Le parti-pris des médias australiens vire au trope antisémite
Les attaques sur la communauté juive sont rarement physiques mais sont plus insidieuses lorsqu’elles sont imprimées
Melbourne – « Racaille juive » inscrit sur les murs d’une école juive à Perth. Un homme juif battu dans la rue à Melbourne parce qu’il portait un T-shirt avec une inscription écrite en hébreu dessus.
Aussi choquants que ces incidents puissent être, ce sont les seules « attaques » sur la communauté juive en Australie depuis le début de l’opération Bordure protectrice.
Oui, il y a eu des manifestations pro-palestiniennes dans les principales villes où des milliers de personnes ont défilé en décriant Israël, en brandissant des bannières et des pancartes qui comparaient les actions de l’Etat juif aux actions des nazis.
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Même si la communauté est en alerte maximale et craint le pire, l’Australie a été épargnée par les actes de violence et de vandalisme antisémites que l’on a pu voir dans les rues européennes.
Cela étant dit, il y a quand même une atmosphère d’inquiétude et de malaise dûe aux attaques des médias contre Israël.
Ce que beaucoup considèrent comme les pires cas sont arrivés le week-end dernier. Il y a eu un reportage de l’émission d’actualité Sixty Minutes [Soixante minutes] de Channel Nine dont le titre était « Guerre non sainte » présentée par Allison Langdon et un article du journaliste chevronné Mike Carlton publié dans le Sydney Morning Herald et sur le site The Age du journal Fairfax de Melbourne.
Dire qu’ils étaient partiaux dans leur couverture médiatique serait un euphémisme.
En utilisant les mots que les pontes aiment tant utiliser pour condamner Israël, ils étaient complètement disproportionnés et font porter le blâme uniquement sur Israël.
Est-ce que Langdon ou Carlton ont mentionné le fait que le Hamas s’est engagé à détruire Israël ou les atrocités [qu’ils ont commises] et les attaques de roquettes juste avant le conflit et qu’ils sont l’instigateur de tous les conflits dans ces dernières années, dont celui-ci ? Non.
Est-ce que l’un d’eux a mentionné le désengagement de Gaza ou les différents appels de la Cisjordanie pour la paix et poser les fondations pour un Etat palestinien ? Non.
Ont-ils mentionné les tentatives documentées d’Israël de minimiser les pertes civiles, par opposition à l’utilisation documentée du Hamas des boucliers humains, sa politique de tirer depuis des zones résidentielles et de stocker des armes dans les écoles ? Non.
Langdon a-t-elle pris le soin d’informer ses téléspectateurs quand elle s’interrogeait sur la barrière de sécurité qui avait été construite pour empêcher les attentats-suicides qui ont pris des centaines de vies – et qui avait été efficace ? Non.
En fait, son émission était un cas de dénigrement type d’Israël dès le départ.
Elle a interviewé les parents de l’adolescent palestinien assassiné Mohammed Khdeir. Sans s’entretenir avec les parents de l’un des trois adolescents israéliens assassinés Gil-ad Shaar, Naftali Fraenkel ou Eyal Yifrah – voire les parents de toutes les victimes du terrorisme palestinien – elle a interviewé deux résidents d’implantations de droite, des extrémistes qui affirment : « toute cette terre est la nôtre ».
Pour faire bonne mesure, Langdon a également interviewé une personne de gauche gauche pour confirmer comment l’Etat pourri d’Israël traitait les Palestiniens.
Est-ce qu’il y a eu des interviews avec les extrémistes Palestiniens qui appellent à la destruction d’Israël ? Bien sûr que non. Parce que sinon, il pourrait sembler que les Israéliens aient vraiment quelque chose à craindre, et que les victimes de l’agression d’Israël ne pourraient pas être aussi innocentes que le programme télévisé cherche à le montrer ?
Ajoutez à cela des mots comme « apartheid » et quelques commentaires historiques douteux sur le fait que le territoire d’Israël a été « taillé » entre deux territoires palestiniens et ce journalisme de mauvaise qualité a atteint pleinement son objectif.
L’article de Carlton, cependant, était dans son ensemble plus insidieux.
Sa condamnation d’Israël est acerbe. Non seulement des mots tels que « génocide », « nettoyage ethnique » et « fascisme » sont utilisés, mais l’auteur a poursuivi en affirmant que ces « atrocités » ont été « commises par un peuple fier de sa tradition libérale d’érudition et de sa culture, qui met au centre de leur mémoire de race le ghetto de Varsovie et les six millions de morts pendant l’Holocauste ».
Ce n’était plus seulement juste une pique venimeuse à l’encontre d’Israël dans un grand journal, c’était sur »un peuple » et « une race » – un peuple et une race qui devraient être plus avisés à cause de ce qu’ils leur est arrivé. En bref, ils devraient être plus avisés et ils ne sont pas mieux… que les nazis.
Ajoutez à cela une caricature d’un homme à lunettes avec gros nez portant une kippa et assis dans un fauteuil avec une étoile de David sur le dos – qui appuie sur une télécommande qui fait exploser une bombe à Gaza – et dans un pays qui accueille le plus grand nombre de survivants de l’Holocauste en dehors d’Israël, il n’est guère étonnant que beaucoup dans la communauté se soit rappelé des caricatures de Juifs qu’ils avaient vu dans le Der Sturmer.
En réponse à la diffusion de l’émission et à l’article, l’Australian Jewish News [AJN] de cette semaine a pris la décision sans précédent de publier son éditorial sur la première page du journal. Sous le titre « La Disgrâce des médias », L’AJN a appelé ses lecteurs à résilier leurs abonnements chez Fairfax.
« Honte à ces journalistes australiens qui attisent les flammes de la haine contre les Juifs et Israël », a asséné le papier. « Honte à 60 Minutes. Encore plus de honte à Fairfax ».
Et notant l’augmentation alarmante de l’antisémitisme à l’étranger et les incidents qui ont eu lieu sur le territoire australien, l’édito affirmait, « En ces temps troublés, il appartient donc à nos médias d’agir à la fois de manière responsable et intègre et de ne pas jeter de l’huile sur le feu ».
L’huile a bien été mise sur le feu. Et notre première page fait maintenant elle-même l’objet d’une couverture médiatique dans divers médias qui signale notre appel à passer à l’action.
Est-ce que Carlton a des remords pour avoir attisé les flammes ?
Son Tweet y répond : « lisez-le, et j’ai pensé que c’était l’écume fébrile habituelle du lobby Likud. Bof bof. Ça m’est bien égal ».
Prions juste que ceux qui ont lu sa chronique pensent que c’est juste « une écume fébrile » d’un chroniqueur fulminant. Sans cela, le vandalisme de l’école juive de Perth et l’attaque de l’homme juif à Melbourne seront simplement des actes d’antisémites précurseurs entraînant d’autres plus nombreux et bien pires que cela dans les jours et les semaines à venir.
L’auteur est le rédacteur en chef national de l’Australian Jewish News.
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