Le gouvernement va améliorer la zone mixte du mur Occidental
L’État a annoncé à la Cour Suprême vouloir mettre en œuvre une décision du Conseil des ministres prise il y a six ans, consternant aussi bien les libéraux que les conservateurs
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le gouvernement a annoncé jeudi à la Cour Suprême son intention de procéder à des travaux pour améliorer la section mixte du mur Occidental, en réponse à un certain nombre de plaintes adressées à la Cour par des groupes féministes et activistes religieux.
Dans un point d’étape détaillé adressé à la Cour, le gouvernement a déclaré vouloir mettre en œuvre une décision de 2017 pour « construire et officialiser » la section sud du mur Occidental, également connue sous le nom d’Ezrat Yisrael ou Arche de Robinson, utilisée par les Juifs non orthodoxes pour les prières mixtes.
Ce document fait suite à sept plaintes adressées à la Cour Suprême par des organisations libérales ou conservatrices, ces dix dernières années, à propos du mur Occidental.
Le gouvernement y indique avoir besoin de plus de temps pour régler les problèmes en raison de la complexité de la question.
Les mouvements réformé et Massorti, ainsi que le groupe féministe Les Femmes du mur, ont dénoncé la lenteur excessive du gouvernement dans la mise en œuvre des engagements pris en 2017 et sa décision de laisser le mur Occidental aux mains des ultra-orthodoxes.
Le Centre orthodoxe radical Liba a, pour sa part, reproché au gouvernement d’avoir accepté le principe de la section égalitaire et reconnu l’autorité de la Cour Suprême.
« Il est exaspérant que les députés de la Knesset qui, hier encore, promettaient de tout faire pour le mur Occidental ne disent pas à la Cour Suprême qu’elle n’a tout simplement pas le pouvoir de statuer sur ce qui se passe au mur Occidental. Et ils continuent à travailler sur la base de l’accord sur le mur Occidental », a déclaré le chef du Centre Liba, Oren Henig.
La section mixte du mur Occidental se trouve actuellement dans une sorte de vide juridique, techniquement sous l’autorité du grand rabbin ultra-orthodoxe du mur Occidental, mais autorisée à fonctionner comme espace de prière égalitaire sur ordre du Premier ministre.
Ce que l’on connait sous le nom de compromis du mur Occidental, négocié par l’Agence juive, tente de résoudre cette question et d’apporter une réponse aux nombreuses plaintes reçues par la Cour Suprême sur cette question.
D’une part, le compromis accorde un statut officiel et augmente la taille de la section égalitaire, mais d’autre part, il confirme la ségrégation entre les sexes sur la place principale.
Approuvé en Conseil des ministres en 2016 pour une mise en œuvre l’année suivante, le compromis a finalement été suspendu sine die par le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, sous la pression des ultra-orthodoxes et, disait-il, pour améliorer l’infrastructure des lieux.
Près de six ans plus tard, le gouvernement – par la voix des procureurs Hadas Eran et Sharon Rotshenker – a déclaré faire le nécessaire pour moderniser la place, dans l’attente du permis requis pour les travaux.
Le gouvernement a également abordé la question des chutes de pierres survenues dans la section égalitaire en 2018, qui, depuis, bloquent l’accès au mur Occidental.
Eran et Rotshenker ont déclaré que le gouvernement allait faire retirer les pierres, mais que le processus était retardé par la municipalité de Jérusalem.
« Depuis Ezrat Israël, nous n’avons plus accès aux pierres du mur Occidental depuis cinq ans et, contrairement à l’espace de prière non mixte, qui perçoit des fonds publics considérables, le gouvernement ne finance absolument pas la section égalitaire », a dénoncé Orly Erez-Likhovski, du Centre d’action religieuse d’Israël, s’exprimant au nom des mouvements réformé et conservateur et des Femmes du mur.
« L’espace de prière non mixte est considéré par le grand rabbin du mur Occidental comme sa cour privative : il intimide tous ceux qui prient d’une manière qui ne lui plait pas », a-t-elle ajouté.
La semaine dernière, le parti ultra-orthodoxe Shas a proposé un projet de loi qui souhaitait imposer de sérieuses limitations aux prières au mur Occidental, criminaliser l’activité des Femmes du mur, interdire aux visiteurs de porter des vêtements jugés impudiques et en finir avec la section égalitaire du mur.
Le projet de loi a été vivement critiqué, même au sein de la coalition.
Netanyahu a demandé qu’il soit abandonné, ce que Shas a accepté de faire.