Le retour des compagnies aériennes étrangères en Israël fera-t-il baisser les prix cet été ?
Les transporteurs étrangers reprennent leurs vols vers Israël, mais avec une capacité réduite ; les Israéliens optent pour de courts séjours en Europe de l'Est, considérée comme plus sûre
Si la reprise des vols de plusieurs compagnies aériennes étrangères vers Israël et la réouverture du Terminal 1 pour les vols à bas prix sont des mesures bienvenues, elles ne semblent pas suffire à faire baisser les prix élevés imposés aux voyageurs israéliens pour réserver leurs vacances estivales.
Lorsque la guerre a éclaté à la suite de l’attaque du groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, la plupart des compagnies aériennes étrangères ont interrompu leurs vols vers Israël, laissant les voyageurs partant de l’aéroport de Ben Gurion presque entièrement dépendants des compagnies israéliennes El Al Israel Airlines, Israir et Arkia.
Ces dernières semaines, de nombreuses compagnies aériennes étrangères, dont un certain nombre de compagnies américaines, ont repris leurs vols à destination et en provenance d’Israël, et l’aéroport international de Ben Gurion a décidé en juin de rouvrir son terminal 1 – utilisé principalement par les compagnies aériennes à bas prix – pour la première fois depuis octobre, dans l’espoir que cette reprise de l’activité soulagera les consommateurs israéliens qui payent des prix fulgurants pour leurs billets d’avion depuis le mois d’octobre.
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« La plupart des compagnies aériennes étrangères sont de retour en Israël, mais avec une capacité de vol réduite, et certaines compagnies sont revenues avec des avions plus petits et un nombre de sièges plus limité », a expliqué Yaneev Lanis, cofondateur du site de réservation en ligne Secret Flights, au Times of Israel. « Cela signifie que l’offre reste faible et la demande élevée, et que les prix ne baissent donc pas. »
« Bien que les prix des billets aient légèrement baissé en raison d’une concurrence accrue, nous nous attendons à ce que les prix des vols montent en flèche pour la prochaine saison d’été, qui commence à la fin du mois de juin, en raison de la pénurie de sièges attendue et de la demande croissante », a ajouté Lanis.
Plus tôt ce mois-ci, Delta Airlines et United Airlines ont repris leurs vols à destination et en provenance d’Israël pour la première fois depuis le 7 octobre. United, qui avait brièvement repris ses vols en mars pour les suspendre à nouveau un mois plus tard en raison de l’attaque directe sans précédent de l’Iran contre Israël, avait initialement prévu de reprendre ses vols vers Israël le 1er mai. Pour sa part, American Airlines, qui espérait reprendre ses vols vers Israël en mai, a annoncé en février que les opérations vers Israël seraient reportées jusqu’à la fin du mois d’octobre 2024.
D’autres compagnies aériennes étrangères ont repris leurs activités en Israël ces derniers mois, quoique partiellement, comme Air France et le groupe Lufthansa, qui comprend Swiss et Austrian Airlines. Elles opèrent toutes à une échelle plus réduite que d’habitude.
Parmi les compagnies aériennes européennes à bas prix, Wizz Air (Hongrie), Neos (Italie), Transavia Airlines (Pays-Bas) et les transporteurs grecs Aegean Airlines et Bluebird Airways ont continué à voler vers et depuis Tel Aviv par intermittence cette année. Le 1er mai, Transavia a annoncé qu’elle annulait ses services entre Tel Aviv et Amsterdam jusqu’au 1er septembre « en raison de la situation dans la région », mais que d’autres vols vers Paris étaient maintenus.
Avec la réouverture du terminal 1, la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts Ryanair a repris ses vols vers Tel Aviv au début du mois de juin. « La compagnie propose désormais des vols vers sept destinations, contre plus de vingt avant la guerre », a indiqué Lanis.
Selon lui, Ryanair aurait repris 15 à 20 % de ses activités d’avant-guerre en Israël.
La compagnie britannique EasyJet, qui a brièvement repris ses services vers et depuis Israël le 25 mars, a suspendu ses vols vers Israël en avril jusqu’au 27 octobre, en invoquant la situation sécuritaire au Moyen-Orient.
« L’été a été complètement gâché », déplore Lanis. « Même si la guerre se termine bientôt et que la paix revient, il est peu probable que les transporteurs reprennent leurs activités plus tôt, car la planification des horaires se fait longtemps à l’avance et, à partir du moment où la décision a été prise d’annuler la saison d’été vers Israël, les avions ont été affectés sur d’autres itinéraires ».
Un transporteur comme Easyjet, par exemple, a déjà réaffecté des avions et des équipages à des lignes lucratives en Europe et vendu des billets pour ces avions, et il est très « improbable qu’il réaffecte à la dernière minute des avions et du personnel à d’autres lignes », a-t-il ajouté.
Cette année, les prix risquent de grimper encore plus, car la plupart des Israéliens n’ont pas réservé à l’avance, comme ils en avaient l’habitude, en raison de la situation incertaine causée par la guerre, selon l’agence de voyage et de tourisme ISSTA Israël.
