Le maire sortant de Jérusalem veut expulser l’UNRWA de la ville
Nir Barkat veut remplacer les services de l'agence de l'ONU offerts aux 20 000 résidents du camp de réfugiés de Shuafat par des prestations municipales

Le maire sortant de Jérusalem Nir Barkat a détaillé jeudi une proposition visant à l’expulsion de l’agence des réfugiés palestiniens de l’ONU de la capitale. Ces mesures prévoient l’instauration, à sa place, de prestations municipales garanties dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’aide sociale et de l’assainissement.
Barkat, dont le mandat à la tête de la mairie s’achèvera à la fin du mois, a accusé l’Office de secours et des travaux chargé des réfugiés palestiniens (UNRWA) de ne pas mener à bien sa mission mais, au contraire, d’inciter ceux dont il s’occupe aux activités terroristes.
Il a livré les détails d’un plan préparé par une équipe de responsables et de spécialistes de la ville pour remplacer l’UNRWA dans toutes ses fonctions notamment dans le camp de réfugiés de Shuafat, fondé en 1965 et qui accueille environ 20 000 personnes.
Ce plan survient suite à l’annonce par l’administration Trump, qui a précisé ne plus vouloir soutenir l’agence après des décennies de soutien financier, d’une réduction de presque 300 millions de dollars de financement versé à l’UNRWA. Les États-Unis chercheront d’autres moyens de venir en aide aux Palestiniens, a fait savoir Washington.

« La décision américaine de mettre un terme à son financement de l’UNRWA a créé une opportunité rare de s’attaquer immédiatement et de manière décisive à l’intention de l’Autorité Palestinienne de perpétuer « le problème des réfugiés », et d’encourager les incitations », a expliqué Barkat dans une déclaration dans la journée de jeudi.
« Il n’y a pas de réfugiés à Jérusalem, seulement des résidents. Et ils recevront leurs services de la part de la municipalité de Jérusalem uniquement, comme tous les autres résidents », a-t-il ajouté. « La mairie, sur mon instruction, a développé un plan d’action détaillé pour remplacer tous les services de l’UNRWA par ceux de la municipalité de Jérusalem, notamment en termes d’éducation, de santé, d’aide sociale et d’assainissement ».
Selon le plan, les sept écoles dirigées par l’UNRWA – qui comptent 1 800 élèves au total – et qui fonctionnent sans autorisation du ministère de l’Éducation seront fermées à la fin de l’année académique, et les élèves seront intégrés dans les établissements scolaires déjà en place.
Barkat veut également exproprier ou louer les écoles de l’UNRWA de manière à ce qu’elles puissent être utilisées comme bâtiments municipaux. Il veut par ailleurs construire un complexe qui accueillera des services éducatifs et municipaux à proximité du quartier de Jérusalem-Est « dont les moyens seront nettement supérieurs à ceux fournis par l’UNRWA ».

La municipalité va également émettre des ordres de fermeture pour les centres médicaux de l’UNRWA qui opèrent sans l’approbation du ministère de la Santé et construire un nouveau centre public de santé à leur place, a ajouté Barkat.
Les programmes existants d’aide sociale de l’agence de l’ONU au sein du camp de réfugiés de Shuafat et de Kufr Aqeb, à proximité, seront maintenus mais ils seront transférés aux services d’aide sociale et d’emploi sous la direction de la ville, selon le plan de Barkat.
Les ordures et les infrastructures d’assainissement – qui, selon Barkat, sont actuellement organisées par l’UNRWA – seront également placées sous la responsabilité de la municipalité.
S’il a expliqué que les écoles seraient fermées à la fin de l’année scolaire actuelle, Barkat n’a par ailleurs donné aucun calendrier sur la mise en oeuvre de ces changements.

Au mois de mars, Barkat a annoncé qu’il ne briguerait pas un troisième mandat lors des élections municipales prévues pour le 30 octobre, et qu’il se présentera à la place à la Knesset sous l’étiquette du Likud.
Son remplacement à la tête de la municipalité ne serait pas lié au plan qui a été préparé par la commission.
En cessant de financer de l’UNRWA, les États-Unis ont également fait savoir qu’ils rejetaient le critère selon lequel l’agence de l’ONU définit les réfugiés palestiniens. L’instance confère le statut de réfugiés non seulement aux réfugiés originaux, mais aussi à leurs millions de descendants.
Le « droit au retour » est l’une des questions les plus essentielles du conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens clament que cinq millions de personnes – des dizaines de milliers de réfugiés qui vivaient à l’origine, dans ce qui est devenu Israël ainsi que leurs millions de descendants – doivent être autorisées à s’installer au sein de l’État juif. Une demande rejetée par Israël qui considère qu’elle représente une tentative des Palestiniens de détruire l’État juif sous le poids du nombre. Jérusalem affirme également que les autres réfugiés, au sein du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR) sont traités différemment et réinstallés bien plus rapidement.
Jérusalem a salué la décision américaine de couper ses financements.
Stuart Winer a contribué à cet article.