Israël en guerre - Jour 570

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"Vous vous retrouvez à les supplier, et ils en profitent"

Le témoignage glaçant de l’ex-otage Eliya Cohen et son combat pour ramener Alon Ohel

"Les terroristes ont tué un otage qui a tenté de fuir avant d'entrer à Gaza", indique le jeune homme qui est revenu sur l'attaque du "bunker de la mort" d'où il a été enlevé ; les geôliers affamaient intentionnellement les otages

L'ex-otage Eliya Cohen s'adressant au micro de la chaîne N12 dans sa première interview depuis sa libération des geôles du Hamas en février, le 1ᵉʳ avril 2025. (Crédit : Capture d'écran/Chaîne N12 )
L'ex-otage Eliya Cohen s'adressant au micro de la chaîne N12 dans sa première interview depuis sa libération des geôles du Hamas en février, le 1ᵉʳ avril 2025. (Crédit : Capture d'écran/Chaîne N12 )

L’ex-otage Eliya Cohen, qui a été enlevé au festival de musique Nova et retenu captif pendant 505 jours, a confié dans une interview diffusée mardi que des terroristes palestiniens du Hamas avaient tué l’un des otages qui avait tenté de s’échapper alors qu’ils étaient emmenés de force à Gaza le 7 octobre 2023.

S’adressant au micro de la chaîne N12, Cohen a également décrit les conditions difficiles de sa captivité, affirmant que ses geôliers avaient considérablement augmenté la quantité de nourriture au cours de ses dernières semaines de captivité dans la bande de Gaza, après que la maigreur des otages libérés avant lui eut suscité l’indignation internationale.

Cohen a été détenu avec Eli Sharabi et Or Levy, qui ont été renvoyés en Israël le 8 février, dangereusement décharnés. Les trois hommes ont également été détenus avec Alon Ohel, qui n’a pas encore été relâché.

Cohen a rencontré Ohel pour la première fois lors de l’assaut du 7 octobre, après avoir fui la rave-party avec sa fiancée Ziv Abud pour se réfugier dans un abri anti-bombes en bord de route, plus tard surnommé le « bunker de la mort » après que des terroristes l’ont attaqué en lançant des grenades à l’intérieur sur les festivaliers.

« Ils ont lancé la première grenade. Quelqu’un a crié : ‘Grenade ! Grenade !’ J’ai sauté sur Ziv… et la première chose qui m’est venue à l’esprit a été : ‘Ziv, je t’aime.’ La grenade a explosé et a tué tout le monde à l’entrée. Ziv m’a répondu : ‘Eliya, je t’aime.’ »

Cohen a raconté que le sergent Aner Shapiro, qui n’était pas en service ce jour-là, s’est alors levé et a dit : « Nous ne pouvons pas les laisser nous tuer comme ça. » Il a ensuite saisi la grenade suivante lancée dans l’abri et l’a renvoyée à l’extérieur.

L’abri public à l’intérieur duquel des Israéliens ont été assassinés lors du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, sur une route proche du kibboutz Reim, dans le sud d’Israël, le 17 janvier 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Au même moment, la police avait répondu à l’appel passé par Ohel.

« Il [Ohel] lui a dit : ‘Écoutez, nous sommes dans un abri anti-bombes. Ils nous lancent des grenades. Ils nous tirent dessus.’ Sa réponse a été : ‘Cachez-vous, d’accord, au revoir.’ »

Cohen a ensuite raconté avoir vu Aner se faire tirer dessus alors qu’il tentait de lancer une autre grenade. « Il est tombé à terre et la grenade a explosé avec lui. À ce moment-là, je me suis dit : ‘Non, je n’y crois pas.’ Le type qui nous protégeait est mort. »

D’autres personnes présentes dans cet abri ont alors commencé à renvoyer des grenades, mais l’une d’entre elles a explosé et arraché le bras de Hersh Goldberg-Polin. « Après cela, personne n’a plus osé lancer d’autres grenades », a déclaré Cohen.

