Le Noé biblique au cœur du dérèglement climatique dans l’Israël d’aujourd’hui
The Book of Noah est l'ode de Yoni Hammer-Kossoy à l'environnement et à son jardin, ainsi qu'à l'industrie de haute technologie qu'il a délaissée après 25 ans de carrière
Yoni Hammer-Kossoy a presque toujours été un « écrivain », se souvenant des choses en les écrivant – des notes d’absence pour son jeune frère, puis des notes pour le réprimander lorsqu’ils étaient plus âgés, ainsi que des idées, des pensées ou autres réflexions.
Mais l’idée « de s’essayer à être poète », a-t-il dit, « est venue beaucoup plus tard ».
The Book of Noah (« Le livre de Noé » aux éditions Grayson Books) est le premier recueil de poèmes de Hammer-Kossoy, officiellement sur les étagères (et sur Amazon) ce mois-ci.
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Il a capturé une compilation de moments artistiques, en particulier sur le Noé biblique, l’arche qu’il a construite et le déluge à venir en tant que métaphore de notre époque en plein dérèglement climatique.
Il s’agit d’une poésie extrêmement accessible, même pour les lecteurs qui ne font pas de poésie. Une grande partie de l’œuvre de Hammer-Kossoy est écrite en prose, sans retour à la ligne, mais avec les fragments, les répétitions, les métaphores et les rimes qui sont associés à la poésie plus classique.
Hammer-Kossoy explique qu’il aime l’accessibilité de la poésie en prose, car elle permet « une sorte d’arc narratif ».
« À bien des égards, la prose est le cabot du monde de la poésie, car personne ne sait ce que c’est », a déclaré Hammer-Kossoy. « Cela étant dit, elle laisse beaucoup d’espace pour manœuvrer avec les mots. »
Son objectif était de capturer et de distiller un moment, a déclaré Hammer-Kossoy, « d’entendre une voix particulière et de la faire ressortir, sans essayer de raconter toute l’histoire – juste de capturer des moments ».
Il y est parvenu, car The Book of Noah est souvent drôle et réel, mais aussi profond, émouvant et tout à fait accessible. Hammer-Kossoy écrit sur le Noé biblique et le déluge comme une métaphore de notre époque, des incendies de forêt qui font rage et des inondations qui submergent les terres.
Madame Noé, le yin du yang de Noé, apparaît dans plusieurs poèmes, ainsi que des objets courants tels qu’un abri de jardin en plastique qui se présente comme une sorte d’arche moderne. Il y a une prière pour la crème solaire et des réflexions sur ce qui a dû se passer à l’intérieur de l’arche.
De courts essais et des ouvrages font facilement le lien entre les temps bibliques et l’ère moderne, rappelant au lecteur que Noé n’était qu’un homme qui tentait d’accomplir un commandement de Dieu.
Hammer-Kossoy est capable de prendre les idées les plus banales, comme la conversion de Fahrenheit en Celsius – constamment effectuée par les immigrants américains en Israël, comme Hammer-Kossoy qui est originaire de Brooklyn – et ensuite d’écrire sur les températures et ce que ces températures en hausse peuvent signifier aujourd’hui.
L’idée d’écrire sur Noé n’était pas évidente au départ.
Yoni Hammer-Kossoy, qui est marié à Meesh Hammer-Kossoy, une rabbin orthodoxe ordonnée et professeure de Talmud et de rabbinat à l’Institut d’études juives Pardes de Jérusalem, aime les parachiyot – ou portions hebdomadaires de la Torah – l’écriture et le midrash, c’est-à-dire les interprétations de la Torah.
Chaque année, en entendant la lecture de la paracha concernant Noé à la synagogue, Hammer-Kossoy réfléchit aux différents aspects de l’Histoire, de l’environnement au syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Il y a quelques années, il a écrit un poème sur Noé qui avait été publié dans une petite revue de poésie, imaginant ce qu’il se passait sur l’arche.
En tant que poète débutant, « j’écrivais sans cesse des poèmes terribles sur l’environnement », a déclaré Hammer-Kossoy.
« J’écrivais un poème et ma femme me disait ‘c’est très bien, mais arrête de monologuer, d’en faire des caisses’. Il était très tentant de s’engager dans cette voie, c’était facile », a-t-il reconnu.
Hammer-Kossoy a finalement opéré des changements majeurs dans sa vie, décidant de quitter le monde de la high-tech après 25 ans de carrière et d’obtenir une maîtrise en poésie dans le cadre du programme Shaindy Rudoff Creative Writing MA Program de l’université Bar Ilan.
Ce programme de deux ans, que Hammer-Kossoy a suivi pendant la pandémie de coronavirus, lui a enfin permis de se concentrer sur son travail, alors qu’il « essayait d’entendre un peu plus ce que Noé avait à dire ».
« Pour moi, l’idée d’un poème qui fonctionne n’est pas tant un poème où je vous dis ce que je ressens à propos du monde, mais l’idée d’essayer de vous le faire ressentir, il faut que ce soit accessible », a-t-il déclaré. « La poésie est une forme comprimée de mots et de connexions ; chaque poème est un petit exercice d’attention : qu’est-ce que cela fait pour moi et pour la personne qui le lit ? »
Lentement, The Book of Noah a commencé à prendre forme, avec des poèmes sur la technologie et les rêves désillusionnés autour de l’idée du Noé biblique, qui ne prononce pas un mot, mais qui se fait plutôt titiller par Hammer-Kossoy ou par Madame Noé.
« Il y a là quelque chose d’amusant », a-t-il déclaré. « Je ne voulais pas d’un recueil de poèmes sur la nature, ni d’une sorte de poésie nombriliste. Je savais très bien ce que je ne voulais pas faire. »
Ce que Hammer-Kossoy, qui enseigne en plus d’écrire de la poésie, a voulu accomplir, c’est capturer ce que c’est que de vivre une vie urbaine et suburbaine en Israël et ce que cela fait de la relation d’une personne avec le monde naturel.
La dernière partie de The Book of Noah comprend des recherches sur les glaciers et le plastique, le carbone et l’industrie pétrolière, mais il revient sans cesse à Noé, un homme à qui l’on a donné 120 ans pour construire son arche, et se demande ce que les gens autour de lui pensent de ses actions et de leurs propres responsabilités à l’égard du monde qui les entoure.
Dans une certaine mesure, le livre est une ode à l’activisme, car Hammer-Kossoy souhaite que les gens le lisent et se posent des questions sur leur relation avec le monde qui les entoure. Mais il ne leur dit pas d’aller manifester. Ça, c’est au lecteur d’en décider.
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