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Analyse

L’élimination de Nasrallah, un coup porté à l’Iran et un renouveau de la dissuasion israélienne

Cette frappe meurtrière a été le point culminant des frappes menées par l'armée israélienne contre le Hezbollah, atout stratégique de l'Iran. Israël pense qu'il ripostera - mais Khamenei affronte un dilemme crucial

Un partisan du Hezbollah brandit des portraits du chef du Hezbollah,  Hassan Nasrallah, à droite, et du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, au neuvième jour de l'Achoura, un rituel de dix jours commémorant la mort de l'imam Hussein, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 19 septembre 2018. (Crédit : AP Photo/Hussein Malla)
Un partisan du Hezbollah brandit des portraits du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à droite, et du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, au neuvième jour de l'Achoura, un rituel de dix jours commémorant la mort de l'imam Hussein, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 19 septembre 2018. (Crédit : AP Photo/Hussein Malla)

Sans attendre l’annonce faite par le Hezbollah, Israël a officiellement fait part, samedi, de la mort du secrétaire-général du groupe terroriste, Hassan Nasrallah, lors d’une frappe aérienne massive effectuée par les pilotes de l’armée de l’air dans la soirée de vendredi, une attaque qui a pris pour cible le quartier-général clandestin de l’organisation terroriste à Beyrouth.

Nasrallah n’est pas simplement une nouvelle personnalité terroriste de premier plan à avoir été éliminée. En effet, sa disparition rapide marque un véritable tournant au Moyen-Orient.

Son assassinat ciblé avait été approuvé et il a été mené à bien quand les responsables israéliens ont estimé qu’ils avaient porté un coup suffisamment significatif aux capacités militaires du Hezbollah au cours des derniers jours et des dernières semaines, et que la menace pesant sur le front intérieur d’Israël – même si elle reste potentiellement forte – avait diminué.

Et c’est le désir de réduire encore cette menace qui explique aussi pourquoi, dans le sillage immédiat de l’opération de vendredi, Israël s’en est pris à l’intégralité du réseau de missiles côtiers.

Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, avait annoncé vendredi soir qu’Israël avait l’intention de mener ces nouvelles frappes, demandant aux habitants de trois complexes résidentiels du quartier de Dahiyeh, à Beyrouth, d’évacuer immédiatement les lieux. Un avertissement inhabituel qui véhiculait un caractère d’urgence.

Même si cela n’avait pas été dit de façon explicite, Israël craignait alors que le Hezbollah ne tente de lancer une riposte spectaculaire en utilisant ce réseau de missiles – un réseau qui n’a pas servi au cours des douze derniers mois et qui comprenait des dizaines de missiles stockés sous des complexes d’habitation densément peuplés.

Les cibles potentielles étaient diverses pour le Hezbollah – allant des navires aux plates-formes gazières. Dans la matinée de samedi, la majorité de ces missiles avaient été neutralisés, selon les estimations, avec seulement quelques projectiles résiduels susceptibles de menacer les ressources d’Israël en mer méditerranée.

L’annonce officielle par Israël de la mort de Nassrallah a provoqué un embarras considérable au Liban et en Iran. Vendredi, les médias d’État, à Téhéran, s’étaient contentés d’un bref compte-rendu des bombardements.

Le président iranien Masoud Pezeshkian avait été le seul haut-responsable à émettre une déclaration officielle – qui comportait son lot de menaces voilées : « Il est désormais clairement établi qu’Israël est notre plus grand ennemi et l’Iran se tiendra aux côtés du Liban ».

Le président avait ainsi délibérément choisi ses mots en faisant référence non seulement au Hezbollah, mais également au Liban – comme s’il s’agissait d’une attaque israélienne menée contre l’État libanais.

Selon un article du New York Times qui est paru vendredi soir, le guide suprême Ali Khamenei aurait organisé à sa résidence une réunion d’urgence du Conseil suprême de sécurité nationale – une information que des journalistes iraniens proches des Gardiens de la révolution ont par ailleurs démentie.

Ce n’est que samedi, en milieu de journée, que l’ayatollah a rompu le silence dans un communiqué, disant que « les criminels sionistes doivent savoir qu’ils sont trop peu importants pour causer de réels dommages au Hezbollah. La destinée de la région sera déterminée par les forces de la résistance ».

Une déclaration moins modérée que le ton précédemment imposé par l’État, mais qui ne constitue toujours pas une menace directe à l’encontre d’Israël. Dans ce cas précis, la retenue en matière de rhétorique est susceptible de traduire non pas la force – mais bien la peur.

L’Iran se trouve sans aucun doute à un tournant critique en ce qui concerne la prise de décision. L’élimination de Nasrallah est un coup direct qui a été porté au régime, soulignant l’affaissement considérable de l’un de ses principaux atouts stratégiques, un atout qui avait été mis au point pour le jour où ses installations nucléaires seraient attaquées.

Le régime fait face à un dilemme complexe.

Tout d’abord, les États-Unis maintiennent une présence militaire massive dans la région – entièrement axée sur l’Iran. Ensuite, l’infiltration dont Israël a fait preuve au cours des dix derniers jours au Liban, que ce soit au niveau des renseignements ou au niveau opérationnel, inquiète profondément Téhéran, en particulier dans le sillage de l’attaque qui, au mois d’avril, avait pris pour cible les systèmes radar qui protègent les sites nucléaires iraniens, une attaque dont la responsabilité avait été attribuée à Israël.

L’hypothèse de travail privilégiée au sein de l’État juif est que l’Iran réagira à l’assassinat de Nasrallah – même s’il n’est pas certain que cette réaction ait lieu immédiatement.

Et dans l’intervalle, Israël a décidé de poursuivre ses frappes intensives au Liban pour tirer parti du chaos qui règne au sein du Hezbollah, tout en focalisant l’attention de ses services de renseignement sur l’Iran.

La confirmation apportée par Téhéran, samedi après-midi, de la mort du commandant-adjoint du Corps des Gardiens de la révolution islamique, Abbas Nilforoushan, lors des attaques menées par l’armée de l’air à Beyrouth, rend les représailles d’autant plus probables.

Après l’assassinat de son prédécesseur Mohammad Reza Zahedi à Damas, au début du mois d’avril, l’Iran avait riposté par des frappes au drone et au missile en direction du territoire israélien en date du 14 avril – c’était la première attaque directe en direction de l’État juif à être effectuée à partir du sol de la république islamique (elle avait entraîné, dans la foulée, la frappe israélienne sur les systèmes radar). Mais à l’époque, le Hezbollah était pleinement opérationnel sous la direction de Nasrallah, qui savait comment gérer l’organisation tant sur le plan militaire que politique.

Maintenant que des atouts déterminants de Téhéran ont disparu, les calculs du régime des ayatollahs changent fondamentalement.

La question est de savoir si la république islamique s’en tiendra à la patience qui a caractérisé ses réponses depuis le mois d’avril – y compris comme cela avait été le cas après l’assassinat du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, qui avait été tué à Téhéran, le 31 juillet – un meurtre dont la responsabilité avait été attribuée à Israël. Ou renoncera-t-elle à cette apparente placidité dans le but de tenter d’affaiblir la force de dissuasion d’Israël ?… Il faut dire qu’après des années d’effritement en accéléré, cette dissuasion s’est visiblement reconstituée depuis un mois – et plus particulièrement dans la soirée de vendredi.

Cette analyse a été initialement publiée sur le site hébréophone du Times of Israel, Zman Yisrael.

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