Le ministère de la Santé israélien met en garde contre un virus chinois mortel
Les autorités conseillent aux visiteurs de Wuhan de se tenir à l'écart des marchés aux animaux ; un médecin confirme la transmission interhumaine
Le ministère de la Santé israélien a émis lundi un avertissement aux voyageurs qui se rendent dans la ville de Wuhan, dans le centre de la Chine, en raison de l’apparition d’une mystérieuse maladie respiratoire dans la ville, qui a déjà fait trois morts.
La Dr Emilia Anis, directrice de la division épidémiologique du ministère de la Santé, a déclaré dans un message vidéo que ceux qui se rendent en ville doivent « éviter tout contact avec les animaux, morts ou vivants, et éviter de passer du temps dans les marchés aux animaux ».
« Il est également conseillé d’éviter tout contact étroit avec des personnes souffrant de maladies respiratoires et de maintenir une bonne hygiène », a-t-elle ajouté.
La médecin a indiqué que le ministère était en contact avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les centres américains de contrôle des maladies et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies pour obtenir une mise à jour précise de la situation.
On pense que l’épidémie a commencé à la fin du mois dernier, lorsque certaines personnes l’ont contractée sur un marché de produits frais à Wuhan.
Les autorités sanitaires de la ville ont déclaré lundi que 136 cas supplémentaires avaient été détectés dans la ville, portant le total à 198.
L’avertissement du ministère fait suite à la confirmation par un expert chinois en maladies infectieuses que la maladie se transmettait entre humains.
Le virus, de la famille du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), touche désormais plusieurs grandes villes du pays – dont Pékin et Shanghai – et trois autres pays d’Asie : le Japon, la Corée du Sud et la Thaïlande.
Zhong Nanshan, un scientifique chinois renommé de la Commission nationale de la santé, a déclaré lundi soir à la télévision publique chinoise CCTV que la transmission par contagion entre personnes était « avérée ». C’est la première fois qu’une telle affirmation est faite publiquement.
L’OMS estime pour sa part qu’un animal semble être « la source primaire la plus vraisemblable », avec « une transmission limitée d’humain à humain par contact étroit ».
La souche incriminée constitue un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ceux-ci peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme (comme un rhume), mais aussi d’autres plus graves comme le Sras.
Zhong Nanshan avait contribué à évaluer l’ampleur de l’épidémie de Sras en 2002-2003 qui avait très durement touché la Chine.
Sur 8 096 cas, ce virus avait fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong, selon l’OMS. L’organisation internationale avait à l’époque vivement critiqué la Chine pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de l’épidémie.
D’après le scientifique, les patients peuvent contracter le virus sans avoir visité Wuhan.
Dans le sud de la province de Guangdong, deux personnes ont été contaminées par des membres de leur famille qui s’étaient rendus à Wuhan, a-t-il ainsi indiqué à CCTV.
En plein chassé-croisé dans les transports avant le Nouvel an chinois samedi, qui fait craindre une accélération des contaminations, le président Xi Jinping a exhorté, lundi, le pays à se mobiliser.
Il a appelé à enrayer l’épidémie, selon des propos rapportés par la télévision nationale. M. Xi a jugé « absolument crucial de faire un bon travail en matière de prévention et de contrôle épidémiologiques ».
Les consignes n’ont pas tardé à être appliquées.
« La récente apparition d’une nouvelle pneumonie par coronavirus à Wuhan et dans d’autres endroits doit être prise au sérieux », a fait savoir le président Xi Jinping dans sa première déclaration publique sur la crise. « Les comités du parti, les gouvernements et les services concernés à tous les niveaux doivent accorder la priorité à la vie et à la santé des gens », a rapporté la chaîne publique CCTV.
L’inquiétude est désormais perceptible à l’étranger, où les mesures de prévention se multiplient dans les aéroports accueillant des vols en provenance de Wuhan, notamment aux États-Unis, en Thaïlande, à Singapour et en Australie.
Le virus à l’origine de l’épidémie actuelle est différent de ceux identifiés précédemment, ont déclaré des scientifiques chinois au début de ce mois. Les premiers symptômes du nouveau coronavirus sont la fièvre, la toux, une impression de resserrement thoracique et l’essoufflement.
L’AFP a contribué à cet article.