L’épouse d’un policier sous enquête arrêtée pour avoir jeté à la mer le téléphone de ce dernier
Shlomit Pollak a été assignée à résidence pour destruction présumée de preuves, alors que le département des enquêtes internes de la police enquête sur son mari, accusé d’agressions sur des manifestants

Le département des enquêtes internes de la police (DIPI) a arrêté lundi Shlomit Pollak, l’épouse du chef de la police de Hadera, Amit Pollak, car elle est soupçonnée d’avoir détruit le téléphone de son mari – un élément clé dans l’enquête en cours visant l’officier supérieur.
Un porte-parole du ministère du Logement a déclaré au Times of Israel que Shlomit Pollak avait été assignée à résidence jusqu’à samedi. Les enquêteurs cherchent à prolonger sa détention provisoire après qu’elle a affirmé avoir jeté l’appareil à la mer. Le téléphone, récemment restitué à Pollak par décision judiciaire, avait été auparavant saisi par la police.
L’appareil est au cœur de l’enquête visant le commissaire principal Amit Pollak, soupçonné d’abus de pouvoir dans le cadre de ses fonctions à Hadera. Lui et d’autres policiers sont accusés d’avoir agressé violemment un groupe de manifestants âgés et anti-gouvernementaux en avril 2024.
Pollak a été entendu pour la première fois en août par les enquêteurs du DIPI, qui le soupçonnent d’agression, d’abus de pouvoir et d’entrave à la justice.
En août, les enquêteurs ont saisi le téléphone de Pollak lors d’une perquisition nocturne à son domicile. Au début de l’enquête, Pollak aurait menti en affirmant que l’appareil était hors d’usage. Une fois le téléphone saisi, et fonctionnel, il aurait refusé de fournir son mot de passe, entravant ainsi le travail des enquêteurs.
La perquisition avait suscité la colère du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Le politicien d’extrême droite a salué Pollak comme un policier « exceptionnel » pris dans le collimateur du ministère de la Justice. Il avait également accusé le DIPI, qu’il juge « politisé », de « tout faire pour décourager les policiers de remplir leur mission avec professionnalisme ».
Après avoir conservé le téléphone plusieurs mois, les enquêteurs ont été contraints de le restituer au début de la semaine, sur ordre du tribunal de district de Haïfa. Le DIPI a immédiatement fait appel auprès de la Cour suprême, qui a ordonné la restitution de l’appareil aux enquêteurs.
Toutefois, lorsque les agents du ministère de la Justice se sont présentés lundi au domicile de Pollak pour le récupérer, ce dernier leur aurait déclaré qu’un membre de sa famille l’avait pris, et qu’il ignorait où il se trouvait. Le jour même, Pollak et sa femme Shlomit ont été interrogés. Cette dernière a été arrêtée après avoir affirmé avoir jeté l’appareil à la mer, expliquant craindre qu’il contienne un logiciel espion, selon Ynet.
Le DIPI cherche désormais à établir si Amit Pollak a demandé ou eu connaissance de l’acte de sa femme, dans le contexte de ses tentatives répétées de dissimuler le téléphone aux enquêteurs.
L’enquête contre Pollak a été ouverte à l’été 2024, à la suite d’une plainte déposée par Shemi Attar, un manifestant anti-gouvernemental, affirmant avoir été battu et arrêté par le commandant de Hadera avant une manifestation prévue devant la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Césarée.
Attar faisait partie d’un groupe de vétérans de la guerre du Kippour ayant construit un faux char d’assaut en carton, transporté à l’arrière d’un camion dans le cadre de leur action symbolique.

Quelques heures avant la manifestation, les militants s’étaient arrêtés chez l’un d’entre eux pour boire un café, laissant le camion garé à l’extérieur. Peu après, plus d’une dizaine de policiers, sans caméras corporelles, sont arrivés et ont exigé les clés du véhicule.
La situation a rapidement dégénéré. Selon la plainte, Pollak aurait frappé Attar, avant de le traîner par les mains et les pieds jusqu’à une voiture de police.

Des vidéos filmées par des passants montrent clairement Pollak fonçant sur l’un des manifestants, le projetant au sol puis le poussant dans une voiture de patrouille.
« Tous les policiers ayant participé à ces arrestations violentes ont agi sans autorisation, sans justification, en violation de la loi et des procédures d’interpellation », a déclaré Attar à la chaîne israélienne N12 en début d’année.
« Je n’ai représenté aucun danger, même pas une seconde. Il n’y avait ni manifestation en cours ni trouble à l’ordre public pour justifier une arrestation illégale devant mon domicile. »