Israël en guerre - Jour 426

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Des ministres demandent le renvoi de Baharav-Miara lors d’une réunion du cabinet

La procureure générale s'est entretenue avec les ministres, qui appellent à plus de fermeté policière, lors d'une discussion animée portant sur les manifestations anti-refonte

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

La procureure générale Gali Baharav-Miara arrivant à une réunion du cabinet, à Jérusalem, le 9 juillet 2023. (Crédit : Marc Israel Sellem/POOL)
La procureure générale Gali Baharav-Miara arrivant à une réunion du cabinet, à Jérusalem, le 9 juillet 2023. (Crédit : Marc Israel Sellem/POOL)

La procureure générale Gali Baharav-Miara s’est heurtée aux ministres dimanche lors d’une réunion du cabinet de plusieurs heures au cours de laquelle elle a été attaquée à maintes reprises ; plusieurs appels ont été lancés pour sa destitution.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a lancé un débat houleux et tumultueux en disant à Baharav-Miara que « l’application sélective de la loi est une blessure fatale à la démocratie et à l’État de droit » ; ses ministres ont rapidement fait bloc pour dénoncer la responsabilité de la procureure générale sur la question.

Baharav-Miara et d’autres hauts responsables du ministère de la Justice ont été convoqués à la réunion du cabinet de dimanche pour discuter de la manière dont les forces de l’ordre ont géré la vague massive de protestations contre les efforts du gouvernement pour réformer le système judiciaire, qui ont notamment bloqué les autoroutes et se sont adonnées à d’autres formes de désobéissance civile.

Les ministres se sont insurgés contre ce qu’ils considèrent comme un traitement trop doux des manifestants qui les harcèlent et les chahutent partout où ils vont, organisent des manifestations devant leurs domiciles et bloquent les artères principales des heures durant.

La ministre des Transports, Miri Regev (Likud), a déclaré que Baharav-Miara devrait être licenciée au vu de ce qu’elle a qualifié de réticence de la procureure générale à empêcher les troubles à l’ordre public ; le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré que le fait de ne pas avoir inculpé davantage de manifestants était « honteux » ; la ministre de la Diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan (Likud), a dit que « l’application sélective de la loi est mauvaise » ; et le ministre de la Justice Yariv Levin a suggéré sarcastiquement qu’elle devrait simplement annoncer que le blocage de l’autoroute Ayalon est légal.

Baharav-Miara a répondu en accusant implicitement les ministres de tentative d’ingérence politique dans la manière dont les forces de l’ordre gèrent les manifestations contre le gouvernement, tandis que le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a plus tard dénoncé l’attaque du cabinet contre la procureure générale comme « un violent bizutage » et un exemple de la tentative du gouvernement de « détruire de force notre démocratie ».

À la fin de la réunion, Baharav-Miara a été invitée à soumettre un rapport au cabinet dans les sept jours pour détailler la politique d’application de la loi en matière de blocage des routes, les manifestations aux domiciles des élus et les appels au refus de servir dans l’armée et d’autres formes de désobéissance civile. On lui a également demandé de présenter une politique claire sur l’application de la loi à l’aéroport Ben Gurion dans les deux jours, alors que de nouvelles manifestations de masse sont prévues dans le principal aéroport d’Israël.

Selon les chiffres présentés lors de la réunion, la police a arrêté 572 manifestants depuis le début des manifestations en janvier pour avoir troublé l’ordre public, pour n’avoir pas obéi aux instructions de la police ou pour avoir agressé des policiers. Parmi ces affaires, six actes d’accusation ont été déposés, tous pour agression contre des policiers.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu dirigeant une réunion du cabinet, au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 9 juillet 2023. (Crédit : Marc Israel Sellem/POOL)

« Si la procureure générale soutient et autorise les troubles à l’ordre public, contrairement à l’avis de la Cour suprême et des précédents procureurs généraux, alors quel est le travail des élus ? », a demandé Regev. « Si la procureure générale… n’est pas disposée à aider le gouvernement à fonctionner [correctement], peut-être qu’elle devrait être licenciée. »

Elle a été rejointe dans son appel au limogeage de Baharav-Miara par le ministre de la Coopération régionale David Amsalem (Likud), qui est également ministre délégué au ministère de la Justice. Amsalem a déclaré que Baharav-Miara et le procureur de l’État Amit Aisman devraient tous deux être licenciés.

