Israël en guerre - Jour 469

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Interview

Le scénariste de « Carbone » dénonce ceux qui veulent « balayer ça sous le tapis »

Inspiré par l'arnaque au CO2 - une vaste fraude récemment jugée à Paris et dont certains protagonistes se sont enfuis en Israël - le film sort mercredi en salles

Photos du film Carbone, inspité par l'affaire. (Crédit : Mika Cotellon © 2016 – LES FILMS MANUEL MUNZ – EUROPACORP – NEXUS FACTORY – UMEDIA – Tous droits réservés.)
Photos du film Carbone, inspité par l'affaire. (Crédit : Mika Cotellon © 2016 – LES FILMS MANUEL MUNZ – EUROPACORP – NEXUS FACTORY – UMEDIA – Tous droits réservés.)

L’arnaque au CO2 ou « Le casse du siècle » consiste en une simple fraude à la TVA mais qui a pour particularité de toucher à …du vent, du vent pollué, dont les pays signataires du protocole de Tokyo qui vise à réguler la pollution, peuvent se revendre des quotas d’émission de CO2. Les montants pharaoniques détournés, d’où « casse du siècle » avoisinent les 5 milliards d’euros à l’échelle mondiale et 300 millions pour la France.

Un film inspiré par cette affaire sort ce mercredi sur les écrans : « Carbone ». Réalisé par Olivier Marshal, le spécialiste du polar en France, qui a fait entre autres « 36 quais des Orfèvres » et la série « Braquo ».

Avec Benoît Magimel, dans le rôle principal et dont on pourrait voir une certaine ressemblance avec Arnaud Mimran, récemment condamné à de la prison ferme dans cette affaire. Figurent également au casting : Laura Smet, Michaël Youn et Gérard Depardieu.

Interview avec le scénariste du film Emmanuel Naccache, qui vit entre Paris et Tel Aviv et dont le film précédent « Kidon » en tant que réalisateur, s’inspirait de l’affaire des agents du Mossad démasqués à Dubaï en 2010.

Emmanuel Naccache (Crédit : Ohad Romano)
Emmanuel Naccache (Crédit : Ohad Romano)

Times of Israël : comment est venue l’idée du film « Carbone » ?

C’est Manuel Munz, le producteur de Kidon, mon film précédent (NDLR: et producteur également de « La vérité si je mens ») qui m’a proposé le sujet. Il avait été approché par un jeune homme proche de certains des participants à cette histoire qui lui avait proposé d’en faire un film.

C’était il y a 5 ans, bien avant que l’arnaque au CO2 soit de notoriété publique. Manuel Munz m’a demandé si je voulais écrire ce film.

A l’époque le projet était aussi que je le réalise. Mais quand on n’a pas réussi à le monter, on a décidé de le proposer à Olivier Marchal qu’on connaissait tous les deux et qui était à mes yeux la meilleure personne en France pour le porter à l’écran.

Quel est le ratio de fiction et de réalité ?

Je dirais que c’est à la fois inspiré de faits réels et rattrapé par la réalité. L’arnaque est vraie, et tous les personnages sont inspirés des vrais acteurs de cette énorme carambouille.

Ensuite, je fais du cinéma, pas du documentaire, et j’ai donc pris des libertés artistiques. Plusieurs personnages réels ont été fusionnés dans le personnage de Benoit Magimel par exemple, et d’autres ont été inventés.

Mais l’arnaque est racontée telle qu’elle a eu lieu, les liens avec les mafias arabe et chinoise sont vrais, la façon dont cela a été financé aussi. Mais le plus intéressant c’est que je me suis autorisé à relier des faits réels que personne ne pensait liés à l’époque, et que 5 ans plus tard, ma fiction est rattrapée par la réalité, selon les forces de l’ordre en tout cas.

De quelle façon avez-vous procédé pour vous documenter sur le sujet ? Avez-vous rencontré des protagonistes ?

Ali Hajdi, le jeune homme qui avait à l’origine proposé le sujet à Manuel Munz est un garçon du monde de la nuit qui connaît beaucoup de protagonistes et a été ma première source d’information.

Ensuite j’ai rencontré effectivement des gens ayant participé à cette escroquerie, certains même qui avaient fait de la prison pour ça, j’ai lu des procès-verbaux, j’ai rencontré des avocats ayant représenté des accusés…

Vous êtes-vous dit un moment que certains penseront que ce film peut alimenter l’antisémitisme ?

C’est un vieux débat qui ressurgit à chaque fois que quelqu’un s’exprime sur les canards boiteux de notre communauté.

Et je pense que c’est honteux de se poser cette question.

Ce qui alimente l’antisémitisme, ce sont les gens au sein de la communauté juive qui font ce genre d’escroqueries, pas ceux qui les dénoncent.

