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Le Premier ministre défie Baharav-Miara et nomme un général de Tsahal à la tête du Shin Bet

Un jour après une décision de la Haute Cour et contre l'avis de la procureure générale, Netanyahu a nommé David Zini, malgré un conflit d’intérêts qui lui interdit cette désignation

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le major général de l’armée israélienne, David Zini, sur la base d’entraînement de Tzeelim, dans le sud d’Israël, le 8 mai 2025. (Crédit : GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le major général de l’armée israélienne, David Zini, sur la base d’entraînement de Tzeelim, dans le sud d’Israël, le 8 mai 2025. (Crédit : GPO)

Défiant directement l’instruction de la procureure générale, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi soir la nomination du général de division de Tsahal David Zini au poste de directeur du Shin Bet.

Cette déclaration intervient au lendemain de l’arrêt rendu par la Cour suprême, qui a jugé que le limogeage par Netanyahu de l’actuel directeur du Shin Bet, Ronen Bar, avait été menée de manière « inappropriée » et « illégale », et entachée d’un conflit d’intérêts.

La procureure générale, Gali Baharav-Miara, avait ensuite notifié mercredi au Premier ministre qu’il lui était interdit de procéder à une nouvelle nomination tant que les implications juridiques de la décision de la Cour n’auraient pas été pleinement examinées.

Malgré cette interdiction, le bureau du Premier ministre a annoncé jeudi soir la nomination de David Zini, présenté comme ayant occupé « de nombreux postes de commandement opérationnel au sein de Tsahal ».

Zini, père de 11 enfants, dirige actuellement le Commandement de la formation de Tsahal et l’état-major général. Il a également été chargé de promouvoir l’intégration des haredim dans les rangs de l’armée.

Le communiqué du bureau du Premier ministre rappelle qu’en mars 2023, Zini avait rédigé un rapport à l’attention du commandant de la division de Gaza de l’époque. Ce rapport visait à « évaluer le niveau de préparation de la division à un événement surprise complexe, avec un accent particulier sur un raid surprise, et à identifier les vulnérabilités existantes ».

Le bureau de Netanyahu insiste sur le fait que les conclusions de Zini soulignaient que « dans presque tous les secteurs, un raid surprise contre nos forces était possible », une manière de souligner, de façon implicite, que selon le Premier ministre, le Shin Bet a failli à anticiper et à se préparer à l’assaut du groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre.

À l’occasion de Yom HaShoah en Israël, le chef du Shin Bet, Ronen Bar assiste à une cérémonie organisée au musée de la Shoah, Yad Vashem, à Jérusalem, le 23 avril 2025. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Le chef actuel du Shin Bet, Ronen Bar a annoncé qu’il quitterait ses fonctions le 15 juin, après la demande de limogeage formulée par Netanyahu, dans le cadre d’un conflit ouvert qui s’est soldé devant la Haute Cour de justice.

Le 16 mars, Netanyahu avait déclaré son intention de limoger Bar. Cinq jours plus tard, le 21 mars, ce dernier était révoqué par un vote du cabinet, Netanyahu justifiant sa décision par une perte de confiance dans la capacité de Bar à exercer ses fonctions après le pogrom du 7 octobre.

Toutefois, plusieurs groupes de veille du gouvernement ont saisi la Haute Cour de justice pour contester cette décision. Elles ont fait valoir que Ronen Bar avait été écarté non pour des raisons professionnelles, mais en raison de son opposition à Netanyahu sur plusieurs dossiers sensibles, et que le Premier ministre se trouvait en situation de conflit d’intérêts, notamment du fait des enquêtes menées par le Shin Bet dans le cadre du Qatargate et des fuites de documents impliquant certains de ses proches collaborateurs.

L’affaire a déclenché une vive controverse dans l’opinion publique. Les opposants au gouvernement ont accusé Netanyahu de chercher à faire obstacle aux investigations visant son entourage, tandis que la coalition et ses partisans dénonçaient ce qu’ils considèrent comme une tentative de la procureure générale et des juges de la Haute Cour de s’arroger des prérogatives réservées à l’exécutif démocratiquement élu.

