Le Sommet du Neguev, témoin de la nouvelle légitimité d’Israël
Il y a du symbolisme en abondance dans ce rassemblement de ministres au domicile du Premier ministre fondateur du pays - et il y a un agenda politique pressant

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
La vitesse à laquelle le « Sommet du Neguev » – qui se déroule dimanche et lundi – a été rassemblé, le lieu historique choisi pour l’accueillir et la liste croissante de participants soulignent à l’évidence l’importance de ce regroupement sans précédent de ministres des Affaires étrangères en Israël.
Organisé à l’initiative du ministre des Affaires étrangères Yair Lapid à Sde Boker, où vivait David Ben-Gurion, membre fondateur de l’Etat d’Israël premier Premier ministre de l’Etat hébreu, là où se trouve aussi sa sépulture, ce rassemblement dans un endroit si riche de sens vient confirmer d’une manière à la fois spectaculaire et hautement symbolique la légitimité d’Israël et l’importance régionale de l’État juif pour les partenaires du pays qui ont signé les Accords d’Abraham, le Maroc, Bahreïn et les Émirats arabes unis.
Les ministres des Affaires étrangères de ces nations alliées vont, simplement par leur présence, donner une nouvelle valeur aux relations avec Israël – ce pays qui tenait tant à cœur à Ben Gurion, qui s’était battu pour qu’il voit le jour. Une séance photo, dit-on, serait même envisagée aux abords de la tombe de celui qui a pris la tête du tout premier gouvernement israélien.
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En présence du secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, qui est actuellement en visite au sein de l’État juif, les nouveaux alliés régionaux s’entretiendront également avec le ministre des Affaires étrangères du pays qui avait signé, le tout premier, un Traité de paix avec Israël, l’Égypte, pour des discussions officielles ou plus officieuses, pour des consultations et des repas. Ces entretiens surviennent juste une semaine après qu’Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, a accueilli le Premier ministre Naftali Bennett et le prince héritier émirati Mohammed bin Zayed al-Nahyan à l’occasion d’un sommet chaleureux et très médiatisé qu’il avait lui-même organisé. Des initiatives ont aussi été prises pour ajouter à la liste des invités le chef de la diplomatie jordanienne – en vain encore samedi soir.
En fait, le sommet du Neguev coïncide avec une visite qui avait été programmée à Ramallah par le roi Abdallah de Jordanie, une visite visant à trouver des moyens d’apaiser les tensions entre Israéliens et Palestiniens à la veille de la période du Ramadan, habituellement lourde. Blinken, qui discutera avec les leaders israéliens et avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dans la journée de dimanche avant de partir à Sde Boker, dans le sud du pays, aurait indubitablement été heureux de voir non seulement la Jordanie, mais aussi Abbas lors de ce sommet du Neguev.
Mais Bennett, opposé à toute négociation avec le président de l’AP, aurait sûrement rejeté une telle initiative. L’image d’Abbas auprès de la population palestinienne, déjà médiocre, aurait été encore mise à mal s’il avait accepté de participer à un festival diplomatique qui, d’une manière ou d’une autre, rend également hommage au premier Premier ministre israélien. Et, quoi qu’il en soit, le leader palestinien n’a pas vraiment de place dans cet ordre du jour qui rassemble aujourd’hui les ministres des Affaires étrangères à Sde Boker.

Toutefois, le renforcement apparent de la légitimité régionale d’Israël n’apparaît pas seulement dans le lieu choisi pour ce sommet, mais également dans l’ordre du jour qui se trouve au cœur de ce dernier – les efforts visant à réunir et à mettre en place une alliance efficace contre l’Iran, une menace commune pour tous les acteurs présents.
Comme c’est le cas également pour les Accords d’Abraham, l’Arabie saoudite, le poids-lourd régional, ne sera pas présente physiquement lors de cette rencontre de dimanche et de lundi mais elle le sera dans l’esprit – et son influence sera puissante en coulisses. Jérusalem et Ryad, qui ne sont pas officiellement des alliés, œuvrent à renforcer l’unité régionale contre Téhéran de manière pratique, par le biais du partage de renseignements, du développement d’alertes au missile régionales, de systèmes de défense et autres.

Derrière les poignées de main et les sourires, c’est le secrétaire d’État américain qui pourrait bien se retrouver comme l’invité quelque peu étrange de ce regroupement qui sort de l’ordinaire. Il apportera les dernières nouvelles des progrès réalisés en faveur d’un accord sur le nucléaire revivifié entre le groupe P5+1 et l’Iran, dont l’objectif est de freiner le programme d’armement nucléaire voyou du régime des Ayatollahs en échange d’une levée des sanctions et, peut-être, de la radiation du Corps iranien des Gardiens de la Révolution islamique de la liste américaine des groupes et entités terroristes.
Bennett s’oppose avec ferveur à toute remise en vigueur d’un accord nucléaire ; Lapid, de son côté, a indiqué préférer un retrait des États-Unis des négociations à la signature d’un mauvais accord. Les autres participants à ce sommet du Neguev, et les Saoudiens qui observent attentivement ce qui va s’y passer, partagent l’inquiétude profonde d’un Téhéran qui se trouverait finalement encouragé, renforcé et enrichi par l’accord qui est actuellement en train de prendre forme, et ils ont bien réalisé que les États-Unis avaient par ailleurs bien d’autres défis à relever dans le monde, des défis qui retiennent particulièrement l’attention de Washington.
Cela avait été, bien sûr, les États-Unis – et plus précisément l’administration Trump – qui avaient réuni les EAU, Bahreïn et le Maroc dans les Accords d’Abraham, un processus qui a aidé l’État d’Israël contemporain à bénéficier d’une reconnaissance sans précédent dans la région.
Le sommet du Neguev signale que ces nouveaux partenaires travaillent dorénavant ensemble plus étroitement que jamais, simplement parce qu’ils doivent le faire – en partie parce qu’ils savent pertinemment que les États-Unis ont dorénavant d’autres préoccupations et d’autres priorités et parce qu’ils craignent que Washington ne sous-estime les dangers posés par l’Iran.
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