Le « métro de Gaza » : « l’enfer » des tunnels du Hamas
Ce réseau ultra-complexe rend incertaine l'issue de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre
Le démantèlement du réseau de tunnels creusés dans la bande de Gaza par le Hamas constitue l’un des plus grands défis attendant l’armée israélienne qui veut priver le mouvement terroriste palestinien de toutes ses « capacités d’action ».
« L’enfer sous terre », a titré cette semaine Maariv. Le quotidien israélien a souligné « la complexité » de ces tunnels qui contraindra les militaires au sol à « une guerre en trois dimensions », en raison du feu nourri en provenance d’immeubles et de drones, mais aussi de sous terre.
Surnommé « le métro de Gaza » par les militaires, ce réseau rend incertaine l’issue de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, à partir du territoire palestinien de la bande de Gaza.
La guerre a éclaté après le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas. Lors de cette attaque barbare menée contre Israël, près de 2 500 terroristes ont fait irruption en Israël depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime. Ils ont tué plus de 1 400 personnes, dont une majorité de civils, au cours de raids sur plus de 20 communautés frontalières près de la bande de Gaza, massacrant des familles entières dans leurs maisons et au moins 260 fêtards lors d’un festival de musique en plein air. Les terroristes ont également enlevé au moins 245 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, qu’ils ont entraînées dans la bande de Gaza où elles sont toujours retenues captives.
« Cauchemar souterrain »
Dans une étude publiée le 17 octobre, l’Institut de la guerre moderne de l’académie militaire américaine West Point qualifie de « cauchemar souterrain » les tunnels du Hamas et évoque « une malédiction à laquelle fait face l’armée israélienne » pour laquelle « il n’y a pas de solution parfaite ».
« La taille du défi dans Gaza où des centaines de kilomètres de tunnels s’entrecroisent sous terre dans cette enclave, est totalement unique », écrit l’auteur de cette étude, John Spencer.
« C’est une véritable ville souterraine », écrit M. Spencer qui parle de 1 300 galeries sur 500 km, sous un territoire exigu de 41 km de long sur une largeur qui varie de 6 à 12 km.
Le casse-tête posé par ce dédale invisible est encore compliqué par la présence de 2,4 millions de Gazaouis, dont a moitié sont des enfants, et des ruelles étroites et un habitat urbain très dense.
Samedi, l’armée israélienne a annoncé que ses avions de combat avaient frappé pendant la nuit « 150 cibles souterraines dans le nord Gaza, dont des tunnels utilisés par les terroristes, des sites de combat et d’autres infrastructures souterraines. »
« Sous les hôpitaux »
Le mouvement terroriste islamiste palestinien dirige et organise l’essentiel de ses opérations depuis ce gigantesque réseau, y stocke son arsenal, et pourrait y détenir les otages.
Le général Daniel Hagari, porte-parole de l’armée, a expliqué vendredi que le Hamas opère « sous les hôpitaux » de Gaza où se trouvent des accès au réseau de tunnels. Le Hamas a démenti accusant Israël de chercher un prétexte à ses bombardements, alors que des terroristes capturés par l’armée ont corroboré ces faits.
Une des otages israéliennes du Hamas, libérée lundi, s’est rappelée qu’après son enlèvement, elle avait été conduite dans « un réseau de tunnels » souterrains « pendant deux ou trois heures ».
Sur X (anciennement Twitter), Mick Ryan, général à la retraite, chercheur associé au CSIS (Center for Strategic and International Studies) à Washington, explique que, renseigné par ses drones sur les déplacements des soldats israéliens, « le Hamas pourra exploiter plus efficacement son réseau souterrain pour déplacer ses combattants au bon endroit et au bon moment ».
500 000 dollars le kilomètre
Après la prise de pouvoir du Hamas en 2007, les Palestiniens avaient commencé à ouvrir des centaines de galeries sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler des gens, des biens, mais aussi des armes et des munitions entre Gaza et le monde extérieur.
Pendant des années le Hamas et le groupe terroriste du Jihad islamique ont ainsi fait entrer des roquettes acheminées depuis l’Iran vers le Soudan, puis, par des réseaux de contrebande, via l’Egypte, notamment entre juin 2012 et juillet 2013, selon des experts militaires occidentaux.
« Mais depuis 2014, la principale mission du Hamas a été de développer un réseau de tunnels souterrains permettant de circuler à travers Gaza », souligne un responsable militaire israélien, chiffrant à 500 000 dollars le coût de construction de chaque kilomètre de galerie.
Les terroristes du Hamas, parfois cachés jusqu’à 30 ou 40 mètres sous terre, peuvent y circuler et se protéger des frappes tandis que des batteries de lance-roquettes cachées à quelques mètres de profondeur peuvent en sortir grâce à un système de trappe pour tirer rapidement et se cacher à nouveau, selon des images de l’armée.