Le Royaume-Uni sanctionne le groupe d’implantations Amana pour ses avant-postes illégaux
L'organisation est déjà sanctionnée par le Canada, les États-Unis envisagent d'en faire autant ; sept avant-postes et organisations d'implantations sont visées par les Britanniques
La Grande-Bretagne a sanctionné mardi des organisations de résidents d’implantations israéliens qui, selon elle, ont parrainé des violences contre des communautés palestiniennes en Cisjordanie, et a appelé Israël à « mettre fin à l’expansion de la présence juive sur les terres palestiniennes ».
Les sanctions visent trois avant-postes et quatre organisations impliquées dans « la facilitation, l’incitation, la promotion ou le soutien » d’activités qui constituent une grave violation des droits de l’homme des Palestiniens, a déclaré la Grande-Bretagne.
Parmi les organisations sanctionnées figure Amana, l’organe de développement du mouvement d’implantation et l’organisation israélienne de développement la plus importante en Cisjordanie.
Dans une déclaration publiée en ligne, les Affaires étrangères britanniques ont indiqué qu’Amana « a supervisé l’établissement d’avant-postes illégaux et fournit des fonds et d’autres ressources économiques aux résidents d’implantations israéliens impliqués dans la menace et la perpétration d’actes d’agression et de violence contre les communautés palestiniennes en Cisjordanie ».
L’organisation a été sanctionnée par le Canada en juin, et des fonctionnaires américains ont déclaré au Times of Israel que l’administration du président Joe Biden envisageait également cette mesure.
Une deuxième organisation sur la liste, HaShomer Yosh, a été sanctionnée par les États-Unis en août.
« HaShomer Yosh est une organisation non gouvernementale qui fournit des volontaires pour les avant-postes illégaux, y compris l’avant-poste de Meitarim », a déclaré le ministère britannique des Affaires étrangères.
Selon le Département d’État américain, des volontaires de cette organisation ont clôturé un village au début de l’année pour empêcher le retour de 250 Palestiniens qui avaient été contraints de partir.
Meitarim est l’un des trois avant-postes sanctionnés par la Grande-Bretagne mardi, avec Tirza Valley Farm et Shuvi Eretz.
Moshe Sharvit, fondateur de Tirza Valley Farm, et Yinon Levy, fondateur de Meitarim, ont été sanctionnés par le Royaume-Uni en février dernier.
Les organisations Od Yosef Chaï Yeshiva et Torat Lechima ont également été ajoutées à la liste des sanctions britanniques mardi.
Od Yosef Chaï Yeshiva « est une école religieuse implantée dans l’implantation de Yitzhar, connue pour promouvoir la violence à l’encontre des non- Juifs », a déclaré le ministère des Affaires étrangères. Le fondateur du séminaire, Yitzchak Ginsburgh, a été accusé d’incitation au racisme en 2003 et, en 2017, l’un de ses grands rabbins , Yossef Elitzur, a été inculpé d’incitation à la violence.
Elitzur est surtout connu pour son livre Torat Hamelech, dans lequel il suggère que la loi juive permet de tuer des non-Juifs dans certaines circonstances.
Selon les Affaires étrangères, Torat Lechima est une organisation caritative israélienne enregistrée qui « a été documentée comme apportant un soutien financier à des avant-postes illégaux de résidents d’implantations liés à des actes de violence contre des communautés palestiniennes en Cisjordanie ».
Alors que la communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, Israël fait une distinction entre les maisons construites et autorisées par le ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État, et les avant-postes illégaux construits sans les autorisations nécessaires, souvent sur des terres privées palestiniennes.
Les résidents des avant-postes ont souvent été cités comme auteurs d’attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie, qui sont très rarement poursuivies par Israël et ont donné lieu à des sanctions de la part des pays occidentaux au cours de l’année écoulée.
« L’inaction du gouvernement israélien a permis à un environnement d’impunité de prospérer, où la violence des résidents d’implantations a pu augmenter sans contrôle », a déclaré le ministre des Affaires étrangères britannique David Lammy, notant que les résidents d’implantations avaient également pris pour cible des écoles et des familles avec de jeunes enfants.
« Le gouvernement israélien doit sévir contre la violence des résidents d’implantations et mettre un terme à leur expansion sur les terres palestiniennes », a-t-il ajouté.
Les dernières sanctions, qui imposent le gel des avoirs des organisations, représentent la troisième série de mesures prises à l’encontre de personnes impliquées dans les violences commises par les résidents d’implantations en Cisjordanie, a déclaré la Grande-Bretagne.
L’expansion des implantations figure depuis des dizaines d’années parmi les questions les plus controversées entre Israël, les Palestiniens et la communauté internationale.
L’annonce du Royaume-Uni intervient après que l’ancien ministre des Affaires étrangères, David Cameron, a déclaré que le précédent gouvernement conservateur avait prévu de sanctionner deux ministres israéliens « extrémistes ».
Cameron a déclaré à la BBC qu’il avait « préparé » des sanctions contre le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avant les élections législatives de juillet.
Des projets similaires auraient été en cours de préparation aux États-Unis à l’époque, mais ils ont finalement été abandonnés.
Les tensions en Israël et en Cisjordanie sont montées en flèche depuis le 7 octobre, date à laquelle des terroristes ont fait irruption en Israël par la frontière de Gaza dans le cadre d’un pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, tuant près de 1 200 personnes et prenant 251 otages, mais les groupes de veille affirment qu’elles étaient déjà en hausse avant cette date.
Au cours des huit premiers mois de 2023, avant l’assaut barbare et sadique du Hamas et le début de la guerre contre ce dernier à Gaza, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a enregistré, en moyenne, trois incidents liés aux résidents d’implantations par jour. Ce chiffre est à comparer à la moyenne de deux par jour en 2022, qui était alors le taux le plus élevé depuis le début de l’enregistrement des données en 2006.
Depuis le 7 octobre, les troupes ont arrêté quelque 5 250 Palestiniens recherchés en Cisjordanie, dont plus de 2 050 affiliés au Hamas.
Selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne (AP), plus de 716 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués au cours de cette période. Tsahal affirme que la grande majorité d’entre eux étaient des terroristes armés tués lors d’échanges de tirs, des émeutiers qui se sont heurtés aux troupes ou des terroristes qui menaient des attaques.
Au cours de la même période, 42 Israéliens, dont des membres des forces de sécurité, ont été tués dans des attaques terroristes palestiniennes en Israël et en Cisjordanie. Six autres membres des forces de sécurité ont été tués lors d’affrontements avec des terroristes en Cisjordanie.