Le retour de Trump crée l’opportunité d’éliminer la menace iranienne – experts
Le panel nommé par Benjamin Netanyahu pour examiner le budget de la Défense demande que l'on se concentre sur Téhéran, affirmant que tous les Israéliens doivent servir de façon égale
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Selon un panel d’experts nommé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour examiner les dépenses de la Défense et la conception de la force militaire de l’armée israélienne pour l’avenir, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis constitue une occasion sans précédent d’éliminer la menace que l’Iran fait peser sur Israël.
Le comité Nagel a déclaré lundi que le retour de Trump à la Maison Blanche « crée, pour la première fois, le potentiel d’un changement fondamental et d’une suppression ou d’une réduction significative de la menace iranienne ».
L’investiture de Trump est prévue pour le 20 janvier. On s’attend à ce qu’il reprenne une version de la campagne de « pression maximale » qu’il avait menée lors de son premier mandat pour inciter l’Iran à renoncer à son programme nucléaire.
La publication des conclusions du panel est intervenue le même jour qu’un article d’Axios selon lequel le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, était sorti d’une réunion avec Trump en novembre en estimant que le président-élu des États-Unis soutiendrait une frappe israélienne sur les installations nucléaires iraniennes, voire ordonnerait une attaque américaine.
Le comité, présidé par le général de brigade (Rés.) Prof. Jacob Nagel et composé de représentants du bureau du Premier ministre, du ministère des Finances, du ministère de la Défense et de Tsahal, est chargé de déterminer l’orientation de la conception de la force militaire d’Israël pour la prochaine décennie, ses implications budgétaires et son impact économique.
Il a présenté ses conclusions aux journalistes israéliens lundi après-midi, puis à Netanyahu, au ministre de la Défense Israel Katz et au ministre des Finances Bezalel Smotrich plus tard dans la journée.
On craint que l’Iran ne s’oriente vers la fabrication d’une arme nucléaire alors que la république islamique est de plus en plus acculée à la suite d’une série de frappes dévastatrices – auxquelles s’ajoute l’imminence de l’investiture de Trump.
Des spéculations ont également vu le jour, laissant entendre qu’Israël pourrait frapper l’Iran en réponse aux attaques récurrentes de missiles balistiques lancées contre Israël par le groupe terroriste des Houthis du Yémen, qui reçoivent des armes et d’autres formes de soutien de la part de la République islamique.
La semaine dernière, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que l’Iran était prêt à faire face à toute nouvelle attaque israélienne et il a averti qu’une telle action pourrait déclencher une conflagration plus large.
Le rapport du panel Nagel indique que le programme nucléaire iranien est « une menace critique qu’il faut contrecarrer, à tout prix et de quelque manière que ce soit, directe ou indirecte ».
Il a indiqué que, jusqu’à présent, les circonstances diplomatiques et opérationnelles ne permettaient pas de mettre fin au programme, mais seulement de le ralentir.
Selon le rapport, l’objectif stratégique de l’Iran est de « provoquer la destruction conventionnelle d’Israël, directement et par personne interposée, sous un parapluie nucléaire ».
Le rapport décrit quatre domaines dans lesquels Israël devrait concentrer ses efforts contre l’Iran. Selon le comité, le plus important est la capacité de l’Iran à s’armer.
Nagel a expliqué aux journalistes que les efforts déployés pour empêcher les pays d’enrichir de l’uranium ont échoué par le passé.
Israël devrait également s’efforcer d’affaiblir le régime iranien, de mettre un terme aux efforts d’enrichissement et de cibler son programme de missiles balistiques, a ajouté Nagel.
En tant que panel chargé de formuler des recommandations budgétaires, le panel Nagel a examiné l’économie et ses implications pour la capacité d’Israël à construire et à maintenir une armée efficace. D’une manière générale, il a relevé des signes positifs pour l’économie, ainsi qu’une reprise à mesure que les combats se terminent au Liban et potentiellement à Gaza.
« Le 7 octobre n’a pas eu lieu en raison d’un manque de budget ou de la taille de l’armée », a souligné le rapport.
Au contraire, la guerre a clairement montré qu’il existe des insuffisances en matière de préparation et de capacités qui ne peuvent plus être ignorées, a ajouté le comité.
Le panel a indirectement critiqué les concepts de « sécurité » antérieurs qui cherchaient à obtenir de longues périodes de tranquillité par la dissuasion et par les incitations économiques. « Empêcher la montée en puissance de l’adversaire, sous toutes ses formes, est plus important qu’une tranquillité prolongée », selon le rapport.
« La réponse d’Israël aux tentatives de lui nuire doit être continue et parfois même disproportionnée. »
Le comité a recommandé des augmentations significatives du budget de la Défense pour la prochaine décennie dans les domaines du capital humain, de la menace iranienne, de la défense antimissile, de la sécurité des frontières, des troupes terrestres, de la production et de l’indépendance des munitions nationales, de la cyber-défense et du renseignement.
Le panel préconise une augmentation de 9 milliards de shekels pour 2025, puis de 15 milliards de shekels supplémentaires chaque année jusqu’en 2030, après quoi le budget annuel diminuera de 3 milliards de shekels. Selon le comité, il ne faudrait pas augmenter les impôts pour financer l’augmentation du budget de la Défense, mais plutôt s’appuyer sur la croissance économique prévue.
Bien qu’il n’ait pas été invité à s’exprimer sur la question, le panel Nagel a appelé à un « service obligatoire égalitaire pour tous les citoyens », affirmant qu’il devra être mis en œuvre « progressivement, en fonction de la capacité de conscription de Tsahal et de ses besoins ».
Il n’a pas mentionné nommément les communautés ultra-orthodoxes ou arabes, qui ne sont généralement pas soumises au service militaire obligatoire.
En ce qui concerne les dirigeants politiques, le comité a déclaré que les élus israéliens n’influencent pas suffisamment les services de sécurité : « Lorsque cela se produit, c’est dans des domaines très limités, sur des sujets convenus à l’avance, et à des stades avancés, lorsque l’influence est déjà mineure. »
Il a proposé un calendrier annuel pour la présentation par les services de sécurité des plans de travail et des évaluations devant le cabinet, afin que les élus aient davantage leur mot à dire et puissent remettre en question les hypothèses.
En ce qui concerne la production nationale d’armes, le panel a averti qu’en cas de conflit futur, « nous risquons de ne pas pouvoir acheter [des munitions essentielles], même auprès de pays amis, lorsque nous le souhaiterons ».
Au cours de la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, le Canada, la France, le Royaume-Uni et d’autres pays européens ont imposé des suspensions partielles des livraisons d’armes, et certains dirigeants ont même appelé à des interdictions générales.
Même des alliés proches comme l’Allemagne et les États-Unis ont été accusés de ralentir les livraisons d’armes.
Selon le rapport, la production nationale indépendante « accordera à Israël une liberté d’action politique profonde et protégée, et diffusera sa force et sa résilience ».
Le comité a appelé à des investissements et à la création de nouvelles unités dans une série de domaines de pointe, y compris dans l’IA, le combat dans l’espace, les missiles hypersoniques, les plateformes autonomes et les capacités de micro-ondes électromagnétiques de haute puissance.
Au cours de ses travaux, le panel s’est entretenu avec la division du budget du ministère de la Défense, le comptable général, la Banque centrale d’Israël, le ministère des Finances et des membres de l’establishment de la Défense.
En mai, à la suite d’une longue bataille avec l’establishment de la Défense, Smotrich avait annoncé qu’il était parvenu à un accord avec le ministre de la Défense de l’époque, Yoav Gallant, pour la création de ce comité d’experts.