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L’envoyé US aux dirigeants palestiniens : vous êtes responsables de la situation

"L'AP doit assumer ses responsabilités", a dit Greenblatt, alors que le Premier ministre palestinien annonce une faillite avec la fin de l'aide US et un différend avec Israël

L'envoyé spécial américain Jason Greenblatt (C) serre la main du président de l'Autorité palestinienne des Eaux Mazen Ghunaim lors du lancement d'un projet d'amélioration de l'accès au traitement des eaux usées pour les agriculteurs palestiniens, le 15 octobre 2017 dans la ville de Jéricho en Cisjordanie. (AFP / Jaafar Ashtiyeh)
L'envoyé spécial américain Jason Greenblatt (C) serre la main du président de l'Autorité palestinienne des Eaux Mazen Ghunaim lors du lancement d'un projet d'amélioration de l'accès au traitement des eaux usées pour les agriculteurs palestiniens, le 15 octobre 2017 dans la ville de Jéricho en Cisjordanie. (AFP / Jaafar Ashtiyeh)

L’Envoyé du Moyen Orient des Etats-Unis, Jason Greenblatt, a répliqué mercredi au Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, qui a qualifié le plan de paix du président Donald Trump de « chantage » et averti que l’AP était sur le point de sombrer, lui disant que les malheurs des Palestiniens étaient la faute de leurs propres dirigeants.

« Le Premier ministre Shtayyeh a tort, l’AP n’est pas ‘dans une situation d’effondrement’, l’AP a causé la situation », a tweeté Greenblatt avec un lien vers une interview avec Shtayyeh dans le New York Times.

« Il est temps pour l’Autorité palestinienne de se prendre en main et d’assumer la responsabilité de son peuple et de l’économie. L’AP ne peut pas continuer à blâmer les Etats-Unis et tout le monde pour une situation qu’ils ont causée », a déclaré M. Greenblatt, qui échange fréquemment avec les dirigeants palestiniens sur Twitter, même s’ils l’ont boycotté, lui et d’autres responsables américains personnellement.

Dans l’interview, publiée mercredi, Shtayyeh a averti que l’AP s’effondrerait d’ici juillet ou août si une impasse financière avec Israël n’est pas résolue.

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, s’entretient avec l’Associated Press, dans son bureau de Ramallah, en Cisjordanie, le mardi 16 avril 2019. (AP Photo/Nasser Nasser)

M. Shtayyeh a critiqué l’administration Trump pour avoir présenté la prochaine conférence de Bahreïn comme étant axée sur l’amélioration de l’économie palestinienne, tout en retirant ses fonds aux Palestiniens.

« Ce sont ces mêmes personnes qui travaillent à l’assèchement des ressources financières de l’Autorité palestinienne », a-t-il dit, faisant référence à l’arrêt de centaines de millions de dollars d’aide et de contributions à l’UNRWA, l’agence controversée des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens et leurs descendants.

« Nous connaissons l’agenda politique », a déclaré M. Shtayyeh lors de l’interview. « Ils disent non aux réfugiés. Ils disent non à Jérusalem. Ils disent non à deux États. Ils ne respectent pas les frontières de 1967. Et si cette voie économique fait partie du paquet global, que devons-nous accepter ? Si nous sommes là, les gens se serviront de notre présence pour capitaliser là-dessus. »

Le président américain Donald Trump, (à droite), lors d’une réunion bilatérale avec le roi Hamad bin Isa Al Khalifa de Bahreïn, le dimanche 21 mai 2017, à Riyadh. (AP Photo/Evan Vucci)

« Nous espérons que les Arabes n’iront pas à la réunion de Bahreïn », a-t-il ajouté. « Maintenant, nous savons aussi qu’il y a des pays qui subissent de sérieuses pressions. Certains peuvent résister à la pression, d’autres non. »

Il a prédit que rien de tangible n’en sortirait, disant qu’il serait « mort-né » comme d’autres tentatives américaines similaires pour promouvoir la paix économique, de Reagan à Obama.

Il a également critiqué Washington pour des mesures considérées comme partiales à l’égard d’Israël, comme la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël – qui a incité les Palestiniens à couper les liens avec la Maison-Blanche en 2017 – et la remise en cause de la solution à deux États.

« Les États-Unis font une chose très dangereuse », a ajouté M. Shtayyeh. « Nous et les Israéliens avons convenu que Jérusalem est une question à négocier. Aujourd’hui, les États-Unis l’enlèvent de la table de négociation », de même que la question des réfugiés et des implantations en Cisjordanie.

