Le Hezbollah accusé d’avoir gardé le stock du port en cas de guerre avec Israël
Le Hezbollah, qui a déjà envisagé de faire usage de nitrate d'ammonium, aurait pu prévoir d'utiliser le stock du port, qui a explosé, au prochain conflit contre Israël
Le Hezbollah prévoyait apparemment d’utiliser contre Israël le stock de nitrate d’ammonium qui a causé l’explosion massive au port de Beyrouth cette semaine pendant la « Troisième guerre du Liban », selon une information sans source présentée par la Treizième chaîne vendredi soir.
L’information a été diffusée quelques heures après que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé un discours pour démentir « catégoriquement » que son groupe avait stocké des armes ou des explosifs au port de Beyrouth, après l’énorme explosion de mardi qui a tué au moins 157 personnes et fait des milliers des blessés. « Je voudrais absolument, catégoriquement exclure qu’il y avait quelque chose à nous au port. Pas d’armes, pas de missiles, ou de bombes ou des fusils ou même une balle ou du nitrate d’ammonium », a déclaré Nasrallah. « Aucune cache, rien. Ni maintenant, ni jamais. »
Israël n’a pas formellement affirmé que le Hezbollah était lié à l’explosion de mardi.
Le nitrate d’ammonium est utilisé dans la production d’explosifs. C’est aussi un composant pour engrais. Il a été à l’origine de graves incidents industriels dans le passé, et il s’agissait aussi du composant principal dans une bombe qui a détruit un bâtiment fédéral à Oklahoma City en 1995. L’année dernière, des médias avaient rapporté que le Mossad avait renseigné les agences de renseignement européenne sur des caches d’armes du Hezbollah stockant du nitrate d’ammonium pour les utiliser dans des bombes à Londres, Chypre et ailleurs.

Le reportage de la Treizième chaîne soulignait que « le matériel qui a explosé au port n’est pas nouveau pour Nasrallah et le Hezbollah ».
Le reportage exposait les anciens usages qu’a fait le Hezbollah avec le nitrate d’ammonium, notamment au cours d’incidents en Allemagne et au Royaume-Uni, qui ont tous les deux fait les gros titres, alors que des agents du Hezbollah avaient été retrouvés en présence de quantités importantes du produit. À Londres, en 2015, grâce à des informations du Mossad, les services de renseignement britannique avaient arrêté quatre agents du Hezbollah en possession de trois tonnes de nitrates d’ammonium dans des sacs de farine, a rappelé le reportage, citant des médias étrangers. Une méthode similaire a conduit à la découverte en Allemagne d’agents du Hezbollah avec assez de nitrate d’ammonium pour « faire sauter une ville », précisait le reportage. L’Allemagne a ensuite interdit le Hezbollah en tant qu’organisation terroriste.
« C’est ce que Nasrallah avait l’intention de faire en Europe », expliquait le reportage télévisé. « Concernant le stock au port de Beyrouth, on estime que Nasrallah avait l’intention de l’utiliser pendant la Troisième guerre du Liban. » (Israël a combattu deux guerres avec le Liban – en 1982, et, après un raid trans-frontalier par le Hezbollah où des soldats israéliens ont été tués et enlevés, en 2006.)
Parallèlement, l’ancien chef d’Etat-major de l’armée israélienne et ex-ministre de la Défense Moshe Yaalon a déclaré à un site d’information saoudien qu’une explosion dans un large dépôt d’armes du Hezbollah au port avait précédé l’explosion du nitrate d’ammonium.

Yaalon, du parti Yesh Atid-Telem, a été cité par le site internet arabe Elaph comme ayant déclaré que le Hezbollah avait connaissance de la présence de matériel là-bas et que l’organisation terroriste contrôlait le port.
Yaalon a déclaré qu’Israël avait informé le Liban sur les caches d’armes du Hezbollah et ses stocks de matières dangereuses à Beyrouth et ailleurs dans le pays. Il a ajouté que cela dépendait du peuple libanais de choisir l’indépendance ou la servitude continue à l’Iran par le biais du Hezbollah.

Le reportage de la Treizième chaîne a noté que Nasrallah, dans un discours de 2016, avait menacé de tirer des missiles sur un réservoir de stockage d’ammonium israélien dans le port de la ville du nord d’Haïfa. « Le Liban a une ‘bombe nucléaire’ aujourd’hui », a déclaré Nasrallah dans son discours. « L’idée est que certains de nos missiles combinés avec l’ammonium à Haïfa, créeront l’effet d’une bombe atomique. » (Le réservoir a depuis été vidé.)

Le reportage a également cité un discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’Assemblée générale des Nations unies en 2018, où Netanyahu a accusé le Hezbollah de stocker des missiles et d’autres armes dans des zones civiles. Le Premier ministre avait affirmé qu’un site se trouvait « au bord de l’eau » à Beyrouth.
L’enquête préliminaire publié par des officiels libanais a indiqué que l’explosion était liée aux 2 750 tonnes métriques de nitrate d’ammonium, hautement explosif, qui avaient été laissées sans surveillance dans le port depuis presque six ans. Les documents affirmaient que des officiels de la douane avaient demandé à déplacer le stock à de nombreuses reprises, mais sans jamais recevoir de réponse.
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En mai, la Douzième chaîne a rapporté que l’Etat juif avait mené une opération délicate de plusieurs mois pour évaluer les opérations du Hezbollah en Allemagne et présenté ses conclusions aux services de renseignement allemand et aux agences gouvernementales. Le Mossad aurait fourni des informations à l’Allemagne sur des entrepôts dans le sud du pays où le Hezbollah stockait des centaines de kilos de nitrate d’ammonium. Les services israéliens de renseignement avaient également remis des informations sur des individus clefs aux opérations du Hezbollah en Allemagne.

Vendredi, le reportage de la Treizième chaîne a émis l’hypothèse que Nasrallah puisse redouter une enquête internationale sur l’explosion de cette semaine, peut-être par crainte que le Hezbollah puisse être impliqué. Le président Michel Aoun a également rejeté toute enquête internationale, ajoutant « la possibilité d’une interférence extérieure comme un missile, une bombe » dans les explosions.