Eliya Cohen retrouvant sa fiancée Ziv Abud peu après sa libération des geôles du Hamas, le 22 février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Alors que lui et Ziv, qui n’a finalement pas été enlevée, se cachaient des terroristes sous des corps, Cohen a raconté qu’elle lui avait dit : « Au moins, là-haut, nous serons ensemble. Là-haut, personne ne pourra nous déranger. » C’est alors que Cohen a reçu une balle dans la jambe. « Je pense qu’à ce moment-là, j’étais déjà en train de perdre conscience et je ne me souviens de rien jusqu’à 11 heures du matin. »

Il a expliqué avoir ensuite ouvert les yeux et vu trois terroristes en train de le filmer après l’avoir sorti du bunker, d’où ils avaient également enlevé Ohel, Levy et Hersh, ce dernier ayant été assassiné à Gaza l’année dernière.

« [L’un des terroristes] avait un sourire fou. Un sourire complètement fou. Je n’oublierai jamais ce sourire de ma vie », a poursuivi Cohen. « Je m’endors avec ce sourire, je le porte en moi. C’est le sourire de mon enlèvement. »

Ils ont ensuite été chargés dans des camions pour être emmenés à Gaza.

« [Les terroristes] se réjouissaient comme s’ils avaient gagné. Ils nous frappaient à coups de crosse [de fusil] sur la tête, nous piétinaient et nous crachaient dessus », a raconté Cohen.

Il a dit qu’à ce moment-là, un autre otage à bord du camion, qu’il n’a pas identifié, a décidé de s’enfuir.

« Il a décidé de prendre les choses en main et a dit : ‘Je saute.’ Nous lui avons dit : ‘Ne fais pas ça’. Mais durant le trajet, il l’a fait. Ils ont arrêté le camion et l’ont abattu. Nous avons continué comme si de rien n’était, comme si personne n’avait sauté et été abattu », a raconté Cohen.

« Ils savent qu’ils vous affament »

Après son arrivée à Gaza, Cohen a été conduit dans un appartement où Levy et Ohel étaient également détenus, avant d’être emmené dans un tunnel souterrain. Là, il a été enchaîné. Ses geôliers ne lui retiraient ses chaînes que tous les deux mois environ, lorsqu’il se lavait.

La privation la plus difficile à supporter était cependant le manque de nourriture, a expliqué Cohen, qui a été très peu nourri pendant la majeure partie de sa captivité.

« On peut supporter d’être humilié, on peut supporter qu’on nous insulte, on peut supporter d’avoir les jambes enchaînées », a-t-il déclaré.

« La faim est un combat quotidien, car au-delà de la faim, on se bat aussi pour sa vie. Chaque soir, on se couche en se demandant : ‘Qu’est-ce que je vais faire demain pour avoir ce morceau de pita ?’ »

Il a expliqué que la plupart du temps, leurs bourreaux donnaient à chacun des quatre hommes un morceau de pita et une ou deux cuillères de haricots ou de pois, mais certains jours, « je priais Dieu pour que ce soit le cas. Pour que ce soit une pita sèche et deux cuillères de haricots ».

Parfois les terroristes leur apportaient trois pitot au lieu de quatre et leur ordonnaient de partager, en affirmant qu’ils leur en donneraient un autre plus tard dans la journée.

« Vous vous retrouvez à les supplier, et ils en profitent », a-t-il déclaré.

« Ils savent qu’ils vous affament. »

L’otage civil israélien Eliya Cohen (au centre) portant une imitation d’un uniforme de l’armée israélienne entouré de terroristes armés du Hamas avant d’être remis à la Croix-Rouge lors d’une cérémonie de propagande à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 février 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Cohen a raconté que, de temps en temps, lui et les autres otages essayaient de demander personnellement à leurs geôliers de leur fournir plus de nourriture, parfois avec succès.