« Avant la guerre, les Israéliens avaient l’habitude de réserver leurs vacances d’été de juillet-août en avril ou en mai et cette année, pour la première fois, ils ne réservent qu’à la fin du mois de juin parce qu’ils ont peur de réserver à l’avance en raison de la guerre », a expliqué Tali Noy, vice-présidente d’ISSTA en charge du marketing et des ventes. « Le comportement des clients israéliens a changé, ce qui rend leurs vacances encore plus chères, non seulement en termes de billets d’avion, mais aussi d’hôtels à l’étranger, qui sont déjà complets, indépendamment de la guerre du Hamas. »
Lanis et Noy ont tous deux expliqué qu’en raison de la situation sécuritaire et politique, la carte des principales destinations de voyage avait changé. Aujourd’hui, les Israéliens recherchent avant tout des vacances courtes, de quatre jours dans des pays proches comme la Grèce et Chypre, ou de deux semaines dans des pays plus lointains comme la Thaïlande.
« La Turquie et le Maroc, destinations populaires auprès des Israéliens ces dernières années, ont disparu des canaux de vente des réservations », a indiqué Noy. « La demande de destinations en Europe de l’Est, où les Israéliens se sentent plus en sécurité, a augmenté par rapport à l’Europe de l’Ouest, probablement en raison de la situation politique et du fait que les dépenses quotidiennes et les voyages sont moins chers. »
« Avant la guerre, Rome, Barcelone, Londres et Paris figuraient sur la liste des destinations les plus prisées. Aujourd’hui, ce sont plutôt d’autres villes, comme Budapest et Bucarest, ou des pays comme le Monténégro et la Bulgarie, qui sont en demande », a-t-elle ajouté.
Réserver un billet aller-retour avec Transavia de Tel Aviv à Paris en juillet coûtera entre 400 et 640 dollars et en août, entre 500 et 960 dollars. Sur El Al, les billets pour Paris commencent aux alentours de 870 dollars en juillet et atteignent entre 800 et 1 000 dollars en août.
Sur Arkia, un billet aller-retour pour Athènes en juin et début juillet démarre aux alentours de 370 dollars et peut atteindre 700 dollars selon les dates. Pendant la première quinzaine d’août, les tarifs sont déjà plus élevés, à partir de 468 dollars, et pendant la deuxième quinzaine, les prix varient de 596 à 1 056 dollars pour un aller-retour. Les billets avec Wizz Air de Tel Aviv à Athènes se situent dans une fourchette de prix similaire en juillet et en août.
Si l’on compare les tarifs aériens de l’été 2024 aux prix pratiqués avant le début de la guerre, un billet pour Athènes avec Wizz Air a plus que doublé, augmentant de 139 %, selon les données de Secret Flights.
En juillet, les billets d’avion d’Arkia pour Rome commencent à 321 dollars et vont jusqu’à 700 dollars. En août, les prix commencent à un peu moins de 600 dollars et vers la mi-août, ils passent de 750 dollars à 1 027 dollars.
« Pour garantir vos vacances, il est préférable de réserver auprès des compagnies aériennes israéliennes », a ajouté Noy. « Ce que nous avons pu constater depuis le début de la guerre, c’est que beaucoup de nos clients en ligne ont opté pour une réservation hors ligne auprès d’un agent de voyage qui pourra les conseiller sur les destinations et les aider en cas d’annulation de vol, car ils veulent pouvoir compter sur un contact lorsqu’ils sont à l’étranger. »
Lanis reconnaît que « l’achat de billets auprès d’un transporteur étranger reste un risque, qu’il s’agisse d’un transporteur à bas prix ou non, car le moindre petit drone en provenance d’Iran ou missile en provenance du Nord pourrait entraîner l’annulation des vols des transporteurs étrangers ».
United et Delta sont de retour en Israël avec une capacité réduite, mais ils n’ont pas repris les vols directs vers de nombreuses destinations, comme Chicago et San Francisco, ce qui signifie que si un passager veut voler directement de Tel Aviv vers de nombreuses villes d’Amérique du Nord, il reste tributaire du transporteur national israélien El Al, a fait remarquer Lanis.
« La réouverture du terminal 1 est une mesure tardive et insuffisante, et l’absence prolongée de mesures supplémentaires continuera à empêcher les Israéliens de voyager avec des compagnies aériennes étrangères qui ne sont pas encore pleinement opérationnelles, tout en leur coûtant plus cher », a-t-il déclaré.
Lanis a appelé le gouvernement à accorder davantage d’incitations et de facilités aux compagnies aériennes étrangères afin de stimuler la concurrence sur le marché israélien, car les touristes ne sont pas prêts de revenir pour un bon bout de temps encore en raison de la guerre en cours.
« Le gouvernement pourrait accorder des réductions sur les taxes, ouvrir l’aéroport 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et donner des créneaux à toute compagnie aérienne qui souhaite venir en Israël à n’importe quelle heure ou n’importe quel jour », a suggéré Lanis. « Il peut également garantir ou assurer la sécurité des avions et des équipages des compagnies aériennes étrangères, car l’assurance représente un coût très élevé pour une compagnie aérienne étrangère qui se rend dans une zone de guerre. »
« Si la situation sécuritaire reste stable et que les transporteurs étrangers augmentent leur capacité et le nombre de sièges en Israël, les prix baisseront progressivement, mais il faudra quelques semaines, voire quelques mois, avant que les Israéliens ne reprennent confiance dans les compagnies aériennes étrangères qui ont contrarié leurs plans depuis quelques mois », a ajouté Lanis.
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