Le vice-ministre de l’Education témoigne en faveur d’un professeur orthodoxe accusé d’abus sexuel
Meir Porush demande au tribunal d'autoriser le suspect, accusé d'avoir abusé de mineurs dans une institution de Tel Aviv, à se rendre au mariage de sa fille pour empêcher le “traumatisme” de cette dernière
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Le vice-ministre de l’Education, Meir Porush, est apparu lundi devant un tribunal pour demander qu’un enseignant ultra-orthodoxe, traduit en justice pour des cas graves d’abus sexuels commis sur des élèves et plusieurs incidents d’agressions sexuelles sur mineurs, puisse être temporairement libéré de prison afin de pouvoir assister au mariage de sa fille.
Avraham Rosenfeld, 49 ans, a été inculpé au mois d’août 2016 pour répondre d’une série d’accusations, notamment d’agressions sexuelles, d’actes indécents, et d’extorsions sous la menace. Il est également accusé d’avoir menacé des élèves de l’école Talmud Torah Machzikei Hadass de Tel Aviv.
Cinq autres professeurs de l’école du mouvement hassidique Belz avaient été également inculpés à ce moment-là pour avoir agressé les enfants dont ils avaient la garde. Au mois de juin de cette année, Yisrael Haim Shapira, âgé de 65 ans, Haim Fishgrund, 69 ans, Moshe Hirsch, 39 ans, Menachem Alberstein, 62 ans et Avraham Pinhas Deitish, 53 ans, ont tous écopé d’une peine de service communautaire et d’une amende à verser aux victimes d’un montant de 10 000 shekels.
Le procès de Rosenfeld se penche toutefois sur des crimes plus graves et il est encore en cours. Sur l’acte d’inculpation, le tribunal de district de Tel Aviv a ordonné qu’il reste emprisonné jusqu’à la fin de la procédure judiciaire.
Le mois dernier, il avait demandé sa libération le temps d’une soirée pour assister au mariage de sa fille. S’exprimant durant l’audience de lundi, Porush a imploré les juges d’accepter la requête « au nom de sa fille », selon le site d’information Ynet.
« Nous avons entendu de nombreuses choses concernant l’accusé. Nous sommes ici en train de nous focaliser sur une future mariée qui va vivre le plus beau jour de sa vie, aurait dit Porush. C’est un traumatisme d’avoir un mariage sans son père. »
Le vice-ministre, du parti YaHadout HaTorah, a expliqué qu’il s’engageait personnellement à prendre en charge Rosenfeld depuis sa prison et à l’emmener au mariage « pour contrôler qu’il ne se passera rien, Dieu nous en préserve. »
Rosenfeld doit également répondre d’abus qui auraient été commis sur son propre fils, et d’extorsion et de menaces proférées à l’encontre de son épouse.
Le procureur de l’Etat a estimé lundi que l’autoriser à se rendre au mariage « lui offrirait l’opportunité d’influencer et de perturber le témoignage de son épouse ».
Porush a indiqué dans un communiqué qu’il était apparu devant les juges sur demande de la fille qui, selon lui, se trouvait dans le public pendant l’audience.
Les actes attribués à Rosenfeld se seraient produits entre 2000 et 2011. Quelque 22 élèves sont soupçonnés d’avoir subi de mauvais traitements pendant cette période. Ces sévices ont commencé quand ils étaient âgés de trois à quatre ans, et ont continué jusqu’à leur sixième année, quand ils avaient autour de 10 à 11 ans.
Rosenfeld aurait forcé des élèves à aller seul dans une pièce avec lui, en leur proposant des bonbons pour les convaincre. Il les aurait ensuite agressé sexuellement, selon les actes d’accusation. Ensuite, il aurait donné aux enfants des bonbons avant de les laisser partir.
Il est également accusé d’avoir puni les élèves en leur mettant une cuillerée de poivre ou de savon dans la bouche et en refusant aux élèves l’autorisation de prendre des pauses pour aller aux toilettes, ce qui a conduit certains enfants à se souiller.