Le Qatar reprend sa médiation entre le Hamas et Israël
Israël aurait remis au groupe terroriste palestinien une proposition actualisée pour un accord sur les otages ; un responsable affirme que la proposition était égyptienne

Le Qatar a repris sa médiation entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas en vue d’une trêve dans la bade de Gaza, a déclaré jeudi à l’AFP une source proche des discussions, après une suspension temporaire de son rôle de médiateur dans le conflit.
Le Qatar a « repris la médiation », a indiqué cette source sous couvert d’anonymat en raison de la sensibilité des discussions, sans fournir de précisions sur d’éventuelles rencontres récentes entre responsables.
Le Premier ministre du Qatar, Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a révélé jeudi que les conseillers de Donald Trump l’avaient informé de la volonté du président élu américain de conclure un accord sur les otages avant son entrée en fonction, prévue le 20 janvier.
Al Thani a fait cette déclaration lors d’une interview accordée à Sky News, en réponse à une question sur l’avertissement lancé lundi par Trump, qui avait prévenu qu’il y aurait « un terrible prix à payer » si les otages n’étaient pas libérés avant sa prise de fonctions.
« Nous nous attendions à une telle déclaration et nous espérons qu’elle portera ses fruits et sera transmise aux deux parties concernées », a affirmé le Premier ministre qatari.
« Son équipe nous a fait savoir qu’elle souhaitait que la question de la libération des otages soit résolue immédiatement, voire dès aujourd’hui. », a ajouté Al Thani.
« Nous espérons régler cette situation avant que le président élu ne prenne ses fonctions, car notre priorité est de stabiliser la situation à Gaza et de restaurer la sécurité régionale », a-t-il également souligné.
La semaine dernière également, le sénateur républicain Linsey Graham avait confié à Axios que Trump souhaitait qu’un accord sur les otages soit conclu avant son retour à la Maison Blanche.
En octobre, le Times of Israel avait révélé que Trump avait transmis ce message en personne à Netanyahu lors de leur rencontre cet été à Mar-a-Lago, la résidence du président élu.

Enfin, le mois dernier, Steve Witkoff, nouvel envoyé de Trump au Moyen-Orient, s’est rendu au Qatar et en Israël pour lancer une campagne diplomatique visant à faire avancer ce dossier, selon une source proche des pourparlers citée par Reuters.
Lors de cette visite fin novembre, Witkoff aurait rencontré séparément, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le Premier ministre du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani.
En Israël, il aurait également rencontré des familles d’otages, selon un responsable israélien.
Il « a parlé avec elles des efforts de l’équipe Trump pour essayer de négocier l’accord avant l’investiture », a précisé le responsable.
La source a ajouté qu’il est probable que les négociateurs du Hamas retournent à Doha, la capitale qatarie, pour faciliter un nouveau cycle de négociations.
« Un nouveau cycle de négociations indirectes entre Israël et le Hamas est prévu, qui devrait se tenir prochainement à Doha, mais aucune date précise n’a été fixée », a précisé la source.
Réagissant aux efforts Trump-Witkoff, un responsable américain a indiqué que les collaborateurs du président Joe Biden avaient eu connaissance des contacts entre les dirigeants israéliens et qataris.
Selon ce responsable, l’équipe Biden considère que l’accord sur la bande de Gaza, soutenu par le représentant de Trump, s’inscrit dans la continuité de celui promu par l’administration actuelle.
Officiellement, c’est l’administration Biden, et non Witkoff, qui pilote les efforts américains pour relancer les négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza.
L’équipe Biden a tenu le camp Trump informé, mais aucune coopération directe n’a eu lieu entre les deux parties, a précisé ce responsable américain sous couvert d’anonymat.
L’administration Biden ne juge pas nécessaire de coordonner ses efforts avec Witkoff, estimant que ses discussions avec les acteurs régionaux visent davantage à se familiariser avec les dossiers qu’à engager de véritables négociations, a-t-il ajouté.
Enfin, une source proche des réunions a indiqué que Witkoff espère finaliser un accord avant le 20 janvier, date butoir que Donald Trump, président élu, a lui-même fixée. Ce qui semble suggérer que la future administration Trump n’a pas l’intention d’attendre son investiture pour prendre en main ce dossier.

