Le MASHAV israélien : entre tikkoun olam, intérêts et manque de budget
Transférer le savoir-faire technique et former les populations à leur utilisation, voici le but de l'agence israélienne créée en 1958. Son avenir, si noble soit-il, reste incertain
Au cours des toutes premières années de l’État d’Israël, lorsque le gouvernement s’était engagé dans une rude bataille pour développer un pays moderne, la ministre des Affaires étrangères de l’époque, Golda Meir, avait persuadé le Premier ministre David Ben Gurion que l’État juif avait l’obligation – morale aussi bien que politique – de partager ses connaissances, ses expériences et ses innovations techniques avec les autres jeunes nations en développement.
En 1958, seulement une décennie après la propre indépendance d’Israël et avant la création d’organisations comme l’USAID et le programme d’aide au développement des Nations unies, le gouvernement avait mis en place MASHAV, dont le nom est un dérivé de l’acronyme en hébreu de l’Agence israélienne pour la coopération au développement international.
Avec pour objectif de transférer le savoir-faire technique et de former les populations à leur utilisation – initialement en Afrique subsaharienne, où Golda Meir s’est rendue à plusieurs reprises – MASHAV a formé plus de 300 000 personnes issues de 140 nations en voie de développement jusqu’à présent.
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Un aperçu d’un livre de grande taille et à la couverture rigide consacré au travail de l’organisation, spécialement préparé pour son 60e anniversaire en 2018, dépeint une image émouvante de la manière dont ce pays minuscule qu’est Israël a mis en pratique le principe juif du tikkoun Olam (réparer le monde).
Les photographies, d’abord en noir et blanc, racontent les différentes manières dont MASHAV a aidé un grand nombre de pays dans leur lutte vers le développement dans les secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de l’autonomisation des femmes, de l’amélioration de l’eau et de la sécurité alimentaire, ou de la préparation aux situations d’urgence.
Ces dernières années, l’organisation a ajouté les innovations et l’entrepreneuriat à cette liste.
Au cours de ses toutes premières années, le MASHAV était l’un des principaux départements au sein du ministère des Affaires étrangères, recevant un pour cent du PIB israélien pour les travaux de développement en Afrique subsaharienne. Dans les années 1960, alors que 35 pays africains passaient du statut de colonies à celui de nations indépendantes, le MASHAV a participé à la construction d’hôpitaux, d’aéroports, d’universités et de routes dans presque tous les États africains. En fait, tant d’experts israéliens ont travaillé sur ce continent – experts en agriculture, ingénieurs et médecins, entre autres – que deux écoles ont été ouvertes pour les enfants israéliens, une en Afrique de l’Est et l’autre en Afrique de l’Ouest. Dans les années 1960, il y avait plus de 30 ambassades israéliennes sur le continent (un chiffre à comparer aux onze d’aujourd’hui).
Depuis, malgré tout, et à l’exception de quelques années seulement, le MASHAV a vu ses budgets s’effondrer.
L’année dernière, l’organisation a connu sa plus grands crise financière en date, l’amenant à réduire ses activités à l’étranger à un chiffre proche de zéro (la majorité des formations organisées au sein de l’État juif ont été maintenues).
Il n’y a pas eu un meilleur départ cette année. En l’absence d’un gouvernement israélien en mesure d’adopter un budget d’Etat – le pays est paralysé depuis plus d’une année après deux élections qui n’ont pas permis de rassembler une majorité au pouvoir – les ministères sont essentiellement financés sur une base mensuelle, au pro-rata, selon ce qui a été approuvé en 2019.
« Une frappe stratégique sur la présence et la réputation d’Israël »
Gil Haskel, le directeur de MASHAV au cours des cinq dernières années et demi et ancien ambassadeur israélien au Kenya – qui a été également en charge à ce moment-là de l’Ouganda, de la Tanzanie, du Malawi et des Seychelles – déclare que le manque de budget pour la seconde année consécutive constituait une « frappe stratégique sur la présence et la réputation internationale d’Israël. »
« Le MASHAV a toujours été la moelle épinière de la diplomatie israélienne en direction des pays en voie de développement et son absence a un effet négatif, sinon désastreux, sur la politique étrangère israélienne », déplore-t-il.
« Il y a d’énormes attentes de la part de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) et de la part des pays en développement concernant une aide apportée par Israël. Nous sommes en permanence approchés par l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du sud. Ils nous demandent où nous sommes passés et pourquoi nous avons disparu ».
