Le Hamas fait main basse sur du carburant livré par Israël à al-Shifa ; Tsahal progresse
Des combats se poursuivent près de l'hôpital alors qu'Israël réaffirme aider le personnel et les patients à évacuer ; le Shin Bet 20 arrête 20 terroristes qui vont être interrogés
Les troupes israéliennes ont progressé dimanche dans le nord de la bande de Gaza, s’emparant d’une zone urbaine près de Beit Hanoun, tandis que des combats acharnés se poursuivaient autour de l’hôpital al-Shifa et qu’Israël maintenait qu’il s’efforçait de veiller à ce que les civils et les patients soient épargnés par les combats.
L’armée israélienne a déclaré qu’elle avait fourni 300 litres de carburant à l’hôpital al-Shifa, en coordination avec son personnel, mais que le Hamas avait empêché le centre hospitalier de le réceptionner.
Dimanche matin, les soldats ont placé les jerrycans près de l’hôpital, alors que de violents combats se poursuivaient autour d’al-Shifa et qu’Israël maintenait qu’il s’efforçait de veiller à ce que les civils et les patients soient sains et saufs. L’armée a accusé le Hamas d’avoir sa principale base d’opérations sous l’hôpital al-Shifa et a appelé les civils palestiniens de la zone, ainsi que de tout le nord de Gaza, à évacuer vers le sud.
La journée de dimanche a également été marquée par des tirs sporadiques de roquettes en provenance de Gaza sur les villes frontalières du sud, déclenchant des sirènes dans les kibboutzim de Holit, Kfar Azza, Nahal Oz et Sa’ad, qui ont été en grande partie évacués. Aucun blessé n’a été signalé. Le bilan des pertes de Tsahal à Gaza s’élevait à 42 morts dimanche soir, aucune nouvelle victime n’ayant été annoncée depuis samedi.
Tsahal a déclaré avoir placé tôt dimanche matin des jerrycans de carburant près de l’hôpital à des « fins médicales urgentes », ce qu’elle avait coordonné à l’avance avec les responsables. Plus tard, « Tsahal a reçu des preuves que des responsables du Hamas avaient empêché l’hôpital de récupérer le carburant ».
L’armée a publié un appel entre un officier de Tsahal et un haut responsable de la Santé à Gaza – dirigé par le Hamas – qui affirme que Yousef Abu al-Rish, vice-ministre de la Santé à Gaza, a empêché l’hôpital de recevoir le carburant. Tsahal n’a pas précisé ce qu’il est advenu du carburant par la suite.
IDF says it supplied 300 liters of fuel for "urgent medical purposes" at Shifa Hospital in Gaza City, but Hamas prevented the medical center from receiving it.
Early this morning troops placed the jerrycans near the hospital, as had been coordinated in advance with officials at… pic.twitter.com/W5VYeJW2y8
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) November 12, 2023
Les autorités sanitaires de Gaza affirment que des milliers de médecins, de patients et de personnes déplacées sont bloqués dans la zone entourant l’hôpital al-Shifa, sans électricité et avec des fournitures de plus en plus rares. Tsahal a nié qu’ils étaient pris au piège, affirmant que le côté est de l’hôpital restait ouvert pour permettre le passage en toute sécurité des habitants de Gaza qui souhaitent quitter l’hôpital.
Tsahal a déclaré être en contact avec le personnel des hôpitaux du nord de la bande de Gaza pour les aider à évacuer en toute sécurité, et a nié avoir assiégé al-Shifa, estimant que de telles affirmations relevaient de la désinformation.
Le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, a déclaré dimanche à Ashkelon, lors d’une réunion des maires du sud du pays, que l’armée et lui-même « se concentrent actuellement sur un seul objectif : vaincre et démanteler le Hamas ». Il a une nouvelle fois admis que Tsahal avait échoué dans sa mission de défense des résidents le 7 octobre.
« Nous nous souviendrons de ce qui s’est passé, nous nous battrons et nous ne permettrons pas qu’un tel événement se reproduise », a-t-il promis.
