Netanyahu et Kahlon se préparent-ils à un effondrement financier de l’AP ?
Israël aurait tenté de transférer 182 millions de dollars aux Palestiniens, mais a essuyé un refus ; le ministre des Finances devrait rencontrer un représentant de l'AP à ce sujet
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Moshe Kahlon auraient discuté de plans d’urgence au cas où le système financier de l’Autorité palestinienne (AP) s’effondrerait en raison de son refus d’accepter les recettes fiscales collectées par Israël, selon des informations relayées à la télévision dimanche.
Les deux hommes se sont rencontrés dimanche pour discuter des mesures à mettre en place et des actions possibles pour maintenir la solvabilité des Palestiniens, dans la crainte que les difficultés financières ne paralysent leur économie et déstabilisent la Cisjordanie, selon ces informations.
Israël a annoncé en février qu’il prélèverait 138 millions de dollars sur les sommes qu’il reverse chaque mois à l’Autorité palestinienne – pour compenser les paiements que cette dernière attribue aux Palestiniens emprisonnés par Israël pour terrorisme ou violence et aux familles de terroristes tués.
Les Palestiniens ont protesté contre la loi, refusant de percevoir les impôts qu’Israël perçoit pour eux de façon mensuelle, tant que l’Etat juif ne leur transfère pas la totalité des sommes collectées.
Les impôts qu’Israël perçoit et transfère à l’Autorité palestinienne représentent des centaines de millions de shekels, soit plus de la moitié de son budget mensuel.
Selon la chaîne publique Kan, Israël a récemment tenté de transférer 182 millions de dollars à l’Autorité palestinienne, mais la transaction a été rejetée.
Netanyahu et Kahlon ont examiné dimanche l’opportunité de persuader le président de l’AP d’accepter les fonds, a rapporté la Douzième chaîne.
Kahlon a également rencontré samedi un de ses hauts fonctionnaires pour discuter de ses difficultés financières, selon la Treizième chaîne, dans un contexte d’inquiétude croissante sur la question.
Tant le cabinet du Premier ministre que celui d’Abbas ont refusé de commenter, selon les reportages télévisés.
Dimanche dernier, la Ligue arabe a promis 100 millions de dollars par mois à l’Autorité palestinienne pour compenser les fonds retenus par Israël.
Plus tôt ce mois-ci, la France a envoyé une lettre officielle à Israël l’exhortant à « reconsidérer sa décision de geler le transfert des recettes fiscales à l’Autorité palestinienne » [autrement dit à reverser le montant correspondant aux aides allouées aux proches de terroristes palestiniens], a rapporté dimanche dernier la Douzième chaîne d’information israélienne. Israël a rejeté cette demande comme étant « immorale » et contraire aux lois de l’UE.
Le ministre des Finances de l’AP, Shukri Bishara, a annoncé récemment que Ramallah avait pris une série de mesures d’austérité pour atténuer l’impact du manque de fonds pour les dépenses de fonctionnement du gouvernement, notamment la réduction des salaires des fonctionnaires.
Un haut responsable aurait averti que le Hamas avait l’intention d’exploiter la situation économique en Cisjordanie et de payer les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne et les forces de sécurité pour prendre le contrôle du territoire.
En mars, de nombreux fonctionnaires de l’Autorité n’ont reçu que la moitié de leur salaire.
La Banque mondiale a alerté la semaine dernière d’un risque de crise économique si la question n’est pas résolue.
Pour Israël, les paiements de l’Autorité palestinienne aux terroristes et à leurs familles encouragent la violence. Cette dernière affirme, elle, qu’ils constituent une forme d’aide sociale pour les familles qui ont perdu leur principal soutien de famille.
L’AFP et Adam Rasgon ont contribué à cet article.