Pendant la plus grande partie des sept dernières années, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a conservé le portefeuille du ministère des Affaires étrangères, nommant des loyalistes de son parti au poste de vice-ministre pour faire face aux impératifs.
Au cours de cette période, le ministère a presque été mis à genoux par des coupes budgétaires tellement sévères qu’il a dû mettre un terme à une grande partie de ses activités diplomatiques à l’étranger.
Sans personne pour plaider en faveur du ministère à la table du cabinet et avec un ordre du jour sur lequel figure à peine l’aide au développement, le MASHAV est resté nu face au ministère des Finances dont la mission est de se concentrer sur la ligne de fond.
Un pont entre Israël et le monde en développement
Aujourd’hui, les liens entretenus par Israël avec de nombreux pays en développement – voire la majorité – ont été créés par le biais de MASHAV, explique Haskel.
Pour ses cours de formation, le département cible d’éminents professionnels dans leurs secteurs qui affichent le potentiel d’endosser des positions de leadership dans leur pays d’origine. Parmi les diplômés, selon Haskel, figurent de nombreux ministres, ministres des Affaires étrangères, parlementaires, magistrats et officiers de police.
« Nous ne conditionnons pas notre aide », dit Haskel. « Mais sans la conditionner, nous voyons le processus tout entier de coopération dans le développement comme un témoignage d’amitié et de bonnes relations entre Israël et les pays partenaires, et nous nous attendons à recevoir de l’amitié et de bonnes relations qui ont des composantes de personne à personne, et signalent une confiance mutuelle et un soutien international ».
Des liens de causalité ne peuvent pas, bien sûr, être prouvés entre l’expérience des individus ayant accédé à des postes à haute responsabilité dans leur pays et les attitudes favorables à l’égard de Jérusalem – sans même mentionner des commandes de produits israéliens.
Mais les liens sont souvent clairs, selon des conversations entre le Times of Israel et des diplomates israéliens à l’étranger.
Mattanya (Mati) Cohen, ambassadeur israélien au Guatemala, qui est également responsable du Honduras, ne doute aucunement du fait que la décision prise par le président Juan Orlando Hernandez de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël a été influencée par son séjour au sein de l’Etat juif, quand il était jeune, pour prendre part à une formation MASHAV sur le leadership.
Hernandez a annoncé le mois dernier que son gouvernement transférerait son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem après l’ouverture d’une mission israélienne à Tegucigalpa.
Cohen a expliqué que Hernandez lui avait personnellement confié combien les outils qu’il avait acquis auprès de MASHAV l’avaient aidé à construire sa carrière publique.
Le Guatemala a ouvert son ambassade à Jérusalem le 16 mai 2018 – deux jours après l’ouverture de la mission des Etats-Unis dans la ville. Le ministre de l’Education du gouvernement du Guatemala, à l’époque, était diplômé de MASHAV. Selon Cohen, c’est grâce à la coopération de ce ministre que toutes les écoles du pays, aujourd’hui, passent une heure à enseigner Israël aux enfants tous les 14 mai, pour marquer la date de la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948.
En ce qui concerne les bienfaits pour l’image d’Israël, Mati Cohen – qui a également passé six ans à la tête du département de formation du MASHAV en Israël – a rappelé une précédente affectation au Salvador pendant l’opération « Plomb durci » entre Israël et les groupes terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, de décembre 2008 à janvier 2009. Le Salvador n’a pas de communauté juive qui aurait pu présenter le cas d’Israël, a-t-il dit, mais d’anciens diplômés du MASHAV dans le pays se sont mis à écrire des articles de journaux et à manifester pour soutenir l’État juif.
Non pas que cela fonctionne toujours de cette manière. Une diplômée, dont le travail l’a conduite dans des eaux moins positives, du point de vue de certains en Israël, est Fatou Bensouda, procureur en chef de la Cour pénale internationale à La Haye, et participante à une conférence du MASHAV il y a quelques années. En décembre, elle a annoncé qu’il y avait une « base raisonnable » pour ouvrir une enquête sur les crimes de guerre concernant les actions militaires israéliennes dans la bande de Gaza et le Hamas, ainsi que la construction dans les implantations israéliennes en Cisjordanie.
Les relations internationales sont, bien sûr, en fin de compte, une question d’intérêts. Comme le montre le livre de chevet du MASHAV, la nature des partenariats a évolué au gré des développements politiques. Ainsi, tous les pays africains sauf quatre ont coupé leurs relations avec Israël après la guerre de Kippour de 1973, indépendamment des liens qu’ils pouvaient avoir avec le MASHAV jusque-là.
