Le musée de la Tolérance et la municipalité de Jérusalem vont travailler ensemble
Laissant derrière eux leurs querelles, le maire a rencontré le co-président du musée Larry Mizel ; les deux parties sont décidées à ouvrir une nouvelle page dans leurs relations
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le musée de la Tolérance à Jérusalem (MOTJ) et la municipalité de Jérusalem ont décidé d’écrire une nouvelle page dans leurs relations, avec la confirmation donnée dimanche qu’ils travailleront ensemble dans un esprit de totale collaboration et de partenariat.
Une initiative qui survient alors que le musée – éclaboussé par la controverse depuis deux décennies, par des travaux interminables et par diverses poursuites devant les tribunaux – se prépare à ouvrir partiellement ses portes au public, le 15 mai.
Cette inauguration sera marquée par l’exposition de 120 œuvres réalisées par des photographes de renommée internationale, des clichés qui seront l’occasion de découvrir des aspects de la vie au sein de l’État juif naissant pour marquer le 75e anniversaire d’Israël.
Jeudi, un événement a été organisé par le musée en collaboration avec le Jerusalem Post pour remercier environ 120 donateurs.
Il a été l’occasion d’un discours déterminant de Ron DeSantis, gouverneur de Floride et candidat potentiel à la nomination républicaine dans la course à la Maison Blanche.
Le maire de Jérusalem, Moshe Lion, s’est aussi exprimé lors de cette soirée.

Vendredi, Lion s’est entretenu avec le co-président du musée, Larry Mizel, et avec le responsable de ses opérations, Jonathan Riss.
Le directeur-général du Conseil a nommé Ariela Rejwan, son adjointe en charge de la culture et des loisirs, comme interlocutrice de la ville pour le musée.
Un communiqué municipal a indiqué que « le musée de la Tolérance travaille en coordination et en partenariat avec la municipalité de Jérusalem ».
Il a précisé que des responsables de la ville visiteraient le musée dans les prochains jours pour établir un calendrier en vue de l’ouverture totale au public du bâtiment. Il a ajouté que la coopération serait « optimisée » dans l’intérêt des résidents de Jérusalem et des nombreuses délégations venues d’Israël et du monde qui se rendraient au musée à l’avenir.
S’étendant sur 17 500 mètres-carrés, avec des travaux de construction qui ont coûté 230 millions de dollars, ce bâtiment gigantesque est quatre fois plus grand que Yad Vashem, le musée de la Shoah du pays.

Les visiteurs venus dans le musée, jeudi, ont pu déambuler au gré de ses deux étages supérieurs, des étages qui sont reliés par ce qui ressemble à un escalier flottant. Les sols sont blanc cassé, fabriqués à l’aide du même marbre portugais « moka crème » qu’à l’extérieur, mais avec une finition différente. Les sièges qui agrémentent l’auditorium, qui peut accueillir 400 personnes, viennent d’Italie tandis que les plafonds du bâtiment intègrent un traitement acoustique haut-de-gamme en provenance d’Allemagne. Les baies vitrées, qui vont du sol au plafond, ouvertes vers le sud, surplombent le parc de l’Indépendance, avec un système permettant de minimiser la chaleur et les radiations du soleil.
Selon Riss, l’objectif de ces aménagements est de fournir l’ambiance la plus propice au dialogue.

A l’extérieur, le bâtiment veut ressembler à un pont reliant le Jérusalem-Est (arabe) au Jérusalem-Ouest (juif), la Vieille ville et la nouvelle.

Un amphithéâtre extérieur de mille places accueillera sur sa scène des pièces de théâtre et des concerts et un bouton permet également de faire apparaître un écran gigantesque de cinéma, les piliers des projecteurs étant ravalés dans le sol.

Les deux niveaux souterrains ne sont pas encore terminés – une question qui, jusqu’à présent, avait tendu les relations entre le musée et la ville.
Le premier niveau souterrain comprend un théâtre de 150 places et une série de loges pour les artistes qui viendront s’illustrer au musée. Il accueillera, à terme, un musée pour les enfants sur une surface de 14 000 mètres-carrés.
Le deuxième niveau contiendra un musée pour les adultes qui s’étendra sur 3 000 mètres-carrés.
Le responsable des opérations du musée de la Tolérance, Jonathan Riss, a indiqué au Times of Israel qu’il pensait qu’il faudrait encore 18 mois pour terminer le musée.

Le projet avait initialement été annoncé en l’an 2000 par le rabbin Marvin Hier, doyen et fondateur du Centre Simon Wiesenthal et de son musée de la Tolérance à Los Angeles.
C’est le célèbre architecte Frank Gehry qui avait été responsable des premiers plans de construction, mais il avait abandonné le projet en 2010. Il avait été remplacé par les Israéliens Bracha et Michael Chyutin qui sont à l’origine de la création du bâtiment actuel.
Quand l’Autorité israélienne des antiquités avait commencé ses fouilles habituelles en amont des travaux, des informations avaient laissé entendre que des tombes et des ossements avaient été retrouvés. Une organisation proche de la Branche du nord du Mouvement islamique – un mouvement dorénavant interdit – avait déposé une requête devant la Haute cour, réclamant que le musée ne soit pas construit sur le site.
La Cour avait d’abord suspendu les fouilles en 2005 mais elle avait statué en 2008 que les travaux de construction pouvaient reprendre. La crise financière mondiale était survenue à ce moment-là, augmentant encore la facture du musée.
Enfin, les travaux avaient recommencé – mais ils n’étaient pas terminés quand la pandémie de coronavirus avait fait son apparition, piégeant les ouvriers chinois en Chine et reportant encore le travail architectural d’une entreprise américaine qui devait intervenir dans le musée.
L’année dernière, la municipalité de Jérusalem avait perdu patience et elle avait tenté de faire invalider un accord autorisant le musée à construire un auditorium sur la place des Chats, face au bâtiment, une initiative restée vaine.

Riss, un Israélien basé à Denver, dans le Colorado, est impliqué dans ce projet depuis 23 ans. Il a accompagné le musée à travers toutes ses difficultés.
Il a travaillé récemment avec Mizel dans le but de rajeunir le conseil d’administration du musée. Il a notamment fait venir le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams, qui a aidé à organiser des événements internationaux de premier plan dans la capitale dans les domaines du sport et de la culture.
Les noms des nouveaux membres du conseil d’administration seront annoncés dans les prochaines semaines.