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Le ministre de la Culture (encore) persona non grata à la cérémonie des Prix Ophir

Critiqué pour sa proposition de réforme de l'industrie cinématographique, Miki Zohar a dit qu'il avait de toute façon décidé de ne pas y assister "compte tenu de la situation du pays"

Le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, dans son bureau, à Jérusalem, le 2 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, dans son bureau, à Jérusalem, le 2 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’Académie israélienne du cinéma et de la télévision n’a pas invité le ministre de la Culture, Miki Zohar, à la cérémonie de remise des Ophir cette année – la version israélienne des Oscar – , a déclaré dimanche le cabinet du ministre par voie de communiqué.

« Le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, n’avait pas l’intention de se rendre à la cérémonie des Ophir cette année en raison de la situation du pays », a déclaré son cabinet. « Le ministre Zohar estime que dans la mesure où des otages se trouvent encore aux mains du Hamas et que les héroïques soldats de Tsahal risquent leur vie sur plusieurs fronts, il serait inapproprié qu’il participe à une cérémonie aussi festive. »

« Le ministre n’a pas reçu d’invitation à cette cérémonie », ajoute-t-il.

Cela fera donc deux ans d’affilée que Zohar ne prend pas part à la cérémonie.

Zohar s’est néanmoins récemment rendu à Paris à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été 2024.

La cérémonie de remise des prix de cette année mettra l’accent sur la guerre et le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre, notamment dans la section courts métrages documentaires.

Dans une déclaration pour le site Ynet, l’Académie israélienne du cinéma et de la télévision a expliqué que les Ophir « se dérouleront dans un format limité et informel, et ne seront pas retrannsmis en direct à la télévision ». Elle a ajouté que, pour la même raison, elle avait décidé de ne pas décerner de prix à un artiste pour l’ensemble de sa carrière, une première en l’espace de 32 ans.

Sasson Gabai, à gauche, remet un prix au réalisateur Samuel Maoz lors de la cérémonie des Ophir 2017, le 19 septembre 2017. (Crédit : Flash90)

Elle souhaite que la cérémonie puisse se tenir dans son format « habituel » en 2025.

On ignore à ce stade si le format limité de la cérémonie explique la non-invitation de Zohar cette année.

Les membres de l’industrie cinématographique s’opposent vivement au projet de réforme gouvernemental qui aurait pour effet de prioriser l’allocation de fonds publics à des films commerciaux, au détriment des films artistiques et documentaires plus axés sur la périphérie et les minorités d’Israël. Les fonds seraient donc alloués aux productions en fonction du nombre de spectateurs et de billets vendus.

Les professionnels voient dans cette proposition une tentative du gouvernement israélien de droite de faire taire les voix libérales et limiter l’expression des points de vue non conventionnels.

Des spectateurs de la Cinémathèque de Tel Aviv, le 9 mars 2018 (Moshe Shai/Flash 90)

En juillet, acteurs, cinéastes, réalisateurs et autres professionnels de l’industrie cinématographique se sont rassemblés pour manifester contre le projet de réforme de Zohar.

« Cette réforme a vocation à museler la critique et empêcher toute forme de discussion », a déclaré le réalisateur Joseph Cedar lors d’une conférence de dernière minute durant le Festival du film de Jérusalem. « Les films critiques disent la vérité, et dans la plupart de ces films critiques, on trouve beaucoup d’amour pour Israël. »

Selon le site d’information Ynet, il y a de cela un peu plus d’un mois, la commission de l’Éducation, de la Culture et des Sports de la Knesset a organisé un débat sur la question, au cours duquel le président de l’Organisation des acteurs israéliens a affirmé : « La culture ne se mesure pas uniquement grâce aux cotes d’écoute ».

Zohar a indiqué lors de ce débat son plein et entier soutien au projet de réforme, tout en ajoutant que rien ne serait fait « sans l’accord des services juridiques ».

Jessica Steinberg a contribué à cet article.

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