Marier aide et commerce
De nos jours, Israël se situe au bas de la liste des pays de l’OCDE pour ce qui est de l’aide qu’il fournit aux pays en développement. Mais plutôt que d’augmenter l’aide, on parle dans les cercles gouvernementaux d’aider le secteur privé à accéder au monde en développement.
Israël a traditionnellement utilisé les canaux diplomatiques, la formation et l’aide techniques et les ventes d’armes pour changer les esprits et influencer les gens, tout en envoyant ses exportations vers les marchés traditionnels du monde développé.
Aujourd’hui, cependant, les exportations chutent face à la lenteur de la croissance et de la productivité des pays bénéficiaires. (Israël est toujours le huitième exportateur mondial d’armes, avec 46 % de ces exportations à destination de l’Europe et des États-Unis en 2018, 46 % vers l’Asie et le Pacifique, mais seulement 6 % vers l’Amérique latine et 2 % vers l’Afrique).
De nombreux pays en développement sont de plus en plus stables et se concentrent sur l’amélioration de la vie de leurs citoyens plutôt que sur la lutte contre les révolutions et les guerres.
L’aide au développement à l’étranger a été fortement critiquée dans certains milieux ces dernières années. Dans Dead Aid, par exemple, l’économiste et auteur zambien Dambisa Moyo a affirmé que les fonds transférés par les gouvernements ou la Banque mondiale directement aux gouvernements africains n’avaient fait qu’appauvrir les Africains et encourager leurs dirigeants à être corrompus.
On ne considère plus qu’une telle aide puisse fournir l’ampleur du financement ou l’investissement à long-terme nécessaire pour remédier aux maux du monde. Les pays en développement croulent sous les projets financés par des gouvernements animés de bonnes intentions, mais qui n’ont pas les moyens de garantir leur entretien et leur fonctionnement à long-terme.
En outre, de nombreux pays autrefois considérés comme nécessiteux, en particulier en Asie, ont aujourd’hui des classes moyennes solides et des économies en croissance.
Aujourd’hui, les espoirs de la plupart des gouvernements du monde développé reposent sur la possibilité d’utiliser les fonds publics pour susciter des investissements privés massifs et pour envoyer des entreprises privées – de préférence les leurs – en Afrique, en Asie et en Amérique latine qui, ensemble, représentent 60 % de l’économie mondiale.
Renforcer la « diplomatie financière »
Les institutions de financement du développement (IFD) sont l’affiche du développement à l’étranger pour le millénaire actuel, car elles se concentrent sur l’aide au monde en développement dans le cadre des objectifs de développement durable des Nations unies. Dans le même temps, beaucoup d’entre elles, mais pas toutes, exigent un rendement financier.
Au sommet de la pyramide se trouve la Banque mondiale, qui est au service de tous les pays en développement de la planète. En dessous, on trouve une poignée de banques régionales de développement telles que la Banque africaine de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Banque interaméricaine de développement.
Au niveau des pays, les membres de l’OCDE comptent maintenant un peu moins de 20 IFD nationales. Le Royaume-Uni en a une depuis 1948 et les États-Unis depuis 1971. Chacune d’entre elles, avec ses objectifs, ses priorités et sa portée géographique, fournit des fonds publics pour couvrir les risques et aider les entreprises privées travaillant dans les pays en développement à obtenir des prêts commerciaux à des taux raisonnables.
Les IFD nationales font équipe entre elles et avec les IFD régionales, avec des prêteurs commerciaux tels que les banques et éventuellement avec la Banque mondiale, pour fournir les sommes importantes nécessaires aux grands projets de développement.
« C’est désormais courant », a déclaré Zafrir Asaf, directeur des institutions financières et des marchés émergents au ministère de l’Economie et de l’Industrie, au Times of Israel. « Les besoins des pays en développement sont si importants qu’aucune institution financière ne peut y répondre seule ».
Il a ajouté : « Le problème pour nous est qu’avec la plupart du monde qui se tournent vers les pays en développement, Israël n’est pas encore dans la course ».
Mais cela pourrait changer.
Depuis 2014, le gouvernement israélien a adopté des résolutions appelant à développer le commerce avec, par ordre chronologique, l’Amérique latine, la Chine, l’Afrique et l’Inde. M. Netanyahu a donné suite à ces résolutions en se rendant dans des pays en développement et en invitant leurs dirigeants à se rendre à Jérusalem.
Mais il n’y avait pas de véritable stratégie et aucune coordination entre les différents ministères.
La décision gouvernementale n° 4021, adoptée en juillet 2018, visait à remédier à cette situation, en mandatant la nomination d’une commission interministérielle sous l’autorité du directeur général du Cabinet du Premier ministre.