Lorsque, selon plusieurs médias israéliens, Netanyahu a réprimandé Amsalem pour ses commentaires, ce dernier aurait rétorqué que le Premier ministre avait « un conflit d’intérêts » avec la procureure générale – une moquerie non-dissimulée sur le procès pénal en cours de Netanyahu.

Ben Gvir, qui a autorité sur la police en tant que ministre de la Sécurité nationale, a exigé de savoir combien de manifestants avaient été inculpés, et « combien ont fait l’objet d’une enquête pour suspicion d’association de malfaiteurs en vue d’organiser des émeutes ».

Lorsqu’un responsable du ministère de la Justice lui a dit que les réponses étaient respectivement de six et zéro, Ben Gvir a explosé en déclarant : « C’est tout simplement une honte. Il n’y a pas d’application [de la loi]. »

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’exprimant lors d’une conférence de presse, à la Knesset, le 5 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le ministre du Développement du Néguev et de la Galilée Yitzhak Wasserlauf, membre du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit de Ben Gvir, ont menacé d’intenter une action en justice contre Baharav-Miara.

« Tous les citoyens israéliens voient l’application sélective, donc je lève un drapeau rouge clair ici. Ce ne serait pas agréable si nous devions adresser une requête à la Haute Cour de justice contre la procureure générale qui ne fait pas son travail comme prévu », a déclaré Wasserlauf.

« J’espère que le gouvernement ne me demande pas de dire qu’il veut une application plus agressive pour réprimer la protestation à son encontre, contre le jugement professionnel des chefs [de la police] sur le terrain et le ministère public », a répondu Baharav Miara.

« J’espère que le gouvernement ne s’attend pas à ce que le système d’application de la loi remplisse les quotas d’arrestations ou d’inculpations contre les manifestants », a-t-elle ajouté.

Le chef de la police israélienne Kobi Shabtaï, qui a également été convoqué à la réunion, a insisté sur le fait que c’était la politique de la police d’empêcher le blocage des autoroutes et des intersections et a insisté sur le fait que la force était apolitique.

« La règle est qu’il est interdit de bloquer les routes. Nous pourrions prendre des matraques et des chevaux et mettre un terme à la manifestation en une minute, mais combien y aurait-il de blessés ? », a interrogé Shabtaï, selon un reportage de la chaîne publique israélienne  Kan.

Le chef de la police israélienne Kobi Shabtaï, à gauche, en route pour assister à la réunion hebdomadaire du cabinet au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 9 juillet 2023. (Crédit : Gil Cohen-Magen/POOL/AFP)

De plus, il a noté que le nombre de policiers blessés lors des manifestations depuis janvier était de « zéro », ajoutant qu’aucun officier n’avait dû être hospitalisé pour des blessures subies lors des manifestations.

Lapid et d’autres membres de l’opposition ont condamné le traitement réservé par le cabinet à Baharav-Miara et ont accusé le gouvernement de saper les normes démocratiques dans leur comportement à son égard.

« Le gouvernement a procédé aujourd’hui à un violent bizutage contre la procureure générale. L’horrible attaque des ministres contre Gali Bahara-Miara, une personne respectable et une ‘gardienne’ qui ne fait que son travail, est une démonstration de ce qu’ils essaient de faire à la société israélienne : l’intimidation au lieu de l’état de droit, la violence du gouvernement contre les citoyens et les fonctionnaires, l’élimination forcée de notre démocratie », a déclaré Lapid.

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