Netanyahu a maintenu sa position après l’arrêt rendu mercredi par la Haute Cour, affirmant que, conformément à la loi, le Premier ministre et son gouvernement ont l’autorité de nommer et de révoquer le chef du Shin Bet.

« C’est la loi », a-t-il déclaré. « Le gouvernement d’Israël, sous ma direction, nommera le chef du Shin Bet. C’est essentiel pour notre sécurité. Et c’est ce que nous allons faire. »

Le président de la Cour suprême, Isaac Amit, lors d’une audience sur les recours déposés contre le renvoi du chef du Shin Bet, Ronen Bar, à la Cour suprême, à Jérusalem, le 8 avril 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La procureure générale Gali Baharav-Miara a réagi à la nomination de David Zini jeudi soir en dénonçant Netanyahu et sa décision prise « en violation des instructions légales ». Elle a souligné que la question de savoir si le Premier ministre s’est placé en situation de conflit d’intérêts, et si la procédure de nomination est entachée d’irrégularités, est « extrêmement préoccupante ».

Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a quant à lui salué la décision de Netanyahu de défier la procureure générale, qualifiant cette décision de « courageuse, nécessaire et cruciale “, laquelle, selon lui, ” rétablit enfin l’ordre démocratique adéquat. »

Le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël a condamné pour sa part une annonce qualifiée de « provocante et insubordonnée », accusant Netanyahu de faire preuve de mépris à l’égard de la Haute Cour de justice et de la procureure générale.

« Il s’agit d’un mépris sans précédent pour les décisions de la Haute Cour et les instructions de la procureure générale, ainsi que de la poursuite d’une tendance dangereuse à saper l’État de droit au service d’intérêts personnels et étroits », a dénoncé l’organisation.

Le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël, l’un des principaux requérants contre la révocation de Ronen Bar, a annoncé son intention de déposer un nouveau recours devant la Haute Cour dans les jours à venir, cette fois contre ce qu’il qualifie de « nomination invalide ».

Le général de division David Zini, commandant du corps de formation et de l’état-major général de Tsahal, lors d’une cérémonie de passation de pouvoirs au quartier général du Commandement du centre, à Jérusalem, le 8 juillet 2024. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a appelé David Zini à ne pas accepter sa nomination, estimant que le processus était entaché d’un conflit d’intérêts.

Lapid a demandé au candidat « d’annoncer qu’il ne peut pas accepter ce poste tant que la Cour suprême ne s’est pas prononcée ». Il a ajouté que « Netanyahu est en situation de conflit d’intérêts grave concernant la nomination du chef du Shin Bet, en raison du scandale du Qatargate, dans lequel ses plus proches collaborateurs ont reçu de l’argent d’un État arabe soutenant le terrorisme ».

L’annonce de Netanyahu de nommer Zini pour le rôle aurait surpris Tsahal.

Selon plusieurs médias, notamment la radio de l’armée et de la chaîne publique Kan, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir, n’aurait pas été consulté au préalable et il n’aurait été informé de la décision que quelques minutes avant sa publication officielle par le bureau du Premier ministre.

Zini aurait initialement été pressenti pour prendre la tête du Commandement du Nord, avant d’être débauché par Netanyahu pour diriger le Shin Bet.

Selon Haaretz, Netanyahu aurait par le passé rejeté la candidature de Zini au poste de secrétaire militaire, déclarant à ses proches, après l’avoir rencontré, qu’il le jugeait « trop messianique ». De son côté, le site Ynet rapporte que Sara Netanyahu aurait un jour encouragé son mari à nommer Zini chef d’état-major de Tsahal.

Fin mars, Netanyahu avait annoncé la nomination d’Eli Sharvit à la tête du Shin Bet, avant de faire volte-face moins de 24 heures plus tard. Cette décision faisait suite à la révélation de la participation de Sharvit aux manifestations contre la refonte judiciaire et à ses critiques publiques de l’ancien président américain Donald Trump, des positions qui avaient suscité de vives réactions au sein du Likud et de la coalition.

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