Amsalem appelle à sévir contre les leaders des manifestations
Durcissant le ton, le député provocateur a aussi réclamé le renvoi de la procureure-générale et l'ouverture d'une enquête contre Ehud Barak, ex-Premier ministre
Le ministre de la Coopération régionale, David Amsalem (Likud), a appelé samedi à ce que les leaders du mouvement de protestation des opposants au projet de refonte judiciaire soient arrêtés. Il a, en outre, demandé l’ouverture d’une enquête à l’encontre de l’ex-Premier ministre Ehud Barak et le renvoi de la procureure-générale Gali Baharav-Miara.
Amsalem, qui est également ministre au sein du ministère de la Justice et chargé de la liaison entre le gouvernement et la Knesset, a regretté, au cours d’un entretien avec la Douzième chaîne, les « perturbations massives » entraînées par les leaders des manifestations qui ont eu lieu dans tout le pays au cours des six derniers mois et l’inaction, face à ces troubles, du chef de la police du district de Tel Aviv, Amichai Eshed.
Eshed a annoncé sa démission la semaine dernière, rejetant sa rétrogradation à la tête de la Division de la formation de la police israélienne. Il a dit avoir été contraint de quitter son poste « pour des raisons politiques », les responsables n’appréciant pas son approche jugée indulgente face aux manifestants. Cette annonce avait entraîné des rassemblements spontanés massifs et le blocage de l’autoroute Ayalon pendant plusieurs heures.
« Il n’y a pas de travail de renseignement, il n’y a pas d’arrestation dans la nuit des manifestations, il n’y a pas d’enquête ouverte sur l’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak ou sur Ehud Barak. Quelque chose vous heurte ? Manifestez – comme tout le monde a pu le faire depuis l’établissement de l’État. Mais pourquoi des émeutes ? C’est illégal », a-t-il déclaré avant d’ajouter que « Ehud Barak, à mon avis, aurait dû être interrogé par des enquêteurs il y a un moment déjà ».
« Il n’y a personne dans le pays qui ne le pense pas, et je le pense moi-même. Mais il sait que personne ne le fera parce qu’il est au-dessus des lois », a affirmé Amsalem.
Jeudi, Barak – qui a appelé à « la désobéissance civile non-violente » pour tenter de bloquer le plan de refonte du système israélien de la justice – avait déclaré dans une interview à la télévision que les pilotes et autres soldats des unités d’élite devaient refuser de continuer à servir dans les rangs de Tsahal si un projet de loi actuellement avancé dans le cadre de ce programme, qui bouleverserait le système judiciaire israélien, devait être adopté. Alors qu’elle doit passer lundi en première lecture devant le Parlement, la législation interdirait aux juges de se prononcer sur les décisions prises par le cabinet, les ministres et autres responsables élus sur la base de la notion juridique de « raisonnabilité ».
Selon un rapport paru le mois dernier, un groupe de travail spécial devrait être établi pour tenter de définir si Barak et d’autres responsables du mouvement de protestation pourraient être susceptibles d’être mis en examen pour incitation après leur appel à manifester contre le gouvernement.
« Il n’y a pas de paix dans le chaos. Il y a de l’anarchie ici. Il y a un défi posé à l’État de droit et les manifestants doivent donc être dispersés », a dit Amsalem, appelant à les traiter plus durement.
Il s’en est aussi pris à Baharav-Miara, disant qu’elle aurait dû quitter son poste dès l’arrivée du nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 29 décembre dernier.
« Elle n’est pas digne de ce poste et elle ne l’a jamais été », a dit Amsalem. « Je pense que si elle se respectait un peu, elle aurait rendu les clés de son bureau et serait retournée chez elle ».
La procureur-générale s’est opposée aux ministres à plusieurs occasions. Récemment, Netanyahu, le ministre de la Justice Yariv Levin et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir ont mis en cause Baharav-Miara et d’autres hauts-responsables, leur reprochant leur prise en charge du mouvement de protestation contre le gouvernement.
Amsalem a justifié une proposition qui vise à limiter les pouvoirs des conseillers juridiques du gouvernement en affirmant que depuis l’établissement de l’État, le parti du Likud n’a pas été autorisé à gouverner lorsqu’il a pu être élu à la tête du pays.
« Le Likud est incapable de nommer des officiels et il ne peut pas prendre de décision. Cela fait trois mois et demi que je tente de nommer un directeur-général mais le procureur-général adjoint, Gil Limon, ne me laisse pas faire », a-t-il indiqué, faisant référence aux difficultés qu’il rencontre pour nommer Moshe Suissa à cette fonction au sein du ministère de la Coopération régionale en raison de problèmes disciplinaires passés.
« Il n’y a pas de responsables de droite. Il n’y a pas de Likudnikim. Plus de la moitié des habitants de ce pays sont des Likudnikim« , a-t-il accusé, utilisant un argument souvent avancé par les membres du gouvernement qui consiste à dire que les bureaucrates, dans le pays, ne représentent pas les électeurs de droite. La moitié du pays n’a néanmoins pas voté pour le Likud lors du dernier scrutin : le parti a remporté 23 % des voix des électeurs à cette occasion.
Il a aussi été demandé à Amsalem comment il s’est préparé à prendre la tête de la Commission d’énergie atomique israélienne.
« Cela n’a rien à voir avec une éventuelle formation. Tout comme Yair Lapid n’a pas été formé pour devenir Premier ministre, tout comme Naftali Bennett n’a pas été formé pour prendre le poste de ministre de la Défense – et je ne suis pas moins prêt à prendre ma fonction qu’ils ne l’étaient eux-mêmes », a-t-il estimé.
« Pas besoin d’un Einstein. C’est pareil avec un ministre de la Santé qui n’a pas été formé à la santé, croyez-moi, je vais consacrer du temps à mon apprentissage », a-t-il dit.
Amsalem est un fervent soutien du plan de refonte radicale du système de la justice israélien. Au mois d’avril, il avait réclamé la mise en examen de la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, qui s’était opposée à ce projet très controversé. Il avait également demandé que des investigations soient lancées contre les leaders du mouvement de protestation massif qui ont pris la tête de la contestation.