« Il y a tant de personnes qui sont aveugles, mais nous savons – nous savons où ils nous emmènent », a-t-il accusé. « Je vais vous dire, cette conception américaine de cette stratégie du chantage, elle ne marchera jamais. Il y a des gens qui pensent, à Washington, malheureusement, que les Palestiniens doivent être vaincus, alors ils capitulent, donc ils acceptent. »

Au début de 2018, les États-Unis, qui ont été le principal donateur de l’UNRWA pendant des décennies, ont ramené leurs contributions de 360 à 60 millions de dollars. En 2019, les contributions américaines sont égales à zéro.

Des employés de l’Office de secours et de travaux de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et leurs familles protestent contre les disparitions de postes annoncées par l’agence aux abords de ses bureaux de gaza City, le 31 juillet 2018 (Crédit : AFP PHOTO / SAID KHATIB)

L’agence aide quelque 5 millions de Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi qu’en Jordanie, en Syrie et au Liban, qui n’ont été naturalisés dans aucun pays sauf la Jordanie et considèrent l’UNRWA comme un filet de sécurité vital, fournissant des services que les gouvernements ne proposent pas. Des critiques aux Etats-Unis et en Israël accusent l’agence de perpétuer le conflit, de définir les réfugiés différemment de la principale agence des Nations unies pour les réfugiés et de promouvoir une culture de dépendance sociale en maintenant une population toujours croissante de personnes considérées comme des réfugiés.

Shtayyeh a également menacé que les dirigeants palestiniens de Cisjordanie puissent annuler leur reconnaissance d’Israël et reprendre la lutte armée si l’AP s’effondrait.

Israël a annoncé en février qu’il retiendrait 138 millions de dollars en paiements mensuels à l’Autorité palestinienne – pour compenser les paiements de l’Autorité palestinienne aux Palestiniens emprisonnés par Israël pour terrorisme et violence, et aux familles des terroristes morts.

Israël affirme que les paiements de l’Autorité palestinienne aux terroristes et à leurs familles encouragent la poursuite de la violence et offrent une incitation directe à commettre des attentats. L’Autorité palestinienne affirme qu’ils constituent une forme d’aide sociale pour les familles qui ont perdu leur principal soutien de famille.

Les Palestiniens ont protesté contre la loi, refusant de recevoir les impôts qu’Israël perçoit pour eux sur une base mensuelle, tant que l’Etat juif ne leur transfère pas leur montant total. « Politiquement, nous ne pouvons pas considérer que nos enfants en prison sont des terroristes », a expliqué Shtayyeh.

Des policiers palestiniens participent à une session de formation à leur quartier général dans la ville de Hébron, en Cisjordanie, le 30 janvier 2019. (HAZEM BADER / AFP)

Les impôts qu’Israël perçoit et transfère à l’Autorité palestinienne représentent des centaines de millions de shekels, soit plus de la moitié de son budget mensuel.

Israël aurait tenté à plusieurs reprises de transférer 182 millions de dollars à l’Autorité palestinienne, mais les transactions ont été rejetées. Jérusalem craint que l’effondrement de l’Autorité palestinienne ne déstabilise la Cisjordanie.

« Nous sommes dans une situation d’effondrement. Cet été sera très chaud, à tous les niveaux », a-t-il déclaré au New York Times, menaçant de licencier des policiers de l’Autorité palestinienne si ce scénario se concrétise, mettant ainsi en danger la coopération avec Israël en matière de sécurité, qui est très appréciée par Jérusalem pour la prévention des attaques terroristes. « J’espère que nous n’en arriverons pas là. »

« Nous ne dissoudrons pas l’autorité. Mais ils peuvent la pousser à s’effondrer », a-t-il dit, ajoutant que si cela se produisait, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) recommencerait à « faire le spectacle » et la reconnaissance d’Israël pourrait être remise en question.

« Nous sommes vraiment le dos au mur. Nous contrôlons la situation pour l’instant. Je ne sais pas pour combien de temps », a déclaré Shtayyeh.

En avril, la Ligue arabe a promis 100 millions de dollars par mois à l’Autorité palestinienne pour compenser les fonds retenus par Israël.

Le ministre des Finances de l’AP, Shukri Bishara, a annoncé que Ramallah a pris une série de mesures d’austérité pour atténuer l’impact du manque de fonds sur les opérations gouvernementales, notamment la réduction des salaires des fonctionnaires.

L’AFP et Adam Rasgon ont contribué à cet article.

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