Le Pentagone ordonne à deux porte-avions de rester en Méditerranée
Lloyd Austin prolonge le déploiement de l'USS Gerald R. Ford pour la troisième fois, soulignant les préoccupations de l'administration concernant la volatilité régionale
WASHINGTON – Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a ordonné au porte-avions USS Gerald R. Ford et à un autre navire de guerre de rester en Méditerranée pendant encore plusieurs semaines afin de maintenir une présence de deux porte-avions près d’Israël, alors que la guerre avec le groupe terroriste palestinien du Hamas se poursuit, ont déclaré des responsables américains.
C’est la troisième fois que le déploiement du Ford est prolongé, ce qui souligne les inquiétudes persistantes quant à la volatilité de la région pendant la guerre d’Israël à Gaza. Les États-Unis ont deux porte-avions dans la région, ce qui est rare ces dernières années.
Plusieurs responsables américains ont confirmé les déploiements plus longs approuvés cette semaine pour le Ford et le croiseur USS Normandy, sous couvert d’anonymat car ils n’ont pas encore été rendus publics. D’autres navires du groupe de frappe du Ford avaient déjà vu leurs déploiements prolongés.
Le Pentagone a renforcé sa présence militaire dans la région après les attentats dévastateurs du 7 octobre perpétrés par le Hamas – au cours desquels des terroristes palestiniens ont tué 1 200 personnes et en ont pris plus de 240 en otage – afin de dissuader l’Iran d’élargir la guerre à l’échelle de la région. Au cours des mois qui ont suivi, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et les factions palestiniennes alliées au Liban ont lancé des attaques transfrontalières répétées contre Israël, entraînant des représailles israéliennes.
Les terroristes soutenus par l’Iran en Irak et en Syrie ont également profité de la guerre entre Israël et le Hamas pour mener des attaques régulières à l’aide de roquettes, de drones et de missiles contre les installations militaires américaines dans ces pays.
Dans le même temps, les navires de guerre américains en mer Rouge ont intercepté des missiles tirés vers Israël depuis des régions du Yémen contrôlées par les rebelles houthis soutenus par l’Iran. Ils ont également abattu des drones d’attaque à sens unique qui se dirigeaient vers les navires et ont répondu aux appels à l’aide des navires commerciaux qui subissaient des attaques persistantes des Houthis près de l’étroit détroit de Bab el-Mandeb où 40 % du commerce international transite.
Depuis vendredi, 19 navires de guerre américains sont présents dans la région, dont sept en Méditerranée orientale et 12 autres en mer Rouge, en mer d’Arabie et dans le golfe Persique.
Austin a ordonné au Ford et à son groupe d’intervention de se rendre en Méditerranée orientale le 8 octobre, au lendemain de l’attaque du Hamas qui a déclenché la guerre.
La décision de maintenir le Ford – le plus récent porte-avions de la marine – dans la région intervient alors que le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré jeudi qu’il faudrait des mois pour détruire le Hamas, prédisant une guerre de longue haleine.
Le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, a rencontré les dirigeants israéliens pour discuter d’un agenda de cessation des combats « de haute intensité » à Gaza, mais ils ont réaffirmé leur détermination à poursuivre la lutte jusqu’à l’anéantissement du groupe terroriste palestinien du Hamas.
Les quelque 5 000 marins du Ford attendent une décision du Pentagone pour savoir s’ils pourront rentrer chez eux pour les vacances. Le navire a quitté Norfolk, en Virginie, au début du mois de mai pour être déployé au sein du commandement européen des États-Unis et, selon le calendrier initial, il aurait dû être rentré au début du mois de novembre.
Le plan initial prévoyait que le groupe de frappe du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower remplace le Ford dans la région. Mais Sabrina Singh, lors d’une réunion d’information au Pentagone le 17 octobre, a déclaré qu’Austin avait décidé de prolonger le déploiement du Ford et de faire en sorte que l’Eisenhower et le Ford couvrent tous deux les eaux allant du sud de l’Europe au Moyen-Orient.
Les commandants militaires américains ont longtemps vanté l’efficacité des porte-avions américains en tant que moyen de dissuasion, notamment contre les attaques, les détournements et autres comportements agressifs de l’Iran et de ses navires, y compris les attaques des Houthis pro-Iran du Yémen contre des navires commerciaux se déplaçant en mer Rouge. Toutefois, les attaques répétées des Houthis en mer Rouge ont conduit deux géants du transport maritime à annoncer vendredi la suspension des traversées de leurs navires par le passage par Bab el-Manded.
Les responsables ont indiqué qu’il était prévu de maintenir le Ford à cet endroit pendant encore plusieurs semaines.
L’Eisenhower se trouve dans le golfe d’Oman et patrouille au Moyen-Orient avec l’USS Philippine Sea, un croiseur de la marine. Trois navires de guerre – l’USS Carney, l’USS Stethem et l’USS Mason, tous des destroyers de la marine – se déplacent quotidiennement dans le Bab el-Mandeb pour aider à dissuader les Houthis et à répondre à leurs attaques.
Les autres navires qui font partie du groupe de frappe du Ford sont notamment les destroyers USS Thomas Hudner, USS Ramage, USS Carney et USS Roosevelt.
Alors que les États-Unis maintenaient régulièrement deux porte-avions au Moyen-Orient au plus fort des guerres d’Irak et d’Afghanistan, ils ont tenté ces dernières années de tourner leur attention et leur présence navale vers l’Asie-Pacifique.