L’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et Tsahal ont déclaré dimanche soir qu’une vingtaine de membres du Hamas avaient été arrêtés par les troupes israéliennes « au cœur de la bande de Gaza » pour être interrogés en Israël. Peu de détails ont été fournis sur l’opération et le lieu où elle s’est déroulée. Le Shin Bet a déclaré qu’il collaborait avec l’unité 504 du Directorat des Renseignements militaires de Tsahal et d’autres troupes pour recueillir des renseignements, mener des opérations spéciales, arrêter des Palestiniens recherchés et les interroger.
Following the repeated calls by the IDF to Gazan residents to evacuate from northern Gaza for their own safety, the IDF is enabling a passage from the Shifa, Rantisi and Nasser hospitals >> pic.twitter.com/5c07P97Ch5
— דובר צה״ל דניאל הגרי – Daniel Hagari (@IDFSpokesperson) November 12, 2023
« Les interrogatoires des terroristes serviront à obtenir des renseignements actualisés sur le terrain et à contribuer à la poursuite des manœuvres terrestres et des efforts de combat », a déclaré le Shin Bet.
L’armée a publié dimanche des enregistrements d’appels entre un officier supérieur du Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) et le personnel des hôpitaux Shifa, Rantisi et Nasr dans le nord de Gaza, leur indiquant comment évacuer en toute sécurité vers la partie sud de la bande de Gaza.
Les Palestiniens ont pu quitter les trois hôpitaux, à pied ou en ambulance, après que Tsahal a sécurisé les voies menant à la route de Salah a-Din, qui sert de couloir humanitaire pendant plusieurs heures au cours de la journée de dimanche.
« Quiconque souhaite quitter l’hôpital et se rendre à l’hôpital peut emprunter la rue al-Wehda, à l’est de l’hôpital, qui est ouverte », a déclaré un officier supérieur de l’Administration de coordination et de liaison du COGAT à un responsable de l’hôpital al-Shifa. « Il n’y a pas de forces israéliennes sur le côté est de l’hôpital », a souligné l’officier.
#عاجل سكان شمال غزة لديّ عدة رسائل مهمة اليكم هذا الصباح:
مئات الآلاف من السكان قد انتقلوا على مدار الأيام الأخيرة عبر الممرّ الآمن الإنساني، سواء بالسيارات أو مشيًا على الأقدام عبر شارع صلاح الدين.
???? اليوم (الأحد) أيضًا سيتم فتح شارع صلاح الدين أمام مروركم، اعتبارًا من… pic.twitter.com/9VuWmdN21o
— افيخاي ادرعي (@AvichayAdraee) November 12, 2023
L’armée israélienne a également déclaré dimanche que les pauses humanitaires dans le nord de la bande de Gaza se poursuivraient pour permettre aux Palestiniens d’évacuer vers le sud. Le porte-parole en langue arabe de Tsahal, le lieutenant-colonel Avichay Adraee, a écrit sur X que la route de Salah a-Din a été ouverte aux déplacements vers le sud pendant sept heures dimanche, entre 9h et 16h.
En outre, il a indiqué que Tsahal fera des « pauses tactiques dans les activités militaires » dans la ville de Jabaliya et le quartier voisin d’Izbat Malien aujourd’hui entre 10h et 14h, afin que les Palestiniens puissent atteindre les corridors humanitaires pour évacuer vers le sud.
Ces dernières semaines, Israël a présenté des preuves que le principal centre de commandement du Hamas se trouve sous al-Shifa et a accusé le groupe terroriste d’utiliser l’hôpital et ses occupants – qui comptent 1 500 lits et quelque 4 000 employés – comme boucliers humains pour les bunkers et tunnels élaborés qui se trouvent sous l’hôpital.
Tsahal a déclaré dimanche que lors d’un incident récent, les troupes de la brigade Givati ont identifié des civils dans un bâtiment et leur ont permis d’évacuer.
Mais pendant l’évacuation, le Hamas a ouvert le feu sur les soldats. Les troupes ont riposté et les chars ont bombardé les tireurs, les tuant et permettant aux civils de continuer à évacuer la zone, selon Tsahal.
L’armée a déclaré que les troupes étaient toujours engagées dans d’intenses combats autour du camp de réfugiés d’al-Shati dans le nord de la bande de Gaza le long de la côte, éliminant des cellules de terroristes du Hamas qui se cachaient dans le camp et frappant un dépôt d’armes du Hamas après qu’il eut été utilisé pour tirer un missile.