« Je ne peux pas décrire ce que l’on ressent quand on parvient soudain à toucher leur cœur et qu’ils entrent discrètement dans la pièce pour vous apporter un morceau de pita, une barre de chocolat ou une barre de beurre de cacahuète », s’est-il souvenu.

« C’est la meilleure chose qui puisse vous arriver dans votre vie à ce moment-là, car vous avez survécu un jour de plus. »

Bien qu’il n’ait eu aucun contact avec le monde extérieur pendant sa captivité, Cohen a expliqué avoir compris qu’un accord de cessez-le-feu avait dû être signé lorsque, fin janvier, ses geôliers se sont mis à avoir l’air « très, très heureux ».

« Soudain, les vivres ont commencé à arriver en plus grande quantité », a-t-il raconté.

De gauche à droite : Eli Sharabi, Or Levy et Ohad Ben Ami sur une estrade installée par le Hamas à Deir el-Balah, au centre de Gaza, avant que le groupe terroriste ne les remette à la Croix-Rouge, le 8 février 2025. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

« Un mois avant notre retour chez nous, un commandant [du Hamas] est arrivé. Il nous a vus dans un état épouvantable et a ordonné que l’on nous détache de nos chaînes parce que, en gros, ‘les combats étaient terminés’. »

Les geôliers ont commencé à « nous gaver de nourriture, en particulier après la libération d’Eli et d’Or. Cela avait suscité un tollé », a-t-il souligné.

Bien qu’il ait souffert de malnutrition sévère jusqu’à ce moment-là, Cohen a indiqué ne pas avoir eu de difficulté à s’adapter à de plus grandes quantités de nourriture.

« L’insécurité alimentaire vous rend tellement anxieux que vous voulez absolument manger n’importe quoi. »

« Rien ne sera terminé tant que nous ne nous serons pas retrouvés en Israël »

Au cours de cette interview, Cohen a également décrit les circonstances douloureuses lorsqu’il avait quitté Ohel, avant d’être libéré de Gaza en février, dans le cadre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages, qui a depuis été rompu.

« Alon a paniqué. Il était vraiment terrifié et s’est mis à pleurer », a raconté Cohen, ajoutant qu’il avait dit à Ohel que « tout irait bien » car lui aussi serait libéré dans quelques jours.

« Je croyais vraiment, vraiment que la deuxième phase arriverait rapidement. »

Alon Ohel, capturé par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 lors du festival Supernova. (Crédit : Autorisation)

« Nous nous sommes embrassés et avons pleuré, je lui ai dit d’être fort. Je lui ai promis que même si je ressortais [du tunnel], cela ne signifiait pas que je l’oublierais. »

« Je lui ai promis, Alon, ‘je pars d’ici et jusqu’à ce que nous nous retrouvions en Israël, rien n’est fini’. C’est aussi pour ça que je suis là », a déclaré Cohen.

En comptant Ohel, les groupes terroristes de la bande de Gaza détiennent toujours 59 otages, dont 58 font partie des 251 enlevés par les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. Parmi eux se trouvent les corps d’au moins 35 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne.

Le Hamas a jusqu’à présent libéré trente otages vivants – vingt civils, cinq soldates et cinq ressortissants thaïlandais – ainsi que les corps de huit Israéliens au cours du cessez-le-feu entre janvier et mars.

Il avait précédemment libéré 105 civils au cours de la semaine de trêve de la fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérées avant cela.

En échange, Israël a libéré environ 2 000 terroristes palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, des prisonniers de sécurité et des suspects de terrorisme de Gaza arrêtés pendant la guerre.

Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 41 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs geôliers, ainsi que le corps d’un soldat tué en 2014.

Le corps d’un autre soldat, le lieutenant Hadar Goldin, tué en 2014, est toujours détenu par le Hamas et compris dans les 59 otages.

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