La décision prévoit la création d’une commission interministérielle composée de 14 directeurs généraux et responsables d’organismes tels que la Direction nationale du cyberespace pour coordonner les activités internationales des différents ministères ; l’établissement de priorités pour les actions en faveur du monde en développement (sur quels pays et domaines se concentrer, par exemple) ; et la création d’une stratégie pour le développement international qui s’appliquera à tous les ministères.
Quatre équipes de travail ont été mises en place pour aider à formuler la stratégie. Elles s’occupent d’aider le secteur privé à mieux accéder aux pays en développement, de tirer parti de l’expertise d’Israël en matière d’innovation, de fournir des financements – ce qui inclut l’examen des possibilités d’une IFD – et de revoir le rôle du développement et de l’aide humanitaire à l’étranger ; Gil Haskel du MASHAV fait partie de cette équipe.
De nombreuses consultations ont eu lieu avec des organismes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Israël, dans le monde gouvernemental, des affaires et des organisations à but non lucratif. En 2018, les membres du public ont été invités à donner leur avis.
Les responsables du Bureau du Premier ministre sont maintenant à un stade avancé de l’élaboration d’un rapport intérimaire qui sera présenté à tout gouvernement formé après les élections du 2 mars. Il sera publié après un accord et, après que les commentaires auront été pesés, une version finale sera présentée pour approbation.
Une sous-commission des IFD, composée de représentants d’un large éventail d’agences et de ministères – dont le ministère des Affaires étrangères – a examiné et rencontré les responsables de différentes IFD nationales et a consulté l’OCDE.
En janvier dernier, le Bureau du Premier ministre et le Milken Innovation Center/Blum Lab for Developing Economies du Jerusalem Institute for Israel Studies ont parrainé conjointement un laboratoire d’innovations financières sur le sujet. Celui-ci a attiré 52 professionnels d’Israël et d’outre-mer, des IFD multilatérales et bilatérales, des investisseurs financiers internationaux, des groupes de réflexion, des banques d’investissement, des banques mondiales et des fondations philanthropiques.
« En plus de renforcer la croissance économique au niveau national, l’IFD apportera une valeur ajoutée significative grâce à une diplomatie financière qui soutient le développement technologique et économique et la promotion du travail sur le terrain », a indiqué un rapport sur la conférence.
Zafrir Asaf, qui explore le modèle de IFD au ministère de l’Economie depuis deux ans, a déclaré qu’une IFD israélienne allait exploiter les atouts d’Israël. Elle cherchera à pénétrer les marchés en développement pour les entreprises – et le pays en compte des centaines – travaillant dans les domaines de la santé, du dérèglement climatique (agriculture, énergies renouvelables et eau) et du développement numérique, qui comprend la technologie financière et le cyber-développement.
Établir les liens
Le département d’Asaf travaille dur pour établir les liens nécessaires entre les entreprises israéliennes et le potentiel du monde en développement et leur apprendre à travailler avec les IFD, tout en présentant ce qu’Israël a à offrir aux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud.
Le coût de la coopération n’est pas nécessairement élevé lorsqu’il y a de bons rendements.
Le gouvernement a investi 3 millions de dollars, par exemple, pour aider la Banque interaméricaine de développement à déterminer les besoins et à préparer des cyber-projets en Amérique latine pour lesquels les entreprises israéliennes peuvent répondre à des appels d’offres. La banque a déjà utilisé une partie de cet argent pour aider l’Uruguay à définir ses besoins et à lancer un appel d’offres pour un cyber-projet. La moitié des candidats étaient des entreprises israéliennes. Le gagnant n’a pas encore été annoncé.
Le ministère des Finances devra être convaincu que ses dépenses rapporteront de bons rendements. Un investissement du gouvernement dans une IFD de 100 à 500 millions de dollars est ce qui a été discuté. Selon M. Asaf, les recherches menées dans huit IFD nationales ont montré un rendement moyen de 8 % par an au cours des deux décennies allant jusqu’en 2018. « C’est un modèle d’entreprise solide ».
Et les rendements, a-t-il dit, comprennent non seulement les intérêts sur les prêts mais aussi les contrats pour les entreprises locales (un avantage, plutôt qu’une condition du prêt), les taxes que ces entreprises transféreront au Trésor et, bien sûr, les retombées géopolitiques clairement attendues exprimées en soutien à Israël dans les organisations internationales.
« Plus vite nous comprendrons que le monde entier se dirige vers les pays en développement, mieux ce sera », a déclaré M. Asaf.
