L’école Sam Spiegel propulse le nouveau campus des arts du centre-ville de Jérusalem
L'école de cinéma a quitté la zone industrielle pour s'installer dans le campus des arts, un complexe de 50 M de $ partagé avec des académies de musique, de danse et de théâtre
L’émission Netflix « Shtisel » et les films primés « Zero Motivation » et « Cinema Sabaya » ont au moins une chose en commun : leurs créateurs ont appris leur métier dans un bâtiment industriel miteux du quartier de Talpiot à Jérusalem, qui abritait l’école de cinéma et de télévision Sam Spiegel.
Aujourd’hui, l’école de cinéma, reconnue comme l’une des meilleures en dehors des États-Unis, a emménagé dans de nouveaux locaux situés dans le centre-ville de Jérusalem, avec trois salles de projection, des studios d’enregistrement, des salles de montage, une bibliothèque de cinéma et de télévision et un salon pour les étudiants donnant sur les toits en tuiles rouges des immeubles du quartier.
« C’est un changement radical », a déclaré Adam Spiegel, producteur de spectacles à Londres et fils du producteur de films oscarisé Sam Spiegel, qui a donné son nom à l’école sept ans après sa création. « Elle est passée du punk rock à l’establishment, et je trouve cela formidable. Je pense qu’elle ne perdra pas sa sensibilité ; c’est un endroit incroyable, au cœur de Jérusalem. »
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L’école Sam Spiegel est l’une des quatre écoles d’arts du spectacle qui se trouvent désormais sur le campus des arts de 2,5 hectares au milieu de la rue Bezalel, avec le Centre de musique classique du Moyen-Orient, l’Acting Studio Nissan Nativ et l’École de théâtre visuel, qui étaient auparavant répartis aux quatre coins de la capitale.
Le campus comprend également le Gerard Behar Center adjacent, qui accueille les compagnies de danse locales Vertigo et Katamon.
« Jérusalem est une ville pleine de lieux d’Histoire, de conflits et d’inspiration », a déclaré la directrice générale de Sam Spiegel, Dana Blankstein Cohen. « Avec ce nouveau campus, vous êtes dans le nombril de la ville. »
Le projet Barkat
Le campus des arts de Jérusalem est l’idée de l’ancien maire de Jérusalem et actuel député, Nir Barkat (Likud), qui a mis l’accent sur la dynamisation du centre-ville et sur l’abandon de la réputation étouffante de la ville, dans le but d’attirer les étudiants et d’encourager les jeunes familles à rester dans les environs. Sous son mandat, l’Académie Bezalel des Arts et du Design a commencé la construction d’un nouveau campus en centre-ville et le campus du Collège d’Enseignement Supérieur Hadassah a subi une rénovation majeure.
Barkat « voulait vraiment changer l’énergie et la diversité de la ville d’une manière fondamentale », a déclaré Eric Goldstein, PDG de l’UJA-Federation of New York, qui est devenu un partenaire majeur du projet. « Nous avons été très attirés par cette idée. »
Les travaux – pour un montant de 50 millions de dollars – sur le campus, conçu par Efrat-Kowalsky Architects, ont commencé en 2017. Le projet a été financé par la municipalité et un certain nombre de donateurs, avec en tête la famille de la milliardaire Natie Kirsh, qui contrôle l’entreprise de fournitures de produits alimentaires Jetro Holdings dans le Queens, à New York.
« Il n’a pas été trop difficile de trouver des capitaux pour le projet », a déclaré Goldstein. La famille Kirsh investit depuis longtemps en Israël et aimait l’idée d’un point d’ancrage culturel dans la ville, avec la possibilité de transformer un quartier urbain.
« Nous n’avons pas cessé d’imaginer ce projet comme un campus qui deviendrait pour Jérusalem ce que le Lincoln Center [pour les arts du spectacle] et la Juilliard [School] ont fait pour l’Upper West Side », a déclaré Goldstein, en référence aux deux grandes institutions culturelles qui avaient ouvert et fusionné en un seul campus à New York dans les années 1960.
Parmi les autres donateurs importants, citons la Paulson Family Foundation, Amy A.B. et Robert I. Bressman, Robert R. et Sherry H. Wiener, et l’Iranian American Jewish Federation of New York.
Le projet de dortoirs abandonné
Goldstein et son équipe ont travaillé en étroite collaboration avec le bureau du maire Moshe Lion après le départ de Barkat en 2018, mais le départ de l’un des plus grands promoteurs du projet a tout de même eu un impact.
Barkat voulait que des dortoirs pour étudiants soient construits à proximité, afin de renforcer davantage le centre-ville, a déclaré Adir Schwarz, président du parti politique de Jerusalem Hitorerut, qui a été très impliqué dans le projet de campus.