« Ce qui alimente l’antisémitisme, ce sont les gens au sein de la communauté juive qui font ce genre d’escroqueries, pas ceux qui les dénoncent »

Emmanuel Naccache

Je trouve que malheureusement, la communauté juive française a tendance à se comporter avec ses voyous comme l’église catholique avec les prêtres pédophiles.

On veut cacher, balayer ça sous le tapis, ne surtout pas en parler. Ce n’est  ni noble, ni juste, ni efficace.

Je crois qu’il faut avoir le courage de dénoncer ce qui doit l’être, et c’est aussi le rôle des artistes.

Les acteurs de cette arnaque sont-ils essentiellement des juifs français résidents en france et en Israël ?

Les acteurs de cette arnaque sont les acteurs habituels des carambouilles de TVA. Car cette histoire n’est rien d’autre qu’un carrousel de TVA, sauf que cette fois, le produit est du vent, donc pas de transport, pas de douanes, pas d’entrepôts, pas de livraisons, rien, et donc on peut être n’importe où dans le monde pour acheter et vendre des quotas.

Il suffit d’un ordinateur et de comptes en banque. Ça fait que oui, beaucoup des acteurs sont juifs français, certains travaillaient depuis Israël, mais d’autres travaillaient depuis la France, ou depuis Miami, beaucoup étaient des Français non juifs, il y avait aussi des Pakistanais de Londres très actifs, des Polonais, des Italiens, des Allemands…

Photos du film Carbone. (Crédit : Mika Cotellon © 2016 – LES FILMS MANUEL MUNZ – EUROPACORP – NEXUS FACTORY – UMEDIA – Tous droits réservés.)
Photos du film Carbone. (Crédit : Mika Cotellon © 2016 – LES FILMS MANUEL MUNZ – EUROPACORP – NEXUS FACTORY – UMEDIA – Tous droits réservés.)

Avez-vous peur d’une éventuelle réaction du milieu, après la sortie du film ?

Non. D’abord, on ne raconte rien dans le film qui ne soit aujourd’hui de notoriété publique.

On raconte l’histoire de mecs qui se font entraîner dans un engrenage, on ne juge pas, on raconte. Ce n’est pas du journalisme d’investigation, c’et du cinéma et à ce titre, je crois que le milieu appréciera de le voir comme tout le monde et je l’invite chaudement à venir le voir en salles dès mercredi !

Quelle différence de profils existe-t-il selon vous entre les protagonistes de l’arnaque au co2 et de l’arnaque au président ?

Le plus connu des arnaqueurs au président, auquel a été récemment consacré un film, (NDLR: « Je compte sur vous » de Pascal Elbé avec Vincent Elbaz) raconte avec humour que c’est lui qui a inventé l’arnaque au CO2 mais qu’il n’a pas pu en profiter parce qu’il était en prison. C’est dire qu’il s’agit de protagonistes pouvant être très proches.

Toutefois, il y a une énorme différence entre les deux arnaques : celle au président nécessite un talent d’embobinage, un certain charme, un pouvoir de conviction, parce qu’il faut savoir convaincre en direct, au téléphone, et rapidement.

L’arnaque au CO2 ne nécessite elle aucun talent. C’est aussi pour ça qu’on l’a appelé le casse du siècle. Pas seulement par sa taille, mais comme je le fais dire à un des personnages du film, c’est comme si des connards avaient eu les clés de la banque de France et étaient partis déjeuner sans fermer le coffre.

N’importe qui aurait pu entrer et se servir. Il fallait juste être au bon endroit au bon moment, et surtout être malhonnête.

Les prochaines arnaques en vue selon vous ?

Il y en a une ou deux qui circulent en ce moment, mais si ça arrive jusqu’aux oreilles de gens comme moi qui ne sont pas impliqués, ça veut dire que c’est déjà en fin de course.

Par contre, je n’ai pas de doute qu’il y en ait d’autres en cours dont on entendra bientôt parler.

Et vos prochains projets ?

J’ai co-écrit avec Gidi Maron un scénario pour Eran Riklis, l’un des réalisateurs israéliens les plus importants.

Eran Riklis (Crédit : Capture d’écran YouTube)
Eran Riklis (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Le film s’appelle Spider In the Web.

C’est un film d’espionnage inspiré lui aussi de faits réels et qu’Eran tournera en Europe à partir de mars prochain avec un casting international.

Sinon, j’espère tourner mon prochain film également l’année prochaine. C’est un scénario que j’ai aussi co-écrit avec Gidi Maron. Un film qui me tient beaucoup à cœur, qui traite du conflit de 2014 entre Israël et Gaza avec une approche très inattendue et énormément d’humanité.

Ça devrait être une coproduction entre la France, Israël et l’Allemagne, toujours avec comme producteur Manuel Munz.

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