 octobre 2017. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

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