Israël en guerre - Jour 568

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Analyse

Le Hamas cherche à éviter l’escalade, mais pour combien de temps encore ?

Malgré une situation économique catastrophique, le Hamas répond de manière limitée aux morts à la frontière de la bande de Gaza

Avi Issacharoff

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Une photo prise le 30 mars 2018 depuis le kibboutz de Nahal Oz de l'autre côté de la bande de Gaza montre des Palestiniens participant à une manifestation pour commémorer la Journée de la Terre (Crédit : AFP / Jack GUEZ)
Une photo prise le 30 mars 2018 depuis le kibboutz de Nahal Oz de l'autre côté de la bande de Gaza montre des Palestiniens participant à une manifestation pour commémorer la Journée de la Terre (Crédit : AFP / Jack GUEZ)

Cinquante-deux virgule un pour cent.

C’est le taux de chômage actuel dans la bande de Gaza. Un adulte sur deux est sans emploi. Parmi la population jeune et éduquée, le taux est encore plus élevé : supérieur à 70 %. Les chiffres sont presque incompréhensibles.

L’économie y est enlisée et ne peut compter sur aucun moteur de croissance. Les résidents ont beau avoir plus d’heures d’électricité par jour que par le passé – huit – leur futur semble plus sombre que jamais. Si quelqu’un se demande pourquoi nous assistons depuis au moins deux semaines à un nouveau regain de ce qui est qualifié de « terrorisme populaire » – ballons incendiaires, explosifs improvisés etc. – la situation économique de la bande de Gaza peut fournir une explication triste, mais suffisante.

Et ce n’est que le commencement. A la fin du mois, les Palestiniens célébreront le « Jour de la terre », un an depuis la mise en place de la tactique des manifestations de masse à la frontière. Et si jusqu’à récemment le groupe terroriste du Hamas et son chef Yahya Sinwar semblaient faire valoir une ou deux réussites – notamment le transfert mensuel de 13 millions d’euros de la part du Qatar qui a permis de payer les salaires des employés du Hamas – tout cela paraît aujourd’hui disparu.

Le Hamas ne donne pas l’impression de vouloir préparer une escalade majeure des tensions, au moins jusqu’à la fin du mois. Il profite des manifestations hebdomadaires du vendredi et d’autres actions pour relâcher un peu la pression. Les Gazaouis sont de plus en plus critiques à l’égard du Hamas pour l’arrêt du paiement des salaires et le manque de réponse ferme à la mort de trois adolescents tués par l’armée israélienne lors des émeutes à la frontière.

Le leader du Hamas Ismail Haniyeh (G) et le leader du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinwar lors d’un rassemblement marquant le 30e anniversaire de la fondation de l’organisation terroriste islamiste, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2017. (Mohammed Abed/AFP)

Au lieu de se laisser entraîner dans une guerre totale, le Hamas a préféré renforcer les tensions quotidiennes avec Israël. Mais quand l’organisation parle d’une « manifestation d’un million d’hommes », il est clair que le 30 mars apportera quelque chose de nouveau. Dans la cocotte minute gazaouie, où la jeune génération n’a aucun espoir, il est fort probable que nombre d’entre eux se rendront à proximité de la frontière, avec les encouragements du Hamas.

Le groupe terroriste, qui règne sur la bande de Gaza depuis sa prise de pouvoir par la force en 2007 et qui cherche ouvertement la destruction d’Israël, est actuellement confronté à de grandes difficultés financières. Sa décision de refuser les versements qataris, transférés avec l’accord du gouvernement israélien, a nécessité une réévaluation de la situation.

Subitement, le porte-parole du mouvement avait lancé un appel à des donations sous forme de Bitcoin. Son réseau télévisé Al-Quds a fermé. Le Hamas a aussi pris des mesures qu’il avait évitées dans le passé, comme celle de prendre le contrôle du point de passage de Kerem Shalom à la frontière avec Israël, en expulsant tout le personnel de l’Autorité palestinienne. Le Hamas avait pris le risque qu’Israël ferme le point de passage.

Pourtant, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu s’efforçant de préserver une sorte de statu quo avec le Hamas, Israël avait accepté de coopérer avec du personnel payé par le groupe terroriste, et le point de passage – le seul pour faire entrer des produits dans l’enclave – continue d’opérer normalement.

Des camions israéliens transportent du fioul au poste-prontière de Kerem Shalom,à destination de la bade de Gaza, le 11 octobre 2018. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov)

Au cas où quelqu’un se poserait la question, les taxes actuellement collectées du côté palestinien pour le point de passage à travers Kerem Shalom vont au Hamas. En d’autres termes, le mouvement a réalisé un simple tour de passe-passe : refuser l’argent si cela implique d’obtenir l’autorisation israélienne, mais demander l’autorisation israélienne pour continuer à faire fonctionner le passage, où il touchera l’argent dont il a besoin.

La décision risquée du Hamas à Kerem Shalom s’explique par un autre élément : à court terme, les chances de réconciliation avec l’Autorité palestinienne sont proches de zéro.

Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, a passé les deux dernières semaines au Caire. Il en est revenu avec quatre membres de l’organisation qui y étaient détenus depuis des années. Ils avaient été interpellés au point de passage égyptien de Rafah alors qu’il étaient en chemin pour rejoindre un camp d’entraînement en Iran. Haniyeh a aussi discuté d’une série de mesures qui stabiliseraient la situation avec l’Egypte et Israël.

Pour l’instant, il est clair pour le Hamas et l’Egypte qu’Israël, avant les élections du 9 avril, n’acceptera pas de mesures importantes qui pourraient nuire aux chances de Netanyahu d’être réélu Premier ministre. Mais la pression publique fait de l’effet dans la bande de Gaza, d’où la flambée de violence.

Comment la situation va-t-elle évoluer à la fin du mois, avec la manifestation prévue de la journée de la terre ? Il est bien difficile de le prédire.

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