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Analyse

Le rencontrer ou pas ? Le casse-tête Trump de Netanyahu

Le Premier ministre ne peut pas sembler favoriser l’un ou l’autre candidat. Mais après son avertissement le jour de l’élection sur les arabes votant « en masse », une photo avec l’homme qui veut « bannir les musulmans » est la dernière chose dont il a besoin

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le candidat aux primaires du parti républicains en vue des élections présidentielles, Donald Trump, pendant son discours au Republican Jewish Coalition 2016 à Washington, le 3 décembre 2015 (Crédit : AFP PHOTO / SAUL LOEB)
Le candidat aux primaires du parti républicains en vue des élections présidentielles, Donald Trump, pendant son discours au Republican Jewish Coalition 2016 à Washington, le 3 décembre 2015 (Crédit : AFP PHOTO / SAUL LOEB)

Après que le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump a annoncé ses projets de visiter Israël et de rencontrer le dirigeant israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est retrouvé dans un classique dilemme « soit maudit si tu le fais, soit maudit si tu ne le fais pas ».

D’une part, Netanyahu doit éviter de donner l’impression de se mêler des affaires internes de la politique américaine.

En août, il a reçu Mike Huckabee, et si le Premier ministre peut accueillir un candidat qui n’a quasiment aucune chance de remporter la nomination républicaine, cela apparaîtrait comme une grave rupture du protocole s’il devait refuser le même genre de photo au favori. (Le Premier ministre a aussi rencontré Scott Walker en mai, avant que Walker n’annonce sa candidature).

D’autre part, Netanyahu se retrouve sous le feu des critiques pour avoir quasiment mis en place une rencontre avec l’homme qui voudrait barrer l’entrée des Etats-Unis à tous les musulmans.

La proposition incendiaire de Trump a été condamnée par quasiment tout le monde, sauf les soutiens les plus farouches de Trump, y compris la Maison Blanche et les dirigeants républicains, les groupes juifs et musulmans américains, et même des ministres israéliens et des députés de divers partis.

Benjamin Netanyahu dans un message le jour du scrutin, le 17 mars 2015 (Capture d'écran: YouTube)
Benjamin Netanyahu dans un message le jour du scrutin, le 17 mars 2015 (Capture d’écran: YouTube)

Après l’avertissement controversé de Netanyahu le jour des élections sur les Arabes israéliens qui « sortaient en masse » pour aller voter, le Premier ministre doit être particulièrement prudent sur les personnes avec qui il s’associe. Netanyahu n’a jamais été particulièrement populaire parmi les Arabes israéliens ; une chaleureuse poignée de main avec un fanatique anti-musulman déclaré n’aiderait pas – ni à un niveau politique personnel, ni à un niveau politique national.

Assez ironiquement, les candidats républicains à la présidentielle sont un casse-tête pour Netanyahu.

Sa rencontre en 2012 avec Mitt Romney a été largement perçue comme un soutien, beaucoup d’analystes la voyant comme l’une des premières raisons de sa froide relation avec le rival de Romney, Barack Obama. Ceci, alors que le candidat Obama a été accueilli de la même manière en Israël quatre ans plus tôt.

Prime Minister Benjamin Netanyahu meets with US Republican presidential candidate Mitt Romney in Netanyahu's office in Jerusalem. July 29, 2012. (photo credit: Avi Ohayon/GPO/FLASH90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontre le candidat républicain à la présidentielle Mitt Romney dans son bureau à Jérusalem. 29 juillet 2012. (Crédit : Avi Ohayon/GPO/FLASH90)

La demande de Trump d’une rencontre au bureau du Premier ministre, dont des sources proches de Netanyahu ont dit mercredi qu’elle avait été prévue pour fin décembre bien avant l’éruption du « bannissement des musulmans », se présente donc comme une impasse.

Si Netanyahu annule la rencontre, il pourrait être accusé de choisir parmi les politiciens américains. Et si vous refusez de rencontrer Trump, qui veut bannir les musulmans, les critiques pourraient demander, mais rencontreriez-vous d’autres candidats républicains à la présidentielle, dont certains ont aussi tenu des propos islamophobes ?