« Il est beaucoup plus logique que des étudiants vivent sur place », a déclaré Schwarz, « à l’instar de l’université de New York dans le [Greenwich] village, où les étudiants apportent une énergie au quartier. C’eut été une solution gagnant-gagnant ».
En 2021, la ville avait rejeté le projet des dortoirs, affirmant qu’elle proposerait à la place des résidences en location à long-terme, attirant probablement de jeunes couples religieux plutôt que des étudiants inscrits au campus des arts.
« Lorsque vous construisez des dortoirs, vous savez qui va y vivre », a déclaré Schwarz. « N’importe qui peut vivre dans des locations à long-terme, mais elles ne sont pas optimum pour des étudiants. Ils conviennent à de jeunes couples de tous bords – religieux ou laïcs – mais un petit appartement de 35 mètres carrés n’est pas adapté pour des étudiants. »
De l’espace pour grandir
« La stratégie du nouveau bâtiment Sam Spiegel est d’élargir et d’approfondir les activités de l’école, tant pour ses étudiants que pour les habitants de la ville », a déclaré Blankstein Cohen.
« Nous ne voulons pas trop agrandir l’école, car la magie de l’école réside dans son approche très personnelle », a-t-elle déclaré. « Nous connaissons chacun des élèves, leurs familles, leurs histoires. Le succès de l’école réside dans cette intimité et nous ne voulons pas changer cela. »
L’école Sam Spiegel compte actuellement 180 élèves, et elle va s’agrandir, mais pas trop, selon Blankstein Cohen.
« Nous voulons grandir, mais sans perdre notre ADN », a-t-elle ajouté.
L’école de cinéma a entamé sa deuxième année d’un nouveau programme préparatoire pour les étudiants arabophones de Jérusalem-Est qui débutent par l’apprentissage de l’hébreu et des bases de la télévision et du cinéma. Grâce au nouveau bâtiment, il y a suffisamment de place pour que ces étudiants intègrent le programme régulier de deux ou quatre ans.
L’incubateur Netflix Series Lab et un projet pilote pour les étudiants en formation continue veulent également apprendre l’écriture de scénarii à l’école Sam Spiegel, un projet que Blankstein Cohen souhaite développer, peut-être en collaboration avec une autre branche de l’école.
Les salles de projection – la plus grande pouvant accueillir 120 personnes – seront utilisées comme salles de classe pendant la journée et seront ouvertes le soir pour des projections publiques, organisées par les étudiants eux-mêmes. Blankstein Cohen considère ce projet comme faisant partie d’un écosystème plus large, les bénéfices étant destinés à financer des bourses pour les étudiants.
« Cela permettra aux habitants de la ville de venir sur place et de voir ce merveilleux cadeau que la ville a fait à l’école », a-t-elle expliqué.
En plus d’être au cœur de la ville, le nouvel emplacement est destiné à favoriser la collaboration, puisqu’il se trouve à côté d’autres écoles d’art ; des plans sont en cours d’élaboration pour des projets communs entre les écoles.
« C’est l’essence du projet : se retrouver dans le centre-ville c’est vraiment autre chose. Être entouré d’étudiants d’autres disciplines est une énorme ressource pour tout le monde », a déclaré Spiegel, qui a assisté à la récente inauguration. « Le cinéma est une discipline moderne et technique, donc avoir ces nouvelles installations à portée de main ne peut être qu’une aubaine. »
Son père, a déclaré Spiegel, aurait été « extrêmement impressionné et fier ».
Sam Spiegel, né à Jarosław (Autriche-Hongrie, la Pologne actuelle), s’est rendu aux États-Unis à la fin des années 1930. Il a, entre autres, produit trois films qui ont remporté les Oscars du meilleur film : « Sur les quais », « Le Pont de la rivière Kwaï » et « Lawrence d’Arabie ».
Sa collection d’art a été donnée au musée d’Israël après sa mort en 1985 et l’école de cinéma a été renommée en son honneur en 1996, grâce à un premier legs initial de sa succession.
En 2005, la rue de Talpiot, où se trouvait l’école, a été rebaptisée après Sam Spiegel. La plaque de rue décrit Sam Spiegel comme un « pionnier, producteur de films juifs américains, lauréat d’un Oscar et amoureux de Sion ».
« Mon père aurait été immensément impressionné et fier », a déclaré Spiegel. « Sa première pensée aurait été : ‘Oh mon Dieu, mon nom est sur une école de cinéma à Jérusalem’, – je pense donc qu’il aurait été immensément fier. »
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