Le gouvernement israélien aurait financé des pubs accusant l’UNRWA de terrorisme
Juliette Touma, porte-parole de l'UNRWA, a fait savoir à WIRED que ces publicités portaient atteinte à la réputation de l'agence et qu'elles étaient "destructrices pour les gens intéressés"
Le gouvernement aurait financé une campagne de publicité sur Google qui médiatise ses accusations contre l’UNRWA, l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens. Objectif de cette campagne : mettre l’accent sur les liens entretenus par l’institution avec les activités terroristes du Hamas, selon un reportage du magazine mensuel américain WIRED.
Le consulat israélien a New York a reconnu ces informations mais elle n’a donné suite à une demande de commentaire.
Selon WIRED, le gouvernement a acheté des publicités qui seront associées à certaines recherches des internautes, telles que « UNRWA » ou « UNRWA USA » en tentant apparemment d’attirer l’attention des donateurs potentiels sur les informations faisant état de ses liens avec le Hamas.
Cela fait des années que les groupes de pression israéliens et pro-israéliens accusent les personnels de l’UNRWA d’antisémitisme et de glorification du terrorisme, en particulier dans le système de l’éducation de l’agence. Pendant toute la campagne militaire à Gaza, des armes et des structures du Hamas ont été retrouvées sur des sites appartenant à l’UNRWA.
Mara Kronenfeld, qui dirige UNRWA USA, a raconté au magazine qu’elle avait remarqué la campagne alors qu’elle cherchait le nom de son organisation à but non-lucratif sur Google et qu’elle avait découvert ce qui semblait être une publicité pour l’organisation, qui menait toutefois à une page internet qui détaillait les accusations.
Des publicités, au mois de janvier, qui étaient intitulées « UNRWA for Human Rights » avaient été supprimées après des plaintes de l’agence humanitaire, même si Google avait indiqué qu’il n’y avait eu aucune violation de ses politiques. Au mois de mai, d’autres publicités avaient fait leur apparition avec des titres plus clairs comme « la neutralité de l’UNRWA compromise », « Israël révèle les problèmes de l’UNRWA », ou « Israël prône des pratiques humanitaires plus sûres et plus transparentes ».
D’autres vidéos, sur Google, accusent l’UNRWA d’être « inséparable du Hamas », disant que l’agence « continue à employer des terroristes. »
Selon le magazine, de mai à juillet, les publicités sont apparues à 44 % des occasions où elles étaient en capacité d’apparaître, des chiffres transmis par Google Analytics. De plus, les publicités UNRWA USA ne se sont présentées que dans seulement 34 % des recherches éligibles.
Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA, a fait savoir à WIRED que ces publicités portaient atteinte à la réputation de l’agence et qu’elles étaient « destructrices pour les gens intéressés ».
« Elles doivent s’arrêter et les responsables de ce sabotage doivent rendre des comptes. Il devrait y avoir énormément de suivi avec des entreprises comme Google quand la guerre sera terminée. Il y aura beaucoup de questions qui nécessiteront des réponses », a-t-elle déclaré.
Les employés au sein de Google qui se sont entretenus avec WIRED ont dit ressentir un malaise à l’idée que leur compagnie puisse profiter des efforts qui seraient livrés par Israël contre l’UNRWA, en une période de crise humanitaire aigue.
« Vous ne devriez pas prendre cet argent », a estimé une source.
Au début du mois, les Nations unies ont annoncé que neuf employés de l’UNRWA étaient « susceptibles d’avoir été impliqués » dans le pogrom commis par les terroristes du Hamas, en Israël et qu’ils seront limogés, presque neuf mois après le massacre.
Le Bureau du service de supervision intérieur (OIOS), une instance indépendante du secrétariat des États-Unis, a indiqué dans un court communiqué de presse qu’il avait terminé ses enquêtes ouvertes sur 19 employés de l’UNRWA qui avaient été accusés par l’État juif d’avoir pris part aux atrocités du 7 octobre. Dans neuf cas, les preuves obtenues « ont indiqué que les membres du personnel de l’UNRWA ont pu être impliqués dans l’attaque armée du 7 octobre 2023 », a précisé le communiqué.
Plusieurs rapports diffusés par des organisations avaient révélé que les enseignants et les écoles de l’UNRWA continuaient à enseigner la haine des Juifs et à glorifier le terrorisme – notamment un rapport qui avait été émis en 2022 par le groupe IMPACT-SE qui avait fait savoir que les manuels scolaires de l’UNRWA continuaient à contenir des incitations. Un rapport émis par la même organisation en 2023 en coopération avec UN Watch avait cité des dizaines de publications diffusées par les employés de l’agence sur les réseaux sociaux, où ces derniers « glorifient le terrorisme, encouragent au martyre, diabolisent les Israéliens et incitent à l’antisémitisme ».