Netanyahu devrait-il boycotter Trump mais accueillir Ben Carson, qui a dit être contre la présence d’un musulman à la Maison Blanche, ou Ted Cruz, qui refuse de critiquer les remarques de Trump ? (Carson, qui est venu en Israël l’année dernière mais n’a pas rencontré Netanyahu, a annoncé vouloir revenir. Marco Rubio est aussi attendu rapidement dans le pays).

Le milliardaire américain Donald Trump conseille aux Israéliens de voter pour Benjamin Netanyahu dans une vidéo de campagne en 2013 (Crédit : Capture d'écran YouTube)
Le milliardaire américain Donald Trump conseille aux Israéliens de voter pour Benjamin Netanyahu dans une vidéo de campagne en 2013 (Crédit : Capture d’écran YouTube)

De ce point de vue, l’empressement officiel de Netanyahu a vouloir rencontrer tous les candidats à la présidentielle, même s’il n’est pas nécessairement d’accord avec tout ce qu’ils disent, est cohérent.

De plus, que se passerait-il si Netanyahu décidait de snober Trump et que l’inimaginable arrive et que Trump gagne la présidentielle ?

Après huit années orageuses durant lesquelles la relation entre Jérusalem et Washington a vu les crises se succéder, Israël ne peut pas se permettre d’avoir un nouveau président qui en voudrait au Premier ministre de l’avoir embarrassé en retirant son invitation.

Et pourtant, le rejet presque universel de Trump sur ce qui a été largement perçu comme une proposition politique raciste rend difficile pour Netanyahu d’étreindre l’homme qui, il y a deux ans, dans une campagne vidéo, a exhorté les Israéliens à voter pour lui.

Pendant longtemps, Trump a été considéré comme coloré, non orthodoxe, politiquement inexpérimenté et peut-être bizarre – mais largement sans danger.

Lundi, tout a changé.

La semaine dernière, la ligue anti-diffamation (ADL) a défendu ses remarques ostensiblement antisémites devant la coalition juive républicaine, disant qu’elles devaient être vues dans un contexte plus large et avaient été mal interprétées. Mardi, l’ADL a dénoncé les propos de Trump appelant à bannir tous les musulmans, les qualifiant d’ « inacceptables » et de « profondément offensants ».

Si le Premier ministre accueille maintenant Trump dans son bureau à Jérusalem, il ne provoquera pas seulement beaucoup si ce n’est la majorité des Israéliens – dont 20 % sont musulmans – et des centaines de milliers de fidèles à l’islam dans le monde.

Il provoquera aussi la plupart de la communauté juive américaine, qui n’a aucune tolérance pour le sectarisme religieux. En fait, Netanyahu s’aliènera la majorité du monde civilisé, et il n’est donc pas impensable qu’il finisse par reconsidérer cette rencontre.

En ces temps troublés, un sujet urgent peut surgir n’importe quand et rendre une rencontre opportunément impossible. (Qui saurait ça mieux que Netanyahu, qui en 2012 s’est vu refusé une rencontre à la Maison Blanche avec le président Obama pour des raisons d’emploi du temps ?)

Contrairement à la nomination controversée de Ran Baratz par Netanyahu comme son nouveau directeur de la communication, le casse-tête Trump ne peut pas être repoussé indéfiniment. (Baratz a été nommé il y a plus d’un mois, et quand il a été révélé qu’il a attaqué Obama et d’autres officiels importants sur Facebook, Netanyahu a juré de revoir sa nomination. A cette heure, nous ne savons toujours pas si Baratz sera engagé ou pas).

La rencontre du 28 décembre entre Netanyahu et Trump est dans moins de trois semaines.

Cet article a été rédigé avant la réaction du bureau du Premier ministre israélien qui a condamné les propos de Donald Trump tout en soulignant que la rencontre avait été organisée avant.

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