Par ailleurs, selon Axios, citant deux responsables israéliens, Israël a remis au Hamas une proposition actualisée pour un accord sur les otages.
Cette proposition serait similaire au plan par étapes discuté en août, mais elle se concentre désormais principalement sur la réalisation de la première étape. Le Hamas a également montré une nouvelle ouverture à un accord partiel, indiquent les responsables.
Dans sa proposition actualisée, Israël est désormais disposé à envisager l’option d’un cessez-le-feu qui durerait jusqu’à 60 jours, alors qu’auparavant la première phase n’était que de 42 jours. Selon Axios, pendant le cessez-le-feu, toutes les femmes otages vivantes, tous les hommes vivants de plus de 50 ans et les personnes souffrant de graves problèmes de santé seraient libérés. Israël avait demandé 33 otages vivants à ces groupes, mais estime qu’il n’y en a plus autant en vie.
Israël est toujours disposé à libérer des centaines de prisonniers de sécurité palestiniens, dont certains sont condamnés à perpétuité pour des attentats terroristes meurtriers.
Selon Axios, le Premier ministre Netanyahu et plusieurs ministres de premier plan et chefs de la sécurité ont approuvé la proposition dimanche, puis l’ont transmise aux Égyptiens, qui l’ont présentée au Hamas au Caire lundi et mardi.
La proposition actualisée d’accord sur les otages présentée au Hamas par l’Égypte n’était pas une offre israélienne, a ensuite précisé un responsable israélien au Times of Israel, mais plutôt une proposition égyptienne sur laquelle Israël est tout à fait ouvert à la discussion.
Ce responsable note que la proposition ne concerne pas la fin de la guerre, mais un cessez-le-feu prolongé qui permettra de libérer les otages de la catégorie « humanitaire » – les personnes âgées, les enfants, les femmes et les blessés graves.
Le Hamas n’a toujours pas indiqué s’il était disposé à discuter de la proposition, et s’il le fait, Israël enverra une délégation au Caire pour négocier, a déclaré le responsable.
Israël « a intérêt » à ce que l’Égypte reste au centre des pourparlers, a expliqué le responsable, ajoutant que le Qatar reste informé en coulisses et voudra participer pleinement à la médiation en cas de progrès. « La Turquie n’a aucun rôle à jouer », a précisé le fonctionnaire, contredisant ainsi des informations antérieures.
Le responsable a affirmé que la menace du président élu américain Donald Trump cette semaine de punir les responsables si les otages ne sont pas libérés avant son investiture devrait avoir un effet positif sur les tentatives de parvenir à un accord. « Le Hamas prend cela au sérieux, surtout maintenant qu’il est isolé dans la campagne ». Israël a commencé à exercer une plus grande pression militaire sur le Hamas à Gaza ces derniers jours, a déclaré le fonctionnaire.

Entre-temps, Massad Boulos – choisi comme conseiller de Donald Trump pour le Moyen-Orient – a déclaré au journal français Le Point que « les deux parties se sont mises d’accord sur les grandes lignes d’un accord ».
« La guerre est pratiquement terminée », a-t-il affirmé. « Il n’y a pratiquement plus d’activité militaire significative. La seule question qui subsiste est celle des otages, et les parties se sont déjà mises d’accord à plusieurs reprises sur un échange entre otages et prisonniers
palestiniens. »
« Les grandes lignes de l’accord ont déjà été établies et il ne reste que de très petits détails à régler sur quelques noms, a précisé Boulos, le nombre de personnes libérées [du côté palestinien] et la période au cours de laquelle les échanges devraient avoir lieu. »
En ce qui concerne le Liban, le responsable qui s’est confié au Times of Israel sur la proposition égyptienne, a nié les affirmations françaises selon lesquelles Israël aurait violé les termes du cessez-le-feu avec le Hezbollah. « Il y a des accords dans la convention parallèle avec les Etats-Unis qui nous permettent d’agir contre toute menace, et c’est ce que nous faisons ».
Le responsable a souligné que la convention permettait à Israël de frapper non seulement les menaces actives, mais aussi les tentatives de renforcement des capacités militaires.
S’il y a des violations qui ne constituent pas des menaces immédiates, Israël passera par l’organe de surveillance franco-américain, dit le fonctionnaire, mais cet organe est encore en cours d’élaboration. « Nous devons le laisser faire ses preuves. Mais nous voulons aussi établir que nous agirons contre toutes les menaces ».
Le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a pour sa part déclaré ce jeudi à son homologue américain, Antony Blinken, à Malte, que l’occasion se présentait de faire avancer l’accord sur la libération des otages.
Selon son bureau, Saar a insisté sur le fait qu’Israël souhaite sérieusement parvenir à un accord, s’en tenant au message qu’il a transmis aux autres ministres des Affaires étrangères lors de la réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Ils ont également discuté des combats en Syrie et au Liban.