« L’élément clé à saisir est la double ligne de fond. Le concept de base est qu’il est correct de gagner de l’argent et de faire le bien ».
Où en est le MASHAV et l’aide au développement à l’étranger ?
Il reste à voir ce que dit le rapport intérimaire du Bureau du Premier ministre sur l’équilibre entre l’aide au développement et l’activité du secteur privé.
MASHAV, après tout, est assez particulier. Plutôt que de distribuer de l’argent aux gouvernements, il a, par le biais de la formation et de l’assistance technique, fourni aux bénéficiaires la proverbiale canne à pêche plutôt que le poisson.
Le MASHAV continuera-t-il à être responsable de la formation technique ou sera-t-il plus durable de faire en sorte que les entreprises qui créent les projets assurent la formation à un certain coût ? Recevra-t-il des fonds uniquement pour aider dans les situations d’urgence et les catastrophes et pour opérer dans les pays les plus pauvres et les plus fragiles que les entreprises ne toucheront pas ?
Invité à commenter l’importance du MASHAV, Ran Gidor, ambassadeur en Géorgie, qui était jusqu’à la fin de l’année dernière ambassadeur au Cameroun, responsable de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine, du Congo et du Gabon, a écrit un long courriel passionné au Times of Israel pour louer les multiples contributions de l’organisation.
Le MASHAV, qu’il a décrit comme « un rayon unique de lumière dans l’obscurité », créé par la contribution d’Israël à l’aide au développement, par ailleurs minime, a joué un rôle essentiel dans l’établissement de relations dans les pays en développement où les économies étaient souvent centralisées et la corruption répandue et que ces relations ont contribué à promouvoir les exportations, le commerce et les investissements d’Israël.
Il existe d’innombrables exemples de ce qui a commencé comme de l’aide humanitaire et a abouti plus tard à des accords d’exportation, a-t-il ajouté.
« D’après mon expérience en Afrique, en Chine et dans le Caucase, de nombreux diplômés du MASHAV occupent des postes de très haut niveau – PDG, directeurs d’organisations et de grandes entreprises, ministres et membres de Parlement ». Dans ces postes, l’expérience du MASHAV a souvent influencé leurs décisions budgétaires.
« Il est difficile d’expliquer aux dirigeants, aux chefs d’entreprise et aux contacts importants pourquoi l’État prospère d’Israël, avec ses réalisations technologiques, scientifiques et économiques, a choisi de ne pas poursuivre l’aide humanitaire et le développement international comme la plupart des autres pays développés dans le monde », a déclaré M. Gidor.
Avec les coupes budgétaires, les contacts politiques, commerciaux, économiques, diplomatiques, culturels et universitaires établis avec beaucoup de travail pendant plusieurs décennies se sont effondrés.
« Nos partenaires locaux sont étonnés que le MASHAV ait pratiquement cessé d’exister et se tournent vers d’autres pays pour poursuivre la coopération dans des activités que nous avons nous-mêmes initiées.
« Ainsi, par exemple, les ingénieurs des eaux, les experts agricoles, les directeurs généraux des ministères et les hauts fonctionnaires des organisations de la société civile, qui ont bénéficié de nos connaissances et de nos investissements technologiques, sont obligés en ce moment de se tourner vers nos concurrents, par exemple vers les sociétés agricoles espagnoles et italiennes et les entreprises américaines du secteur de l’eau ».
Il a conclu : « Il est clair qu’au XXIe siècle, le rôle de la diplomatie doit s’adapter à une nouvelle réalité. Néanmoins, même à une époque où le secteur des affaires et les organismes de financement internationaux investissent des sommes énormes dans les pays en développement, rien ne peut remplacer une activité gouvernementale objective, professionnelle et réfléchie, précisément parce qu’elle n’est pas motivée par des considérations de profit ».
« Aucune banque commerciale internationale n’investira dans la formation professionnelle d’un jeune agronome dans un pays africain, alors que le diplomate qui l’interroge en face à face peut identifier son potentiel et lui assurer la chance de sa vie », a-t-il ajouté. « Dans quelques années, ce même agronome sera à la tête d’une entreprise agricole et pourrait même devenir ministre de l’Agriculture dans son propre pays, et alors l’investissement israélien se justifiera ».
Mati Cohen a déclaré qu’il serait ravi que le gouvernement israélien fournisse les conditions et les incitations nécessaires pour que davantage d’entreprises israéliennes travaillent dans les pays en développement.
Mais, a-t-il ajouté, « cela prendra du temps ».
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