Le PDG de SodaStream soupçonné de délit d’initié dans le rachat par PepsiCo
Le dirigeant de l'entreprise israélienne a été arrêté et interrogé, puis libéré sous caution, pour avoir informé à l'avance l'un de ses associés de la future acquisition

Daniel Birnbaum, l’ancien PDG et actuel président du conseil d’administration de SodaStream, fait actuellement l’objet d’une enquête pour délit d’initié en lien avec l’acquisition de l’entreprise israélienne l’année dernière par le géant de l’agroalimentaire américain PepsiCo, qu’il a orchestrée.
Le géant des sodas s’était procuré SodaStream pour 3 milliards d’euros, soit 130 euros pour une action, lors de la plus grande opération de rachat de l’histoire d’Israël.
Daniel Birnbaum a été placé en détention lundi pour être interrogé sur des soupçons de délit d’initié, fraude et abus de confiance, avant d’être libéré sous caution le même jour, ont rapporté des médias en hébreu.
Il a été entendu une deuxième fois mardi dans les locaux de l’Autorité des marchés financiers israélienne (ISA) à Tel Aviv.
Il a été libéré contre une caution de 1,2 million de shekels (311 000 euros), avec interdiction de quitter le territoire.
SodaStream — un fabricant de machines domestiques de gazéification de l’eau dans des bouteilles réutilisables — a fait savoir dans un communiqué mardi que « l’entreprise coopérera comme nécessaire avec l’Autorité des marchés financiers d’Israël pour investigation.”

En juillet, Daniel Birnbaum avait annoncé qu’il quittait son poste de PDG après 12 ans pour prendre la tête du conseil d’administration de l’entreprise. Il a quitté ses fonctions le 1er août et entamé ses nouvelles le 1er septembre.
« Après 12 années fantastiques avec vous tous et au terme de cette année d’intégration avec PepsiCo, j’ai décidé de me retirer des activités courantes de SodaStream », avait déclaré l’intéressé à l’époque dans une lettre adressée à ses employés. Le PDG de PepsiCo m’a demandé de devenir président du conseil d’administration, et je suis honoré et ravi d’assumer cette fonction ».
D’autres employés de SodaStream se sont rendus dans les locaux de l’ISA mardi pour témoigner dans l’affaire, dont le successeur et ancien adjoint de Daniel Birnbaum, désormais à la tête de l’entreprise.
Le chef d’entreprise est soupçonné d’avoir fourni des informations précieuses à un ancien employé de SodaStream et associée de longue date — dont le nom est interdit de publication — à trois occasions.

Dans deux d’entre elles — en février 2017 et août 2018 — Daniel Birnbaum l’aurait informé de rapports financiers périodiques avant leur publication.
Le troisième cas s’est produit plus tard en août 2018, quand il aurait divulgué des détails de l’accord majeur avec PepsiCo avant qu’il ne soit annoncé et que la valeur des actions SodaStream ne grimpe en flèche.
L’associée aurait alors acheté des parts de SodaStream estimées à des centaines de milliers de shekels avant l’annonce publique du rachat.
Elle aurait ainsi gagné 156 000 shekels au total (40 000 euros) de façon illégale. Elle aussi est donc soupçonnée de délit d’initié, ainsi que d’obstruction à la justice.
L’avocat de Daniel Birnbaum, Yuval Sasson, a refusé de commenter l’affaire.
Liran Zilberman, l’avocat représentant l’associée, a lui déclaré : « Ma cliente a présenté une version claire des faits et je suis certain que l’enquête déterminera que ses actions n’étaient pas criminelles ou déplacées ».
PepsiCo n’a pas commenté l’affaire.
Sous la direction de Birnbaum, la compagnie s’est redéfinie comme une entreprise de fabrication d’eau pétillante – une alternative plus saine proposée par un David audacieux face à ses Goliath de concurrents américains comme Coca-Cola et PepsiCo, qui, en plus d’utiliser d’importantes quantités de sucre, vendent également leurs produits dans des bouteilles en plastique qui tuent la planète.
Shoshanna Solomon a contribué à cet article.