Cinquante-deux virgule un pour cent.
C’est le taux de chômage actuel dans la bande de Gaza. Un adulte sur deux est sans emploi. Parmi la population jeune et éduquée, le taux est encore plus élevé : supérieur à 70 %. Les chiffres sont presque incompréhensibles.
L’économie y est enlisée et ne peut compter sur aucun moteur de croissance. Les résidents ont beau avoir plus d’heures d’électricité par jour que par le passé – huit – leur futur semble plus sombre que jamais. Si quelqu’un se demande pourquoi nous assistons depuis au moins deux semaines à un nouveau regain de ce qui est qualifié de « terrorisme populaire » – ballons incendiaires, explosifs improvisés etc. – la situation économique de la bande de Gaza peut fournir une explication triste, mais suffisante.
Pour ne rien manquer de l'actu,
recevez la Une du Jour sur votre mail
En vous inscrivant, vous acceptez les
conditions d'utilisation
Et ce n’est que le commencement. A la fin du mois, les Palestiniens célébreront le « Jour de la terre », un an depuis la mise en place de la tactique des manifestations de masse à la frontière. Et si jusqu’à récemment le groupe terroriste du Hamas et son chef Yahya Sinwar semblaient faire valoir une ou deux réussites – notamment le transfert mensuel de 13 millions d’euros de la part du Qatar qui a permis de payer les salaires des employés du Hamas – tout cela paraît aujourd’hui disparu.
Le Hamas ne donne pas l’impression de vouloir préparer une escalade majeure des tensions, au moins jusqu’à la fin du mois. Il profite des manifestations hebdomadaires du vendredi et d’autres actions pour relâcher un peu la pression. Les Gazaouis sont de plus en plus critiques à l’égard du Hamas pour l’arrêt du paiement des salaires et le manque de réponse ferme à la mort de trois adolescents tués par l’armée israélienne lors des émeutes à la frontière.
Le leader du Hamas Ismail Haniyeh (G) et le leader du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinwar lors d’un rassemblement marquant le 30e anniversaire de la fondation de l’organisation terroriste islamiste, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2017. (Mohammed Abed/AFP)
Au lieu de se laisser entraîner dans une guerre totale, le Hamas a préféré renforcer les tensions quotidiennes avec Israël. Mais quand l’organisation parle d’une « manifestation d’un million d’hommes », il est clair que le 30 mars apportera quelque chose de nouveau. Dans la cocotte minute gazaouie, où la jeune génération n’a aucun espoir, il est fort probable que nombre d’entre eux se rendront à proximité de la frontière, avec les encouragements du Hamas.
Le groupe terroriste, qui règne sur la bande de Gaza depuis sa prise de pouvoir par la force en 2007 et qui cherche ouvertement la destruction d’Israël, est actuellement confronté à de grandes difficultés financières. Sa décision de refuser les versements qataris, transférés avec l’accord du gouvernement israélien, a nécessité une réévaluation de la situation.
Subitement, le porte-parole du mouvement avait lancé un appel à des donations sous forme de Bitcoin. Son réseau télévisé Al-Quds a fermé. Le Hamas a aussi pris des mesures qu’il avait évitées dans le passé, comme celle de prendre le contrôle du point de passage de Kerem Shalom à la frontière avec Israël, en expulsant tout le personnel de l’Autorité palestinienne. Le Hamas avait pris le risque qu’Israël ferme le point de passage.
Pourtant, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu s’efforçant de préserver une sorte de statu quo avec le Hamas, Israël avait accepté de coopérer avec du personnel payé par le groupe terroriste, et le point de passage – le seul pour faire entrer des produits dans l’enclave – continue d’opérer normalement.
Des camions israéliens transportent du fioul au poste-prontière de Kerem Shalom,à destination de la bade de Gaza, le 11 octobre 2018. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov)
Au cas où quelqu’un se poserait la question, les taxes actuellement collectées du côté palestinien pour le point de passage à travers Kerem Shalom vont au Hamas. En d’autres termes, le mouvement a réalisé un simple tour de passe-passe : refuser l’argent si cela implique d’obtenir l’autorisation israélienne, mais demander l’autorisation israélienne pour continuer à faire fonctionner le passage, où il touchera l’argent dont il a besoin.
La décision risquée du Hamas à Kerem Shalom s’explique par un autre élément : à court terme, les chances de réconciliation avec l’Autorité palestinienne sont proches de zéro.
Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, a passé les deux dernières semaines au Caire. Il en est revenu avec quatre membres de l’organisation qui y étaient détenus depuis des années. Ils avaient été interpellés au point de passage égyptien de Rafah alors qu’il étaient en chemin pour rejoindre un camp d’entraînement en Iran. Haniyeh a aussi discuté d’une série de mesures qui stabiliseraient la situation avec l’Egypte et Israël.
Pour l’instant, il est clair pour le Hamas et l’Egypte qu’Israël, avant les élections du 9 avril, n’acceptera pas de mesures importantes qui pourraient nuire aux chances de Netanyahu d’être réélu Premier ministre. Mais la pression publique fait de l’effet dans la bande de Gaza, d’où la flambée de violence.
Comment la situation va-t-elle évoluer à la fin du mois, avec la manifestation prévue de la journée de la terre ? Il est bien difficile de le prédire.
Israël est important pour vous…
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Oui, Israël est important pour moi
Oui, Israël est important pour moi
Déjà membre ? Connectez-vous pour ne plus voir ce message
Vous êtes un de nos fidèles lecteurs
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel
Rejoindre la communauté du Times of Israël
Rejoindre la communauté du Times of Israël
Déjà membre ? Connectez-vous pour ne plus voir ce message