Dimanche, Tsahal a déclaré que les troupes de leur brigade de réserve Harel avaient pris le contrôle de la « zone d’al-Karameh » – qui porte semble-t-il le nom d’un hôpital des environs – entre Beit Hanoun et Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza.
Selon Tsahal, au cours des raids, les troupes ont détruit des infrastructures du Hamas dans la zone, notamment des lance-roquettes à longue portée pointés sur Israël, des bases de lancement de missiles antichars, des tunnels et des postes d’observation.
Les soldats de la brigade Harel ont également tué plusieurs membres du Hamas lors des combats.
IDF says troops of its Harel Reserve Brigade have captured the "al-Karameh area" — apparently named after a local hospital — between Beit Hanoun and Jabaliya, in the northern Gaza Strip.
According to the IDF, during the raids, the troops destroyed Hamas infrastructure in the… pic.twitter.com/9gD5hLXMVY
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) November 12, 2023
Selon le COGAT, dimanche matin, 14 320 tonnes d’aide humanitaire réparties dans 905 camions étaient entrées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.
« Il n’y a pas de limite à la quantité de nourriture, d’eau et de matériel médical qui peut entrer dans la bande de Gaza », a écrit le COGAT sur X. « Nous invitons la communauté internationale à se coordonner et nous faciliterons les choses. »
Bien que l’aide ait pénétré dans la bande de Gaza, les organisations humanitaires affirment qu’elle est loin d’être suffisante. Israël affirme que le Hamas dispose de stocks de carburant et de fournitures qu’il cache à une population civile de plus en plus désespérée.
Ishaq Sidr, ministre des Télécommunications et des Technologies de l’information de l’Autorité palestinienne (AP), a déclaré dimanche que les services de téléphonie et Internet dans la bande de Gaza seraient totalement interrompus, jeudi, en raison du manque de carburant.
Bien qu’Israël ait continué à refuser de le laisser entrer en même temps que d’autres aides, affirmant qu’il s’agit d’une ressource de guerre essentielle pour le Hamas, le carburant n’a pas encore été totalement contrôlé dans la bande de Gaza.
Lors d’une conférence de presse à Ramallah, Sidr a déclaré que les équipes techniques de Gaza avaient fait tout leur possible pour maintenir Internet et le téléphone malgré les opérations militaires en cours.
Par ailleurs, un navire envoyé par le gouvernement français accostera cette semaine au large de la péninsule égyptienne du Sinaï et fonctionnera comme un hôpital flottant, d’une capacité de 70 lits, pour les blessés de Gaza, a révélé dimanche un diplomate de l’ambassade d’Israël à Washington au Times of Israel.
Dans un premier temps, il avait été proposé que le navire accoste sur les côtes de Gaza, mais celles-ci sont trop endommagées par les combats pour permettre à de grands bateaux d’y accoster.
Israël soutient une initiative distincte de l’Union européenne visant à établir un corridor humanitaire maritime, dans lequel les navires d’aide accosteraient d’abord à Chypre pour y être inspectés avant de poursuivre leur route vers Gaza, a déclaré un deuxième responsable israélien.
Mais les dégâts subis par le port de Gaza compliquent cette proposition, qui est évoquée depuis des années et n’a jamais été mise en œuvre.
Israël a fait pression pour obtenir des hôpitaux de campagne et d’autres alternatives aux centres hospitaliers existants à Gaza, affirmant que le Hamas dirigé des centres de commandement en dessous de ceux-ci.
Un porte-parole de l’ambassade de France à Tel Aviv n’a pas démenti ces informations, mais a expliqué au Times of Israel que « les spécificités de cette opération, ainsi que le corridor maritime humanitaire suggéré, font encore l’objet de discussions entre toutes les parties concernées. »
Israël a lancé sa guerre contre le Hamas à Gaza à la suite du déchaînement meurtrier du groupe terroriste dans le sud d’Israël le 7 octobre, tuant environ 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et faisant au moins 240 otages.
Plus de 11 000 personnes seraient mortes, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Tal Schneider, Gianluca Pacchiani et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.