Le Jihad islamique boycotte une réunion des factions palestiniennes au Caire
Si le Hamas a accepté l'invitation de Mahmoud Abbas, le Jihad islamique palestinien l'a rejeté tant que l'AP détient certains de ses membres
Ziyad al-Nakhala, secrétaire général du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien, a annoncé dimanche que son groupe boycotterait une réunion des factions palestiniennes prévue au Caire le 30 juillet.
Al-Nakhala a déclaré dans un communiqué que ce boycott était motivé par l’arrestation d’un certain nombre de membres du Jihad islamique palestinien par l’Autorité palestinienne (AP). « Nous ne nous rendrons pas à la réunion tant que nos frères moudjahidines seront détenus dans les prisons de l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.
La réunion des secrétaires généraux a été annoncée le 3 juillet par le président de l’AP, Mahmoud Abbas, en réponse à la dernière opération israélienne à Jénine. Elle devrait réunir 14 factions palestiniennes, dont le Fatah, le Hamas, le Jihad islamique, les Fronts populaire et démocratique pour la libération de la Palestine et le Parti du peuple palestinien, selon un reportage d’al-Quds news.
Pour sa part, le Hamas a répondu positivement à l’invitation d’Abbas. Lors d’une réunion publique tenue à Gaza dimanche, Khalil al-Hayya, un membre important du bureau politique du Hamas, a déclaré que le groupe avait l’intention de participer aux pourparlers du Caire et qu’il ferait « tout ce qui est en son pouvoir pour que la réunion soit couronnée de succès ». Les pourparlers exploreront la possibilité de former un nouveau Conseil national palestinien par le biais d’élections, ou de trouver un accord pour la formation d’un Conseil national transitoire et d’un gouvernement conjoint avec le Fatah.
L’objectif du prochain cycle de négociations du Caire entre les factions palestiniennes, comme de nombreuses itérations précédentes qui ont échoué, consiste à trouver une réconciliation et à mettre fin aux dissensions internes qui affectent les dirigeants palestiniens depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007. Toutefois, des doutes subsistent quant à l’efficacité des pourparlers et l’on craint qu’ils ne fassent qu’aggraver les désaccords et les divisions entre les différents groupes palestiniens et exacerber le mécontentement et la perte de confiance de la population.
Le Hamas a confirmé sa participation après la libération d’un de ses dirigeants dans le nord de la Cisjordanie jeudi dernier. Mustafa Abu Arra (63 ans) a été arrêté jeudi dernier dans son village natal de Tubas, entre Jénine et Naplouse, pour avoir calomnié des responsables de l’AP. Il a été libéré dimanche à la suite d’appels lancés par des membres du Hamas et d’une détérioration de son état de santé, selon le site d’information palestinien Palinfo. Le Hamas avait qualifié l’arrestation d’Abu Arra de « politique ».
Les relations ont été tendues entre l’AP, dirigée par le Fatah, d’une part, et le Hamas et le Jihad islamique palestinien, d’autre part, dans les semaines qui ont suivi l’opération de Tsahal à Jénine. L’AP a arrêté un certain nombre de membres des deux groupes terroristes, qui ont érodé l’autorité de Ramallah dans le nord de la Cisjordanie au cours des deux dernières années.
Mardi, les forces de sécurité de l’AP ont effectué un raid dans un village proche de Jénine, et ont arrêté cinq membres du Jihad islamique palestinien. En réponse, le groupe terroriste a organisé une manifestation de masse dans le camp de réfugiés de Jénine contre l’AP, l’accusant de faire « le travail de l’occupation israélienne ».
Les tensions semblent également s’intensifier entre le Jihad islamique palestinien et le Hamas dans la bande de Gaza, après que la police contrôlée par le Hamas a envahi une mosquée du Jihad islamique palestinien à Rafah la semaine dernière et a arrêté une figure religieuse importante affiliée au groupe terroriste rival.
Le boycott du Jihad islamique palestinien marque un changement de cap pour le groupe, après que son secrétaire général Ziyad Al-Nakhala a déclaré le 11 juillet qu’il avait l’intention de participer, même s’il avait déjà émis des réserves à la suite des premières vagues d’arrestations par l’AP.
La répression exercée par Mahmoud Abbas à l’encontre de ses opposants et son incapacité apparente à protéger les habitants de Jénine de la dernière invasion de l’armée israélienne ont incité plusieurs commentateurs palestiniens à renouveler leurs appels pour que le dirigeant « quitte la scène ».
Dans un éditorial, l’auteur et journaliste palestinien Ramzy Baroud a estimé que même les « Palestiniens ordinaires » se sentent aujourd’hui « enhardis par une nouvelle génération de résistance [armée] qui a réussi à récupérer un certain degré d’unité palestinienne, au milieu de la politique des factions et de la corruption de l’Autorité palestinienne ».
Si l’AP poursuit ses arrestations de membres de factions palestiniennes rivales, Baroud estime que « la guerre civile en Cisjordanie est une réelle possibilité ».