Le président Herzog critique vivement l’attaque « sans retenue » contre Baharav-Miara
Le président a déclaré que ces critiques sont "intolérables et inacceptables" suite à une houleuse réunion où plusieurs ministres ont réclamé le renvoi de la procureure générale
Le président Isaac Herzog a vivement critiqué les attaques « sans retenue » dirigées contre les fonctionnaires publics dimanche, quelques heures après que des ministres du gouvernement radical du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont sévèrement critiqué la procureure générale Gali Baharav-Miara lors d’une réunion animée et prolongée du cabinet, au cours de laquelle elle a été plusieurs fois attaquée pour la gestion des infractions lors des manifestations anti-gouvernement ces derniers mois, et où plusieurs appels ont été lancés pour demander son renvoi.
« Il y aura toujours une place pour la critique, c’est ainsi que fonctionne la démocratie », a déclaré Herzog dimanche lors d’une cérémonie de remise des diplômes au National Security College. « Mais l’attaque sans retenue contre les fonctionnaires est intolérable et inacceptable », a-t-il ajouté.
Baharav-Miara et d’autres hauts responsables du ministère de la Justice ont été convoqués à la réunion du cabinet dimanche pour discuter de la manière dont les forces de l’ordre ont géré la vague massive de protestations contre les efforts acharnés du gouvernement visant à réformer le système judiciaire, qui ont notamment bloqué les autoroutes et se sont adonnées à d’autres formes de désobéissance civile.
Les ministres se sont insurgés contre ce qu’ils considèrent comme une gestion trop indulgente des manifestants qui les harcèlent et les insultent partout où ils vont, organisent des protestations devant leurs domiciles et bloquent les routes principales des heures durant.
La ministre des Transports, Miri Regev (Likud), a appelé au limogeage de Baharav-Miara en raison de ce qu’elle a qualifié de réticence de la procureure générale à empêcher les troubles à l’ordre public.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a qualifié l’absence d’inculpations de plus de manifestants de « honteuse ».
La ministre de la Diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan (Likud), a estimé que « l’application sélective de la loi est mauvaise » et le ministre de la Justice Yariv Levin a suggéré sarcastiquement qu’elle devrait simplement légaliser officiellement le blocage de l’autoroute Ayalon à Tel Aviv.
Baharav-Miara a répondu en accusant implicitement les ministres de tentative d’ingérence politique dans la manière dont les forces de l’ordre gèrent les manifestations contre le gouvernement.
« J’espère que le gouvernement ne me demande pas de dire qu’il veut une application plus agressive pour réprimer la protestation à son encontre, contre le jugement professionnel des chefs [de la police] sur le terrain et le ministère public », a-t-elle répondu.
« J’espère que le gouvernement ne s’attend pas à ce que le système d’application de la loi remplisse les quotas d’arrestations ou d’inculpations contre les manifestants », a-t-elle ajouté.
À la fin de la réunion, Baharav-Miara a été priée de soumettre un rapport au cabinet dans les sept jours détaillant la politique d’application de la loi en matière de blocage des routes, des manifestations aux domiciles des élus et des appels au refus de servir dans l’armée, entre autres formes de désobéissance civile.
On lui a également demandé de présenter une politique claire sur l’application de la loi à l’aéroport Ben Gurion d’ici mardi, date à laquelle de nouvelles manifestations de masse sont prévues à l’aéroport.
La Knesset devrait approuver lundi la première lecture d’un projet de loi visant à empêcher les tribunaux d’utiliser l’outil judiciaire de la notion du « caractère raisonnable » pour les décisions gouvernementale. S’il est approuvé, les manifestants ont promis une « journée de perturbation sans précédent » avec des manifestations de masse prévues dans tout le pays mardi.
Lors de la réunion de dimanche, le cabinet a également exigé que la procureure générale détaille les politiques concernant le blocage des routes, notamment « si et combien de fois il est autorisé de bloquer les principales artères de circulation sans que des mesures coercitives soient prises à l’encontre des organisateurs du blocage et des personnes bloquant les routes, sans arrestations ni inculpations ».
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, et d’autres membres de l’opposition ont condamné le traitement réservé à Baharav-Miara par le cabinet et ont accusé le gouvernement de saper les normes démocratiques dans leur comportement à son égard.
« Le gouvernement a procédé aujourd’hui à un violent bizutage contre la procureure générale. L’horrible attaque des ministres contre Gali Bahara-Miara, une personne respectable et une ‘gardienne’ qui ne fait que son travail, est une démonstration de ce qu’ils essaient de faire à la société israélienne : l’intimidation au lieu de l’état de droit, la violence du gouvernement contre les citoyens et les fonctionnaires, l’élimination forcée de notre démocratie », a déclaré Lapid.
Le chef du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti , Benny Gantz, a qualifié la réunion de « point culminant d’une campagne de peur contre les responsables de l’application de la loi ».
« Le spectacle d’horreur de Netanyahu et de Ben Gvir suscite la crainte que le gouvernement ne cherche pas une application équitable, mais plutôt une application brutale contre les manifestants opposés à la réforme », a déclaré Gantz.
La cheffe du parti Avoda, Merav Michaeli, a comparé l’attaque contre Baharav-Miara au comportement des régimes autocratiques tels que la Russie.
« L’attaque planifiée par le gouvernement contre la procureure générale devrait nous secouer jusqu’au plus profond de nous. Le gouvernement d’Israël a convoqué la procureure générale à une audition au cours de laquelle elle devait répondre à des questions sur le nombre de manifestants arrêtés et interrogés. Cela ne se passe pas en Russie de Poutine, mais ici en Israël de Netanyahu », a déclaré Michaeli.
Dimanche soir, des dizaines de manifestants se sont rassemblés en soutien à la procureure générale devant sa maison, bien que la police ait demandé qu’ils restent à 200 mètres de la résidence.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.